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Intérimaires en première ligne.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 38 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 14/11/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine

    Pour certains, la crise a déjà frappé. Les travailleurs intérimaires sont devenus des clignotants humains de la conjoncture. Et ça fait mal.

    Arcelor Mittal Liège : une manifestation à chaud pour une sidérurgie qui freine des quatre fers sur l’emploi.

    En ce qui concerne les intérimaires, combien sont-ils à avoir déjà perdu leur emploi en Belgique ?

    On évalue à 6.000 le nombre d’intérimaires sortis du marché de l’emploi ces derniers mois. Monsieur le Ministre le confirme-t-il ? Quelles tendances se dégagent dans le secteur ?

    La FGTB considère d’ailleurs qu’il est temps d’accorder des indemnités de préavis aux travailleurs concernés, quand ils ont été occupés sur une longue durée et pour une autre mission qu’un remplacement.

    Je ne peux qu’adhérer à cette demande si l’on souhaite que les travailleurs soient considérés comme des êtres humains et non comme des objets dont on peut se séparer sans aucun devoir à leur égard.

    Les premiers touchés … et les premiers à se remettre si l’activité repart d’ici fin 2009. A quelles conditions ? L’intérim est une espèce de baromètre de la conjoncture : si la production reprend, les partons vont rester prudents et au lieu d’embaucher ils recourront aux intérims.

    L’intérim est à la fois une chance (pour les travailleurs intérimaires) et un risque (pour les travailleurs définitifs). Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer combien d’emplois ont pu être créés sur base du règlement intérim et combien d’emplois ont du être supprimés parce que remplacés par les intérims ? Y a-t-il des statistiques et une analyse de la situation ?
  • Réponse du 06/01/2009
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le travail intérimaire représente notamment pour les entreprises, un moyen d'ajuster les besoins de main d'œuvre aux impératifs de production liés à leur carnet de commande. Ainsi, en période de crise économique, les travailleurs intérimaires font partie des personnes qui sont touchées prioritairement par une diminution des commandes, cela alors même qu'en période de reprise économique, ils font partie des premiers recrutements.

    Les deux premiers graphiques joints en annexe illustrent cette réalité. Ainsi, le premier reflète les deux creux conjoncturels du début des années nonante et 2000. Le second, en se concentrant sur un laps de temps plus court, montre quant à lui les évolutions par régions. Sur cette base, on constate à certains moments des différences significatives, variations ou décalages, qui s'expliquent, le plus souvent,par des différences au niveau de la structure sectorielle de l'économie. Ainsi, à titre d'exemple, la Flandre, plus « manufacturière », est touchée et reprend plus vite que les deux autres Régions.

    Il paraît toutefois judicieux de relativiser l'influence conjoncturelle sur le travail intérimaire puisque, en dehors du fait de représenter un volant d'ajustement des besoins de main d'œuvre, selon Federgon, le travail intérimaire apparaît également de plus en plus comme étant une modalité de recrutement permettant à certains travailleurs d'accéder ensuite à un emploi stable.

    En ce qui concerne l'insertion dans l'emploi des personnes au chômage par le biais de l'intérim, selon le Forem, l'observation de l'évolution du turn-over de la demande d'emploi montre que le nombre d'entrées et de sorties de la demande d'emploi ne cesse de croître depuis début 2006. Toujours selon l'Office, conjuguée à une conjoncture alors favorable et au développement de politiques d'activation, cette observation montre que le marché du travail, pour une série de personnes, devient plus instable (cfr graphique n° 3 ci-annexé).

    En ce qui concerne la Région wallonne, ce sont plus particulièrement les jeunes (cfr graphique n° 4 ci-joint) qui sont concernés par ces allers-retours entre travail et chômage, un état de fait qui peut être mis en lien avec l'observation des données publiées par Federgon selon lesquelles près de 6 travailleurs intérimaires sur 10 ont moins de 30 ans.

    Quant à l'analyse des flux DIMONA effectuée par le Forem, elle fait apparaître qu'en 2007, plus de 51.000 demandeurs d'emploi qui ont connu au moins un jour de travail, ont été à l'emploi via un contrat de travail intérimaire. Quant au taux d'insertion via un contrat de travail intérimaire, il varie assez fortement par métier. Rapporté à l'ensemble des demandeurs d'emploi inoccupés (DEI), 19 % d'entre eux ont travaillé, en 2007, au moins un jour « en intérim ».

    Dans ce contexte, il est important que le Forem s'adapte. Ainsi, entre autres partenariats, en collaboration avec les agences de travail intérimaire et Federgon, l'Office diffuse sur son site Internet un grand nombre d'offres d'emploi émanant de l'intérim, une diffusion qui devrait d'ailleurs encore être accentuée dans les prochains mois.

    A côté de cela, la nécessité de disposer d'analyses plus poussées en la matière paraît évidente. En effet, hormis les données publiées par le secteur et celles rassemblées, plus particulièrement en matière de pénuries,) dans le cadre du décret relatif aux agences de placement, il y a finalement peu de données disponibles en matière de travail intérimaire, que ce soit en Région wallonne et en Belgique. Il est donc prévu, toujours dans le cadre du décret précité, que le Forem dispose, d'ici peu, d'informations complémentaires provenant de la BeSS, soit de statistiques fiables en matière de volumes de contrats, d'heures de travail intérimaire et de travailleurs.

    Par ailleurs, en lien avec la situation économique actuelle, il faut savoir que le Forem développe actuellement un dispositif devant servir à observer (au départ de données internes et externes) l'évolution de la conjoncture et ses effets sur l'emploi, Federgon ayant d'ailleurs été récemment sollicité par l'Office dans ce cadre.

    Enfin, en ce qui concerne «l'effet de remplacement» de certains postes de travail par du travail intérimaire, il n'existe actuellement aucune statistique fiable.