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Pollution dans les fruits

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 77 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 18/11/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Récemment, nous avons pu lire dans la presse que de nombreux fruits de consommation courante contenaient de nombreux pesticides.

    De plus, il semble qu'Inter environnement Wallonie a pu mettre la main sur un rapport qui sera discuté en Parlement européen début novembre. On y apprend que la moitié des fruits et des légumes sont contaminés aux pesticides. Ce rapport ne peut nous laisser indifférents puisqu'il concerne aussi la Région wallonne.

    Chez nous, d'après IEW, le problème de pesticides est principalement lié aux fongicides utilisés pendant la croissance, mais aussi après la récolte. On retrouverait trop souvent, les trois pesticides suivant : le carbendazim, les maneb et l’iprodiome .

    Selon les journaux du groupe Sudpresse :

    - au niveau européen, 49 % des fruits, légumes et céréales (parfois importé d’autres continents) sont touchés ;
    - chez nous, ce serait plus d’un sur deux (52% ! soit une augmentation de près de 20 % en 5 ans;
    - 8,6 % des produits consommés chez nous (pas forcément produits d’ici) dépasseraient les concentrations maximales légales en pesticides…

    Ces informations, si elles s'avèrent exactes, ont de quoi inquiéter les consommateurs et les autorités politiques. Ne devrions-nous pas contribuer, voire intensifier les efforts entrepris par CRIOC en matière d’éco-consommation ?

    En effet, 354 pesticides différents ont été découverts, dont cinq sont classés comme cancérigènes, mutagènes, toxiques pour la fertilité et perturbateurs de nos hormones. Le fameux « Gaucho » - présumé responsable de la disparition des abeilles - n’échappe pas à l’analyse : il est même un des plus fréquents.

    Certes, nous devons rappeler certains conseils d'hygiène aux consommateurs mais qu'en est-il de l'utilisation des pesticides en Région wallonne ? Qu'en est-il du soutien à l'agriculture biologique ?

    Monsieur le Ministre, peut-il nous faire part de son analyse de ce dossier ? A-t-il eu connaissance de l’étude dont le Parlement européen va débattre prochainement ? Le cas échéant, quelles sont les conclusions de Monsieur le Ministre ? Comment pouvons-nous soutenir les efforts de CRIOC en matière d’éco-consommation ?



  • Réponse du 24/11/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Je n’apprendrai rien à l’honorable Membre en répétant que c'est l'Etat fédéral qui est compétent en ce qui concerne les normes d'utilisation des pesticides. C'est lui qui délivre des agréments pour chacun de ces produits. L'agrément définit l'usage spécifique autorisé, les quantités permises, le mode d'utilisation prescrit ainsi que les périodes pendant lesquelles les produits peuvent être utilisés.

    Le débat européen que l’honorable Membre évoque échoit, au niveau de la concertation, au COREPER (Comité des représentations permanentes de l'Union européenne), mais c'est le Fédéral qui y a voix délibérative.

    Quant au contrôle des normes fédérales et à leur bonne application par les utilisateurs, ils dépendent de l'AFSCA. Le rapport annuel de l'Agence donne d'ailleurs des chiffres précis qui corroborent en partie les constats fait dans le rapport européen.

    Ainsi, on peut y lire que de « l'analyse de 1.322 échantillons de fruits et légumes, des résidus de pesticides ont été détectés dans 56 % des échantillons et que les normes étaient dépassées dans 7,9 % des cas » (8,6 % dans le rapport européen que vous citez).

    Le même rapport (AFSCA, 2007) précise que « Le calcul de l'exposition a été réalisé à l'aide de méthodes quantitatives d'analyse du risque. Il a montré que l'exposition de longue durée du consommateur belge aux résidus de pesticides par la consommation de fruits et légumes est faible, même en cas de consommation très importante de fruits et légumes. Dans la plupart des cas, l'exposition est 100 fois inférieure à la dose journalière acceptable. L'exposition la plus élevée a été observée pour le chlorprophame (antigerminatif des pommes de terre), suivi par l'imazalil (fongicide) et le diméthoate (insecticide) ».

    Toujours dans le rapport de l'AFSCA, si l'on examine les résidus de pesticides supérieurs à la norme autorisée dans les fruits et légumes, par pays d'origine, on constate que le taux est ramené à 5,8 % pour les produits belges, 6,4 % pour les autres pays de l'Union européenne et 11,3 % pour les produits hors Europe. En outre, le rapport relève que les dépassements les plus graves ont lieu avec des produits tels que des pêches d'Egypte et des melons du Brésil ou du Sénégal.

    Ces chiffres démontrent les efforts réalisés pour réduire les pesticides, et donc leur présence sous forme de résidus dans nos aliments.

    Dans le cadre des compétences régionales, nous pouvons agir sur les pratiques culturales.

    C'est ainsi que, dans le cadre de mes compétences, je soutiens divers programmes de « lutte intégrée ». L'objectif est d'utiliser les pesticides de manière raisonnable en aidant les producteurs à n'utiliser que les pesticides strictement nécessaires en fonction des conditions climatiques, du taux d'humidité, de la présence de certaines maladies ou d'insectes nuisibles. Pour les pommiers, par exemple, cela permet de réduire de plus de 60 % le nombre de traitements pesticides.

    CEPIFRUIT développe ce type de programme pour les fruits ; la FIWAP pour les pommes de terre, etc.

    Autre type d'actions menées au niveau de la Région wallonne : le soutien à l'agriculture biologique. Nous poursuivons les efforts entrepris, tant pour soutenir les producteurs bio et ceux en transition (plus de 600.000 euros d'aides spécifiques par an, sans oublier le régime d'aide à l'investissement agricole (AIDA) au taux préférentiel), que pour soutenir la promotion des produits bio auprès des consommateurs : campagnes spécifiques, semaine du bio, ... Le nombre de producteurs bio et d'hectares bio croît chaque année de plus de 10 %.

    Bien sûr, l'essentiel de la production n'est pas bio. Il faut toutefois rappeler que la PAC prend dorénavant pleinement en compte la dimension de protection de l'environnement : c'est le principe de la conditionnalité qui s'applique à toutes les aides agricoles financées par la PAC, tant au niveau du premier pilier (DPU), que dans le cadre du deuxième piller, notamment au travers des M.A.E.

    Pour être complet, je rappelle que la Région a mis en place un Comité phytosanitaire qui a pour missions de prodiguer des conseils afin de limiter l'usage de produits phytosanitaires, tant à l'attention des agriculteurs (guides de bonne pratique) que des autres grands utilisateurs de pesticides, dont, par exemple, les communes.

    Enfin, à l'attention des particuliers, consommateurs et jardiniers, la Région soutient le réseau éco-consommation afin d’informer au mieux les citoyens de ces question et des mesures à prendre. Et, bien sûr, il faut répéter les conseils de prudence à l'attention des consommateurs (peler et laver les fruits, varier la consommation, etc.).