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Formation en alternance

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 28 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 22/12/2008
    • de STOFFELS Edmund
    • à TARABELLA Marc, Ministre de la Formation

    « Les alternatives à l’enseignement ne peuvent être des filières d’échecs » déclarait le prédécesseur de Monsieur le Ministre. C’est un avis que je partage.

    L’enseignement obligatoire de plein exercice, qu’il soit général, technique ou professionnel, et la formation en alternance qu’elle soit industrielle ou qu’elle relève des classes moyennes, doivent être considérés comme deux voies de formation à valeur égale. Tant que l’on continuera à considérer la formation en alternance comme une formation de deuxième chance, elle ne pourra jouer d’autre rôle que celui du parent pauvre.

    En effet, parmi les jeunes de 15 ans et plus, certains s’intéressent plutôt aux métiers manuels ou à ceux prestataires de services ou, encore, à l’artisanat. Ce sont des jeunes qui préfèrent acquérir leur savoir-faire par la pratique d’un métier plutôt que par l’enseignement de plein exercice. Il va donc falloir développer, voire émanciper, la formation en alternance et ce, d’autant plus, que beaucoup de secteurs économiques éprouvent d’énormes difficultés à trouver des candidats à l’embauche.

    Malgré les demandeurs d’emploi inoccupés en Wallonie, bon nombre d’offres d’embauche sont insatisfaites.

    Pour les employés, la pénurie en main d’œuvre se marque particulièrement pour les secrétaires de direction, les comptables, les informaticiens, les ingénieurs, les dessinateurs, les analystes-programmateurs, les secrétaires, les employés commerciaux, les réceptionnistes et les techniciens P.C. Pour les ouvriers, cette pénurie est surtout sensible pour les électromécaniciens, les mécaniciens de camion, les soudeurs, les tuyauteurs, les tôliers-carrossiers, les chauffeurs de camion, les électriciens, les bouchers, les ajusteurs, les mécaniciens auto et les techniciens en électronique.

    D’une part, tous ces métiers ne s’apprennent pas par la formation en alternance; d’autre part, ces listes ne sont pas complètes. Elles ne reprennent que les métiers où la pénurie est la plus flagrante. D’autres métiers souffrent aussi, peut-être un peu moins, d’un manque de personnes qualifiées. Citons par exemple, les représentants, les aides-comptables, les imprimeurs, les caristes, les monteurs, les cuisiniers ou les menuisiers.

    Il convient de s’interroger, sans pour autant tout remettre en question, sur l’adéquation entre les profils professionnels enseignés et ceux que l’on demande sur le marché de l’emploi. Ne confondons pas non plus les rôles des uns et des autres. L’école n’a pas pour seul but de satisfaire le besoin en ressources humaines des industries et des P.M.E. (Petites et moyennes entreprises). Voyons plus en détail cette problématique.

    Comment se fait-il que beaucoup de personnes restent sans emploi alors que les chefs d’entreprise désespèrent de trouver les candidats à l’embauche avec la qualification souhaitée ?

    Quel rôle peut jouer, ici, la formation en alternance ?

    On constate chaque année que de nombreux jeunes arrivés à l’âge de 18 ans quittent l’école sans diplôme. Dans quelle mesure ces jeunes, souvent désorientés et dégoûtés de l’école et même du métier, n’auraient-ils pas pu être orientés vers la formation en alternance laquelle aurait pu mieux répondre à leurs intérêts et à leurs capacités? Bien sûr, la formation en alternance n’est pas la panacée universelle mais peut être une vraie alternative par rapport à l’enseignement de plein exercice.

    D’autres jeunes, âgés de 18 ans ou plus, continuent à suivre la formation en alternance dans le but de décrocher un diplôme de chef d’entreprise – en Communauté germanophone, nous parlerons de «Meister-brief» – ou bien pour parfaire ou pour actualiser leur formation professionnelle. Il s’agit d’une attitude élémentaire pour celui qui se soucie de maintenir son emploi. Telle est, donc, la situation au début de la décennie en Communauté germanophone où sur 1.000 habitants, 10 sont des apprentis, pour seulement 2,2 en Région wallonne. De surcroît, à côté des 766 jeunes, âgés de 15 ans ou plus, inscrits dans l’enseignement secondaire technique et professionnel, nous comptons en Communauté germanophone plus ou moins 700 jeunes sous contrat d’apprentissage.

