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Diminution de nos variétés de pommes.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 119 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 09/12/2009
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    La presse a récemment épinglé un constat alarmant pour notre environnement ou notre santé : la diminution de la diversité fruitière dans nos campagnes. Il est peut-être temps de non seulement tirer la sonnette d’alarme, mais surtout d’agir.

    La pomme va-t-elle disparaître de nos vergers, de nos supermarchés et donc de notre alimentation ? La question mérite d’être posée. Autrefois, nos vergers comptaient quelques centaines de variétés de pommes. Aujourd’hui, combien en trouve-t-on sur les étales des grandes surfaces ?

    L’origine prendrait sa source il y a une trentaine d’années où l’Etat a distribué des primes aux fermiers pour arracher les arbres fruitiers hautes tiges au profit des basses tiges. Mais les pommes que nous mangeons aujourd’hui n’échappent pas aux pesticides, plus fragiles que les variétés d’antan.

    D’après un spécialiste en la matière, nous aurions tout à gagner à revenir à nos anciennes sortes de pommes, plus résistantes aux maladies et tout aussi goûteuses.

    Monsieur le Ministre peut-il me préciser le nombre de variétés de pommes répertoriées dans nos vergers ?

    Pourquoi ne réintègre-t-on pas ces anciennes variétés ?

    Monsieur le Ministre a-t-il eu des contacts avec le secteur pour aborder cette situation inquiétante ? Quelles actions a-t-il déjà entreprises ou quelles sont celles qu'il compte mener ?

    Quelle est la consommation de pommes annuelle par habitant en Wallonie ?

    Monsieur le Ministre connaît-il des initiatives existantes qui encouragent le retour aux variétés de fruits d’hier, à savoir les pommes bien sûr, mais aussi, les poires, les cerises et les prunes ?

    Alors que le Gouvernement prône une alimentation saine, il me semble qu’il y a là une perche à saisir !
  • Réponse du 06/01/2009
    • de LUTGEN Benoît

    Le maintien de la biodiversité végétale, mais aussi animale, constitue une de mes priorités. Si les anciennes variétés de pommes, ainsi que d’autres fruits et légumes, ont déserté nos étalages, il faut en rechercher la cause au niveau de la distribution, mais également dans l’évolution du choix des consommateurs. Ceux-ci désirent majoritairement des fruits et légumes indemnes de défauts, de grande saveur et à un prix abordable.

    A l’heure actuelle, plus de 50 % de la production mondiale de pommes repose seulement sur cinq variétés commerciales. Cette réduction de la diversité génétique fruitière est très préoccupante, car les systèmes culturaux trop orientés sur la monoculture sont potentiellement très vulnérables.

    C’est pourquoi je finance le Département lutte biologique et ressources phytogénétiques du Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux, qui œuvre au maintien de la biodiversité fruitière.

    Une collection d’environ 3.400 variétés d’arbres fruitiers, dont 1.680 variétés de pommiers, 1.140 de poiriers, 360 de pruniers, 90 de cerisiers, 60 de pêchers et 80 de vignes, a été établie sur le site du CRA-W à Gembloux.

    Deux tiers de ces variétés proviennent de prospections réalisées dans les vieux vergers, et un tiers est issu d’anciennes collections. Ce travail de prospection et de conservation a déjà permis de sauvegarder un grand nombre d’anciennes variétés menacées de disparition.

    Le maintien de ce patrimoine nécessite beaucoup de place, mais demande également une gestion active. C’est ainsi qu’est né le projet de « Création d’un réseau multi local de vergers conservatoires des ressources génétiques d’arbres fruitiers de nos régions ».

    Ce réseau a pour principale raison de coordonner les efforts développés au niveau de la Région Wallonne en termes de conservation des variétés fruitières, mais également de sensibiliser le public et les enfants à cette problématique. Le projet de réseau conservatoire peut être consulté sur le site Internet du Réseau wallon de la diversité fruitière « htpp://rwdf.cra.wallonie.be ».

    Les vergers de hautes tiges ainsi implantés avec des variétés locales sont conduits sans traitements phytosanitaires.

    L’ASBL « les Bocages », que je subsidie dans le cadre du Centre pilote pour l’agriculture biologique, participe activement à ce réseau et vise à promouvoir l’implantation de vergers hautes tiges via la valorisation des productions de fruits.

    Le patrimoine génétique de la collection est également utilisé par les chercheurs du CRA-W pour la création de variétés fruitières moins sensibles aux maladies et aux ravageurs. Ces travaux sont complexes car il ne suffit pas de créer une variété qui demande moins de traitements, mais il faut également que les fruits produits soient de bonne qualité gustative.

    Dans l’état actuel, ces anciennes variétés ne sont plantées que par les particuliers, ainsi que pour la production de cidre et de jus.

    Enfin, pour la parfaite information de l'honorable Membre, la consommation annuelle moyenne de pommes est d’environ 20 kilos par habitant en Wallonie, en ce compris les produits transformés.