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Changement climatique et maladies infectieuses.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 33 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 10/12/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à DONFUT Didier, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Le changement climatique favorise la propagation de maladies infectieuses qui pourraient faire des ravages parmi les animaux et les hommes, avertissent des experts de la Société pour la conservation de la faune sauvage.

    Une liste de douze agents pathogènes a été établie dans un rapport de cette organisation. Le document cite des maladies infectieuses qui pourraient exploser à la suite d’un changement de températures ou d’une augmentation des niveaux de précipitation : peste et choléra, parasites externes et intestinaux, tuberculose et fièvre jaune, maladie du sommeil et maladie de Lyme, ou « marées rouges » dues à la prolifération d’une micro-algue produisant une neurotoxine.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de cette liste ? Que nous disent ses observations en ce qui concerne la prolifération de parasites chez nous ? Quel est le taux d’apparition de ces maladies en Région wallonne (et chez nos voisins) ? Notre système des soins de santé est-il suffisamment bien préparé pour faire face à l’apparition plus massive des maladies citées ?
  • Réponse du 19/01/2009
    • de DONFUT Didier

    Le changement climatique favorise la propagation des maladies infectieuses qui pourraient constituer une menace très sérieuse pour les animaux et les hommes.

    Une liste de douze agents pathogènes comme le virus Ebola ou le H5N1 de la grippe aviaire a effectivement été établie dans un rapport de la Société pour la conservation de la faune sauvage, présenté lors du congrès de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) sur la biodiversité à Barcelone. Intitulé « La douzaine mortelle: les maladies de la faune sauvage à l'heure du changement climatique », ce rapport donne des exemples de maladies infectieuses qui pourraient exploser à la suite d'un changement de température ou d'une augmentation du niveau des précipitations.

    Parmi les cas évoqués, figurent la peste et le choléra, les parasites externes et intestinaux, la tuberculose et la fièvre jaune, la maladie du sommeil et la maladie de Lyme, transmise par une tique parasite qui suce le sang des mammifères ou encore les « marées rouges » dues à la prolifération d'une microalgue (Karenia brevis) produisant une neurotoxine.

    Devant cet état de fait, l'Organisation mondiale de la santé vient d'approuver un programme de recherche visant à mettre au point un cadre fondé sur les bases scientifiques concernant les conséquences du changement climatique pour la santé. Un groupe d'experts a été convoqué par l'OMS, à Madrid, pour examiner ce programme. Dans un communiqué rendu public par l'Organisation, il est souligné que le plan s'inspire d'un examen complet des connaissances actuelles sur les risques sanitaires liés au changement climatique.

    Il a été élaboré par l'OMS avec plus de 80 chercheurs chevronnés, spécialisés dans le changement climatique et la santé, ainsi qu'avec des représentants de donateurs et d'autres organismes du système des Nations unies. La réunion s'est déroulée du 6 au 8 octobre au ministère espagnol de la Santé. « De nombreuses organisations, dont l'OMS, ont mis l'accent sur les risques sanitaires liés au changement climatique. Nos 193 États membres ont demandé à l'OMS de les aider à renforcer les données scientifiques en vue d'une action politique. Ce plan nous fournit le cadre nécessaire pour aller de l'avant et formule des recommandations à l'intention des gouvernements, des établissements de recherche et des donateurs afin de combler d'importantes lacunes dans le domaine des connaissances », a souligné le directeur général de l'OMS, le Dr Margaret Chan.

    Au cours des dix dernières années, même si le changement climatique a été reconnu de plus en plus comme un risque important pour le bien-être de l'humanité, ses effets sanitaires n'ont que relativement peu retenu l'attention des chercheurs. Le plan vise à accélérer, cibler et intensifier la recherche sur le changement climatique et la santé afin d'enrichir les connaissances en vue d'un examen de la question par la quinzième Conférence des parties des Nations unies (COP15) qui aura lieu à Copenhague en décembre 2009 et lors de laquelle les responsables mondiaux élaboreront un nouvel accord mondial sur le climat pour succéder au Protocole de Kyoto.

    Le plan définit ainsi cinq domaines prioritaires, à savoir l'interaction avec d'autres tendances et déterminants de la santé, les effets directs et indirects, la comparaison de l'efficacité des interventions à court terme, l'évaluation de l'impact sanitaire des politiques des secteurs extra-sanitaires et le renforcement des systèmes de santé publique face aux effets sanitaires du changement climatique.

