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Le clustering en Wallonie.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 41 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 14/11/2008
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine

    Les leçons tirées de la phase expérimentale, renforcées par l'évaluation indépendante menée par les experts du bureau d'étude MERIT (Maastricht Economic and social Research and training centre on Innovation and Technology), ont donc conduit la Région wallonne à pérenniser sa politique de soutien aux clusters, tout en lui apportant les améliorations nécessaires. Cette volonté est inscrite dans le « Contrat d'avenir pour les Wallonnes et les Wallons » (février 2005) et le Plan stratégique transversal « Création d'activités et d'emploi » (août 2005).

    Nous connaissons donc aujourd'hui, puisque nous l'avons initié au sein de cette Commission (et voté par notre assemblée le 18 janvier 2007, complété par l'arrêté d'exécution adopté par le Gouvernement wallon le 16 mai 2007), la base décrétale du clustering, plus précisément, le décret relatif au soutien et au développement des réseaux d'entreprises ou clusters ».

    Aujourd'hui, quatorze clusters sont labeIlisés dans des domaines aussi variés que l'aéronautique, la recherche clinique, le transport et la logistique, la nutrition, etc. Véritables acteurs du redéploiement économique de la Wallonie, porteurs d'importants gisements d'emplois, les clusters sont très certainement appelés à se développer et à évoluer.

    Dans ce contexte, le CESRW a souhaité dresser un état des lieux des expériences wallonnes et les confronter avec des expériences analogues menées ailleurs.

    Monsieur le Ministre a souhaité, bien naturellement, s’associer au CESRW pour organiser ce séminaire sur le clustering en Wallonie en décembre prochain.

    Sans vouloir vider le fond des débats et la présentation des résultats qui sera faite lors de cette journée, il m'apparaît aujourd'hui important, dans ce contexte particulier de crise, d'évoquer ce sujet et, avec lui, un outil important de développement économique. Puisque la théorie économique laisse entrevoir - par la mise en application de celui-ci - de nombreux effets positifs liés aux économies d'échelle et d'agglomération ainsi qu'aux transferts tacites de connaissances.

    En gardant bien entendu à l'esprit que cet « outil de politique régionale » (nommé ainsi par le CESRW) n'est pas un objectif en soi, mais un moyen d'augmenter la compétitivité des entreprises et de favoriser le développement économique, quelle est l’analyse globale de Monsieur le Ministre des retombées réelles des clusters ?

    Monsieur le Ministre peut-il également nous dire si le risque d’éventuels effets pervers (pointés dans certains cas par le CESRW dans son analyse de 2003) est apparu ?
  • Réponse du 28/11/2008
    • de MARCOURT Jean-Claude

    En début de législature, a été conclu entre le Gouvernement wallon et le Conseil économique et social de la Région wallonne, le partenariat «Création et développement des entreprises», particulièrement axé sur la politique de clustering.

    Ce partenariat a permis d'associer le CESRW à plusieurs reprises, notamment:

    - en ce qui concerne l'évaluation des clusters entre 2005 et 2007 ; en discutant largement des premières versions du décret en 2006 ;
    - en le sollicitant officiellement sur les avant-projets de décret et d'arrêté relatif au soutien et au développement des réseaux d'entreprises;
    - et enfin, en étant partie prenante à la reconnaissance des clusters par sa représentation au Comité d'examen des clusters.

    Dans le cadre de la poursuite de ce partenariat, le CESRW a souhaité dresser un état des lieux des expériences en mettant sur pied un séminaire public de réflexion sur « Le clustering en Wallonie ». Cette manifestation se déroulera le 12 décembre prochain au sein du CESRW.

    Ce sera l'occasion, au cours de cette journée, d'aborder des thématiques aussi variées que la politique européenne en matière de clustering, l'importance du réseau d'innovation et du clustering en Flandre, mais aussi le clustering en Région wallonne et de rappeler le déroulement de la phase pilote à l'aboutissement décrétal.

    La journée sera également consacrée à des témoignages d'acteurs de terrain, européens ou wallons, qui feront état de leur expérience.

    Considérant que le recul acquis depuis quelques années est suffisant, ce sera l'occasion de se poser les questions utiles et nécessaires. Le cas échéant, les discussions pourront déboucher sur des propositions d'amélioration dans la mise en œuvre de la politique de clustering en Région wallonne.

    Parallèlement à cette journée de réflexion, en conformité avec l'article 7 du décret, le rapport annuel d'évaluation couvrant les activités réalisées par les clusters wallons durant l'exercice 2007-2008 sera transmis à l'honorable Membre avant fin novembre et comprendra un certain nombre de statistiques quantitatives et qualitatives relatives aux clusters reconnus par la Région. A ses côtés, une étude indépendante consacrée à l'analyse des performances des actions des clusters est en cours de finalisation. Elle pourra d'ailleurs être présentée prochainement au sein de la Commission Economie.

    D'autre part, les retombées réelles des clusters pourront être mesurées lors de l'évaluation triennale externe de la politique wallonne de mise en réseau, prévue par l'article 9 du décret, qui devra être menée en partenariat avec le CESRW.

    En ce qui concerne les risques éventuels d'effets pervers pointés par le CESRW en 2003, l'honorable Membre fait sûrement référence à la monographie intitulée «Le clustering, outil de politique régionale».

    Il s'agit d'une présentation des "clusters", "grappes" et autres expériences similaires (grappes à l'exportation de l'UWE, ... ), lancées en Région wallonne, avec le soutien financier et logistique (direct ou indirect) des autorités régionales.

    Les effets pervers dont il est en effet fait référence, concernent:

    - l'apparition de barrières à l'entrée et la baisse de la pression concurrentielle;
    - la spécialisation excessive dans certains domaines, créant une situation de dépendance elle-même source de précarité;
    - le développement de visions trop autocentrées limitant l'ouverture des partenaires aux évolutions extérieures.

    Le partenariat mené entre la Région wallonne et le CESRW a par ailleurs permis, comme signalé précédemment, de soumettre le décret et l'arrêté à la concertation préalable et donc de contourner les effets pervers évoqués dans l'analyse de 2003.

    Ainsi, le décret du 18 janvier 2007 a clairement indiqué, parmi les critères de sélection à la reconnaissance publique des clusters la nécessité de pratiquer une gouvernance ouverte de nouveaux membres, évitant ainsi tout repli ou protectionnisme du cluster.

    D'ailleurs, le Comité d'examen institué par ce décret veille au respect de ce critère lors de l'analyse des dossiers qui lui sont soumis.

    De la même manière, le décret prévoit la nécessaire représentativité territoriale et sectorielle du cluster évitant ainsi une spécialisation excessive voire élitiste.

    Aussi, l'évaluation triennale des clusters s'attache également à vérifier que ces effets pervers ne soient pas atteints.

    Enfin, la vision autocentrée visée comme effet pervers par l'étude susmentionnée, n'est pas possible vu les axes d'actions obligatoirement visés par tout cluster tels que prévus par le décret du 18 janvier 2007.

    Grâce à ces précautions, on peut affirmer que les clusters wallons sont donc un moyen d'augmenter la compétitivité des entreprises et de favoriser le développement économique, tout en leur permettant de poursuivre un but spécifique tenant du contexte dans lequel le cluster est inscrit.