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Apprentissage au sein de l'IFAPME - Evaluation.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 16 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 20/11/2008
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à TARABELLA Marc, Ministre de la Formation

    Depuis de nombreuses années, l'accent a été mis en Région wallonne sur les filières de formation qui permettent aux jeunes d'avoir un contact direct avec le monde du travail tout en continuant à bénéficier en alternance d'une formation théorique.

    Ce type d'apprentissage est cependant souvent présenté comme étant celui de la dernière chance pour les jeunes en décrochage scolaire. Il n'est d'ailleurs pas rare hélas de voir un grand nombre de ces apprentis renoncer à poursuivre la formation par manque de motivation ou de volonté.

    Monsieur le Ministre peut-il tirer un bilan de l'apprentissage en alternance en Région wallonne ? Par rapport au nombre d'inscrits en première année, combien de ces apprentis obtiennent véritablement un diplôme en fin de parcours ? Monsieur le Ministre peut-il ventiler les données dont il dispose en fonction des différentes filières ? Quelles sont les raisons qui peuvent justifier de ces trop nombreux abandons ?

    Monsieur le Ministre peut-il me dire également comment sont établis les contacts avec le Forem en vue de déterminer les filières porteuses et qui seraient à développer ? Comment les différents ajustements au niveau de ces filières sont-ils effectués ?

    Enfin, Monsieur le Ministre peut-il me dire si des études ont été faites concernant le fait de savoir si les apprentis qui ont suivi ces formations trouvent facilement du travail après celles-ci ?

    Monsieur le Ministre peut-il également m'informer sur les perspectives d'engagement par le patron? Quel est le pourcentage d'apprentis obtenant un engagement par le patron à la fin de l'apprentissage?
  • Réponse du 15/12/2008
    • de TARABELLA Marc

    Au fil des années, le paysage de la formation en alternance tant en Communauté française qu'en Région wallonne a évolué au travers d'une succession de dispositifs réglementaires. L'IFAPME s'est donc toujours inscrit dans ce processus évolutif tout en veillant à renforcer et à améliorer son offre de services à l'égard de ses publics et en positionnant ses actions dans le contexte de la formation tout au long de la vie.

    Le réseau de l'IFAPME a donc conforté sa place dans le paysage de l'alternance avec plus de 8.500 apprenants(1) en réelle alternance intégrée avec un volet en centre de formation et un volet en milieu professionnel et ce, dans le respect de la définition de l'alternance reprise dans l'avis n° 1 du CCFA.

    S'il est vrai que l'IFAPME mise sur l'amplification et sur l'amélioration de certaines de ses actions comme:

    - la communication;
    - l'attractivité de la formation;
    - l'encadrement des apprenants et des entreprises en développant une relation usagers efficace;
    - le développement d'un Centre de contacts, il faut rappeler qu'actuellement, le contexte institutionnel et le paysage de la formation en alternance ne lui sont pas encore favorables;
    - la complexité du paysage de la formation en alternance en Région wallonne/Communauté française et la complexité du pilotage de l'alternance;
    - les différents statuts de l'apprenant en alternance;
    - la multiplicité de dispositifs d'insertion des jeunes à l'emploi (PFI, APE Jeune ... ) ;
    - le statut des formateurs du réseau et le turn-over important de ceux-ci;
    - la dévalorisation des métiers manuels et techniques et de la formation en alternance.


    Certains éléments liés à ce paysage de la formation en alternance trouveront des réponses adéquates lorsque les chantiers mis en œuvre dans le cadre du Plan d'actions prioritaires et plus particulièrement du PST2 seront aboutis et qu'ils porteront leurs effets.

    Les données chiffrées de la formation en alternance développée au sein du réseau de l'IFAPME sont en statu quo pour l'apprentissage et en progression pour la formation de chef d'entreprise. Cette tendance se mesure depuis quelques rentrées.

    Les premières informations de la rentrée 2008-2009 au 15 novembre 2008 sont les suivantes:

    - 5.644 contrats d'apprentissage;
    - 3.434 conventions de stage.

    Un des facteurs exogènes pouvant expliquer la non progression des effectifs en apprentissage peut être lié à la démographie scolaire. En effet, d'après les indicateurs de l'Enseignement, les effectifs scolaires du secondaire sont en baisse depuis l'année 2004-2005 et devraient continuer à chuter lors des 19 prochaines années(2).

    Sur base des résultats de l'enquête menée par le Centre de recherche PME et d'Entrepreneuriat de l'Université de Liège sur « la formation et l'insertion professionnelle des apprentis certifiés et des diplômés chefs d'entreprise du réseau de l'IFAPME pour les années 2002 à 2005 » dont les résultats ont été communiqués en janvier 2008, on constate que la diminution du nombre de certifiés s'inscrit dans une double logique:

    - une baisse du nombre de primo entrants (qui se marque notamment entre 2001 et 2005 par une chute du flux sortant théorique de 951 unités), et
    - une érosion constante du taux de réussite (en 1998, les apprentis étaient 40 % à être certifiés et en 2005, ils n'étaient plus que 31 % à avoir réussi leur cursus d'apprentissage).

    Certains facteurs explicatifs de ce taux élevé d'abandons avaient été identifiés :

    - des difficultés liées à l'orientation des jeunes; la motivation des jeunes;
    - le choix de l'alternance n'étant pas toujours un choix positif;
    - les caractéristiques du public des apprenants: instabilité, faiblesse dans les compétences de base;
    - l'approche pédagogique dans les cours généraux non adaptée aux publics en alternance;
    - les rythmes de l'alternance pas toujours respectés;
    - la vocation des jeunes par rapport aux métiers manuels et techniques.