    La plupart des interventions des systèmes de santé face au changement climatique se fondent sur des compétences de base en santé publique. « Mais il faut davantage de connaissances pour définir les moyens les plus efficaces à mettre en œuvre, les stratégies préventives intégrées de santé publique réduisant non seulement les risques liés au changement climatique mais l'ensemble des risques pour la santé liés à l'environnement. ».

    Par comparaison avec les autres régions, les effets engendrés par les changements climatiques auront très probablement un impact négatif modéré sur la santé humaine et animale dans la région atlantique européenne. Les experts ne s'attendent pas, dans nos régions, à des effets « massifs », brusques, des changements climatiques sur la transmission des maladies infectieuses en particulier.

    Un relevé quantitatif intégré des effets possibles sur l'environnement et la santé n'a pas encore été établi pour la Belgique, ce qui fait que des priorités à court, moyen et long terme ne peuvent être déterminées de manière cohérente. Jusqu'à présent, les problèmes ont surtout été abordés a posteriori (cf. plan canicule et plan ozone).

    La difficulté de distinguer les effets climatiques (s'ils sont modérés) des effets d'autres facteurs environnementaux sur le bien-être de l'homme et de l'animal constitue un problème important à cet égard. D'autant plus que les effets climatiques peuvent avoir un effet tant positif que négatif sur l'impact exercé déjà par certains facteurs environnementaux perturbateurs (cf. pollution atmosphérique). Une autre incertitude consiste en ce que la propagation des maladies infectieuses, que ce soit ou non par l'entremise de vecteurs, peut être attribuée, en partie, à une augmentation globale de la mobilité et des transports. Par ailleurs, un grand nombre de caractéristiques individuelles qui déterminent la santé (p.ex. l'exercice physique, le revenu, ... ) ont une influence sur la sensibilité aux effets négatifs exercés par l'environnement. Ces incertitudes constituent une difficulté supplémentaire lorsqu'il s'agit d'identifier correctement les priorités.

    Pour faire une distinction entre ces incertitudes et pouvoir prendre les mesures qui s'imposent, un monitoring intégré sur de longues périodes est nécessaire. Un tel instrument peut, en outre, contribuer à la correction des priorités en fonction des changements climatiques constatés; et/ou en fonction des mesures d'amélioration de la qualité de l'environnement dans l'optique de la santé humaine et animale ; et/ou en fonction des mesures capables d'optimaliser la qualité de la vie.

    Avant d'organiser un monitoring, il faudra mettre au point un set suffisamment étayé de paramètres et! ou d'indicateurs rendant possible la distinction statistique exacte entre ces différentes causes ou tout au moins de s'en approcher, ce qui permettra de prendre des mesures adaptées en fonction des priorités. Etant donné l'interaction entre les différentes causes, une méthodologie doit être mise au point dans le but d'arriver à une quantification des causes, en tenant compte toutefois d'une marge de fiabilité.

    La Conférence interministérielle environnement santé (CIMES) vient, dans ce but, d'accepter, le 25 novembre dernier, la proposition faite par la Cellule Environnement Santé de financer deux modules d'un projet (financé par ailleurs dans le cadre du programme BELSPO) d'élaboration d'un monitoring intégré des effets des changements climatiques, en relation avec les autres influences environnementales sur les matières personnalisables et la santé publique, au moyen d'une liste d'indicateurs sélectionnés.

    Ce projet implique la collaboration des administrations, des instituts et des institutions capables de rassembler les données nécessaires. Il mettra les données à disposition des différents instituts de recherche et autorités du pays ainsi qu'aux institutions européennes et internationales, citoyens et organisations de la société civile intéressés et ce, comme source d'inspiration pour l'élaboration de mesures préventives et adaptatives. Les résultats devront donc être présentés sous forme d'indicateurs pouvant être utilisés par le public et les décideurs politiques. Il permettra aussi d'intégrer de manière systématique ces indicateurs environnementaux dans la pratique médicale, tant pour les soins de première ligne que les soins de deuxième et de troisième lignes.

    Cependant, le projet doit encore être soumis à l'avis des différents conseils consultatifs et des stake-holders dans le cadre de l'élaboration de la phase 2009-2013 du NEHAP.

    Par ailleurs, la Direction de la santé environnementale représente la DGO5 au sein d'un Groupe de travail régional « Adaptation aux changements climatiques » récemment créé afin de réfléchir sur les axes prioritaires et les stratégies d'adaptation à élaborer ou à mettre en œuvre au niveau régional et à la préparation des activités nationales et internationales du Groupe de travail belge.