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Les variétés de pommes.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 87 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 25/11/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    S'il y a bien un fruit qui symbolise nos terroirs, c'est la pomme. Or il semble qu'on trouve de moins en moins de vergers dans nos campagnes et de moins en moins de variétés y sont cultivées. Si on n'y prend pas garde, les pommes, du moins certaines variétés, risquent de devenir des fruits en voie de disparition.

    Il suffit de se rendre dans un supermarché pour constater qu'on ne pourra plus y trouver que trois, quatre ou cinq variétés alors qu'autrefois, la campagne comptait quelques centaines de variétés !

    Qu'est-ce qui explique la disparition de ces anciennes variétés ?

    La principale cause, c'est le commerce lui-même et l'uniformisation des goûts!

    Jadis, l'Etat a distribué aux fermiers des primes par arracher les arbres fruitiers hautes tiges (plus de 2 mètres), au profit d'une production de basses tiges. Elles sont plus faciles pour l'entretien et la collecte des fruits.

    Ce sont ces vergers " basses tiges " qui ont donné naissance aux quatre, cinq variétés commerciales qu'on trouve aujourd'hui.

    Les arbres hautes tiges - moins résistants aux maladies et aux parasites - nécessitent plus de soin, dont l'application des pesticides.

    La pomme répond de plus en plus aux normes esthétiques demandées par les consommateurs. Les gens veulent des pommes d'un certain calibre, toutes les mêmes et qui répondent à des critères gustatifs moyens.

    Nous avons donc intérêt à nous tourner vers les anciennes variétés. Elles contiennent un patrimoine génétique intéressant qui sera probablement utile pour les années à venir, notamment pour leur capacité à lutter contre lez maladies.

    Je souhaite interroger Monsieur le Ministre afin de savoir s'il va soutenir - et avec quels moyens - les efforts des milieux horticoles et scientifiques dont l'objectif est de ramener les anciennes variétés sur le commerce.

    J'espère que Monsieur le Ministre encouragera la promotion de ces espèces pour qu'elles reprennent leur place de jadis dans l'agriculture wallonne et dans les habitudes des consommateurs.

    On sait qu'il existe une association active en la matière dans l'Entre Sambre et Meuse, l'ASBL « Les bocages », qui se bat pour la préservation des vergers. Existe-t-il d'autres activités de ce type en Région wallonne ?
  • Réponse du 02/12/2008
    • de LUTGEN Benoît

    Le maintien de la biodiversité végétale, mais aussi animale, constitue une de mes priorités. Si les anciennes variétés de pommes, tout comme les autres fruits et légumes, ont déserté les étalages des grandes surfaces, il faut en rechercher la cause au niveau de la grande distribution.

    A l’heure actuelle, plus de 50 % de la production mondiale repose seulement sur cinq variétés commerciales. Cette réduction de la diversité génétique fruitière est très préoccupante, car les systèmes culturaux trop orientés vers la monoculture sont potentiellement très vulnérables.

    Une demande sans cesse grandissante concernant les arbres fruitiers de variétés anciennes existe, témoignant ainsi d’une conscience du besoin de nature et de conservation de la biodiversité de plus en plus présente auprès des citoyens.

    A travers divers projets financés par la Région Wallonne, le Département lutte biologique et ressources phytogénétiques du Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux oeuvre au maintien de cette biodiversité.

    Une collection d’environ 3.400 variétés d’arbres fruitiers, dont 1.680 variétés de pommiers, 1.140 de poiriers, 360 de pruniers, 90 de cerisiers, 60 de pêchers et 80 de vignes, a été réunie sur le site du CRA-W à Gembloux.

    Deux tiers de ces variétés proviennent de prospections réalisées dans les vieux vergers et un tiers est issu d’anciennes collections. Ce travail de prospection et de conservation a déjà permis de sauvegarder un grand nombre d’anciennes variétés menacées de disparition.

    Le maintien de ce patrimoine nécessite beaucoup de place et c’est ainsi qu’est né le projet de « Création d’un réseau multi-local de vergers conservatoires des ressources génétiques d’arbres fruitiers de nos régions ».

    Ce réseau a pour objectif principal de coordonner les efforts développés au niveau de la Région wallonne en termes de conservation des variétés fruitières, mais également de sensibiliser le public et les enfants à cette problématique. Le projet de réseau conservatoire peut être consulté sur le site : (http://rwdf.cra.wallonie.be).

    Les vergers de hautes tiges ainsi implantés avec des variétés locales sont conduits sans traitement phytosanitaire.

    L’asbl « les Bocages », qui reçoit un subside de la Région wallonne dans le cadre du Centre pilote pour l’agriculture biologique, est très active dans ce domaine et vise à promouvoir l’implantation de vergers hautes tiges en vue de la valorisation des productions.

    Le patrimoine génétique de la collection est également utilisé par les chercheurs du CRA-W pour la création de nouvelles variétés fruitières moins sensibles aux maladies et aux ravageurs. Ces travaux sont complexes car il ne suffit pas de créer une variété qui demande moins de traitements, il faut également que les fruits produits soient de bonne qualité gustative. Cette recherche est un travail de longue haleine qui, je l’espère, portera ses fruits pour les générations futures.