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Le prix du lait.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 106 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 08/12/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    La baisse du prix du lait demi-écrémé pour l’agriculteur ne s’est répercutée qu’à moitié dans les prix à la consommation. Pourquoi ?

    L’analyse montre qu’il n’y a pas de lien direct et automatique entre les prix pour le producteur et le prix payé par le consommateur. La matière première agricole ne représente en effet que 30 à 40 % du prix à la consommation des produits laitiers. Pour le Ministre Van Quickenborne, le fait que les consommateurs ne profitent pas entièrement de la baisse du prix du lait ces six derniers mois peut s’expliquer par les coûts en termes d’énergie et de salaires pour le secteur de la distribution.

    Les revenus des producteurs laitiers sont aujourd’hui de plus en plus dépendants de la situation sur les marchés internationaux, pointe l’étude. Les coûts variables des agriculteurs ont également augmenté ces dernières années. Les prix payés par l’industrie laitière aux producteurs ont suivi la tendance du prix du lait sur les marchés internationaux, qui a connu une forte hausse en 2007 avant de baisser en 2008. L’étude montre par ailleurs que les laiteries n’ont pas augmenté leurs marges bénéficiaires. Cette étude sur le prix du lait préfigure le travail du futur observatoire des prix, a indiqué le ministre.

    La situation appelle une réaction urgente des décideurs politiques. On a abondamment parlé de la crise du lait. La révision des quotas (mécanisme régulateur de l’offre) étant de compétence européenne et la Belgique, si elle parvient à parler d’une seule voix, ne pèse pas dans ce débat. Quelle est la marge de manœuvre de Monsieur le Ministre pour remédier aux difficultés rencontrées actuellement par les producteurs de lait ?
  • Réponse du 05/02/2009
    • de LUTGEN Benoît


    Il convient de rappeler qu’aucun agriculteur ne vend du lait demi-écrémé à un acheteur (laiterie). Il peut vendre du lait cru, c’est-à-dire tel qu’il est produit par la mamelle de la vache, ou du lait écrémé (moins de cinq grammes de matière grasse par litre de lait). Ce lait est considéré comme un produit laitier et doit, à la ferme, être stocké dans un refroidisseur séparé.

    La comparaison directe du prix du seul produit laitier qu’est le lait demi-écrémé est un raccourci dangereux, d’autant qu’il faut savoir que, dans le paiement du lait, le prix de base seul est exprimé en euro par 100 litres. A partir de ce prix de base, la valeur du kilo de matière grasse d’une part, et de la protéine d’autre part, est déterminée. C’est donc en fait la matière grasse et la matière protéique qui constituent la base de la valorisation.

    Aujourd’hui, compte tenu du marché du beurre et de la poudre de lait écrémé, le kilo de protéine vaut presque le double du kilo de matière grasse. Il faut en tenir compte dans la comparaison.

    Il est par contre exact de dire qu’il n’y a pas de lien direct et automatique entre le prix payé aux producteurs pour du lait cru départ ferme et le prix payé par le consommateur pour une multitude de produits laitiers puisque, comme vous le savez, aucun litre de lait ne quitte la laiterie sous la forme dans laquelle il y est entré.

    Il est tout aussi évident que, pour se conformer aux décisions prises dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce, l’Europe a démantelé fortement le système basé sur certaines protections à l’importation, ses aides à l’exportation et le système d’intervention au stockage public.

    Dans ces conditions, la volatilité des prix s’est accrue en même temps que l’influence des marchés internationaux sur les prix payés par les laiteries aux producteurs, sans augmenter leurs marges bénéficiaires.

    La réaction des décideurs politiques est urgente et nécessaire et elle concerne tous les niveaux de pouvoir, régional, fédéral, mais aussi et surtout européen. Le quota belge ne représente que plus ou moins 2,5 % du quota européen. Le maintien du régime du prélèvement appelé « quota laitier » ne peut avoir d’effet sensible que si on rétablit les trois mécanismes : intervention, protection de l’accès à notre marché, ainsi que certaines aides à la consommation et à l’exportation.

    En outre, au dernier Conseil des Ministres européens de l’Agriculture, j’ai obtenu l’assurance que la décision de suppression des quotas en 2015 n’interviendrait pas sans évaluation préalable du Conseil. Enfin, j’ai également obtenu la révision du règlement européen concernant l’application du correctif matière grasse. Cette modification obtenue a pour effet de réduire la pénalité qui est appliquée aux producteurs qui livrent du lait à une teneur en matière grasse plus élevée que la teneur de référence en matière grasse de leur quota. Cette modification a pour conséquence de réduire de moitié les distorsions de concurrence entre les producteurs des différents Etats membres ainsi qu’entre les producteurs d’un même Etat membre.

    Les prix payés par l’industrie laitière aux producteurs ont effectivement suivi la tendance des prix sur le marché européen et les marchés mondiaux des produits laitiers, à savoir le beurre, les poudres de lait et les fromages gouda et cheddar, les produits laitiers frais restant, quant à eux, cantonnés à un marché de proximité.