    Ces constats ont amené des demandes de moyens additionnels, notamment dans le cadre du Plan Marshall pour:

    - le renforcement de l'accueil en période de rentrée et l'appui du Centre de contacts ;
    - le développement d'un plan global de remédiation ;
    - le développement du dispositif classes d'accueil (aide dans la recherche d'une entreprise formatrice) ;
    - la confirmation du choix professionnel;
    - le renforcement des équipes de tutelle et des équipes d'encadrement dans les Centres.

    Toutes ces différentes mesures prises, depuis 2006 dans le Plan Marshall, ont donc permis à l'IFAPME d'enrayer la diminution des effectifs et d'améliorer la qualité de la formation par le renforcement, entre autres, de l'encadrement des bénéficiaires. Mais les effets de ces actions qualitatives ne peuvent se mesurer qu'à plus longue échéance.

    D'autre part, en ce qui concerne l'insertion professionnelle des apprenants du réseau IFAPME, des résultats de l'enquête précitée, il ressort que:

    1° au niveau de l'insertion professionnelle des apprentis certifiés, les données suivantes peuvent être mises en évidence:

    - plus de huit apprentis sur dix (82 %) ont trouvé un premier emploi correspondant à la profession de leur apprentissage. (75 % en 2003);
    - près de 85 % des diplômés estiment que leur apprentissage a joué un rôle prépondérant dans l'obtention de leur premier emploi, (67 % en 2003 et 65 % en 2001);
    - deux tiers des certifiés ont été directement engagés à durée indéterminée (49 % en 2003);
    - dans 50 % des cas (contre 41 % en 2003), le premier emploi a été décroché dans l'entreprise de l'apprentissage, ce qui confirme que l'apprentissage constitue un tremplin direct à l'embauche;

    2° au niveau de l'insertion professionnelle des diplômés de la formation de chef d'entreprise (CE), deux profils de public fréquentant les formations chefs d'entreprise du réseau de l'IFAPME émergent de l'analyse:

    Un public de « jeunes » qui ont obtenu leur diplôme avant d'avoir 25 ans :

    - ces jeunes représentent 49 % de l'ensemble des diplômés CE entre 1996 et 2005 ;
    - 90% n'avaient encore jamais été actifs sur le marché de l'emploi avant d'entamer la formation. La formation CE est considérée comme faisant partie intégrante de leur formation initiale;
    - leur motivation principale à suivre la formation CE consiste d'abord à apprendre un métier, ensuite à trouver du travail et enfin à créer leur propre emploi;
    - la convention de stage est la formule privilégiée par ces jeunes (75 % ont été stagiaires) ;
    - ils sont 17 % à s'être installés à leur compte;
    - parmi ceux qui ne sont pas indépendants, 48 % envisagent sérieusement de le devenir (32% en 2003).

    Un public de « moins jeunes» qui ont obtenu leur diplôme après 25 ans:

    - ces personnes représentent 51 % de la population des diplômés CE entre 1996 et 2005, avec toutefois des strates dégressives: 25-29 ans (20 %); 30-39 ans (18 %) ;
    - 40-49 ans (8 %) et 50 ans et plus (3 %) ;
    - pour les plus de 30 ans, la formation CE est avant tout considérée comme une formation continuée qui leur permettra de réorienter leur carrière ou de consolider leur situation actuelle;
    - la convention de stage n'est pas la formule privilégiée par ces personnes (28 %);
    - ils sont 32 % à s'être installés à leur compte;
    - parmi ceux qui ne sont pas indépendants, ils sont 32% à envisager sérieusement de le devenir.

    Depuis quelques années, en étroite collaboration avec les secteurs professionnels, l'IFAPME met en œuvre la reconnaissance sectorielle dont l'objectif est d'améliorer la formation des apprenants en alternance pour que leurs compétences répondent mieux aux exigences grandissantes des secteurs, favorisant ainsi leur insertion professionnelle.

    La reconnaissance sectorielle est développée dans le secteur de l'automobile et de l'alimentation et elle se prépare dans le secteur de la construction.

    En ce qui concerne la détermination des filières porteuses, le réseau de l'IFAPME collabore avec les secteurs professionnels et les fédérations professionnelles pour l'élaboration et l'adaptation des référentiels de formation et pour la mise à jour de son offre de formation.

    Les contacts avec le Forem au sujet des filières porteuses sont établis grâce à plusieurs collaborations entre les deux institutions qui les amènent à échanger de nombreuses informations sur des thèmes divers en lien avec la formation et le marché de l'emploi:

    - la convention cadre pour l'action pénuries;
    - la convention cadre pour la formation des travailleurs PTP ;
    - le partenariat sectoriel dans le secteur de la Construction associant aussi la CCW et le FFC ;
    - les collaborations dans le réseau des Centres de Compétence; les actions dans les appels à projets.

    In fine, il faut également rappeler que tous les référentiels développés en apprentissage doivent être soumis à la Commission de reconnaissance des formations en apprentissage de la Communauté française et doivent respecter les profils établis par la Commission Communautaire des Professions et des Qualifications (CCPQ).


    __________________________________
    (1) Ce chiffre représente bien la population en alternance de l'IFAPME pour la Wallonie. Il faut donc être prudent dans les comparaisons avec les données des CEFA qui intègrent généralement les chiffres de la Wallonie additionnés de ceux de Bruxelles.

    (2) Les Indicateurs de l'enseignement n° 2,.2007, Ministère de la Communauté française-ETNIC, p. 12·13.