    Pour autant que ce type de formation soit considéré comme équivalent à la formation secondaire, le taux d’emploi moyen à l’issue de la période d’apprentissage est de 95 %. En fait, ce taux oscille entre 80 et 100 %, selon le type de métier. Nous constatons, en outre, que le passage de la formation à l’emploi s’effectue quasiment sans délai d’attente, voire sans détour par le chômage. On peut, à juste titre, croire que la formation en alternance par les Classes moyennes prépare bien aux besoins et exigences du marché de l’emploi. Ayant formé eux-mêmes le jeune, les patrons ont-ils plus confiance en ses capacités professionnelles ?

    Bref, je considère que la formation en alternance contient d’énormes potentialités si on a la volonté politique d’en faire une vraie alternative par rapport à l’enseignement de plein jour. Alternative dans le sens de complémentarité et non dans le sens de rivalité.

    Quelles ont été les mesures adoptées par la Région wallonne et la Communauté française afin d’optimaliser la formation en alternance? Afin d’en faire une formation équivalente à l’enseignement secondaire de plein exercice ? Afin qu’elle soit une réelle alternative et non une espèce de rattrapage après que tout a échoué ?
  • Réponse du 15/01/2009
    • de TARABELLA Marc

    En réponse à l'honorable membre, je tiens tout d'abord à le remercier pour la qualité de vos analyses qui ne font que confirmer la pertinence de mes engagements pour le développement et le renforcement d'une filière de formation en alternance de qualité. Comme l'honorable Membre le souligne à plusieurs reprises dans sa question, la formation en alternance est une vraie alternative, un choix positif, qui conduit non seulement vers l'apprentissage d'un métier mais aussi vers l'emploi. A ce titre, il a raison de rappeler la situation de la Communauté germanophone, qui est un exemple de bonne pratique.

    Parmi les mesures adoptées par la Région wallonne, la Communauté française et la Commission communautaire française (CoCoF) afin d'optimaliser la formation en alternance, je tiens à rappeler l'adoption d'un accord de coopération cadre relatif à la formation en alternance.

    Cet accord témoigne de la volonté de nos Gouvernements de faire de la formation en alternance une filière de qualité, instrument fondamental à l'acquisition par les jeunes, de compétences et de qualifications indispensables à leur insertion socioprofessionnelle.

    La réforme de la formation en alternance est un chantier ambitieux, qui nécessite une mobilisation de l'ensemble des acteurs qu'ils soient issus de l'enseignement, de la formation, de l'entreprise, qu'ils soient apprenants ou formateurs. Pour optimaliser la formation en alternance, il importe d'agir sur le statut du jeune en alternance, sur la qualité de la formation proposée, sur l'accès aux entreprises et sur le pilotage de l'alternance.

    Si aujourd'hui, l'alternance se caractérise par une multiplicité de statuts, nous devons garantir à tous les jeunes qui choisissent l'alternance une égalité de traitement et ce, quel que soit l'opérateur de formation choisi, CEFA ou IFAPME. A ce titre, la porte d'entrée pour repenser le système francophone de formation en alternance est le jeune et non les structures ou les opérateurs de formation.

    Partir du jeune implique de se donner comme priorité absolue d'aboutir à une harmonisation du statut du jeune en alternance afin que chaque jeune puisse bénéficier des mêmes droits, des mêmes mécanismes de rétribution et d'un accès pour tous à la certification. C'est sur ce principe fondateur que repose l'accord de coopération cadre qui prévoit, en outre, la création d'un contrat d'alternance unique pour les jeunes apprentis de l'IFAPME et les jeunes sous CISP au sein des CEFA: contrat bipartite, signé entre le jeune et l'entreprise, et qui sera accompagné d'un plan de formation détaillé.

    En ce qui concerne la qualité de formation proposée, nous devons garantir l'accès de l'apprenant en alternance à la certification. Je rappelle que nous poursuivons ici deux objectifs fondamentaux: garantir à tout jeune d'une part, une égalité de traitement quel que soit l'opérateur de formation choisi et d'autre part un objectif d'excellence. En clair, il s'agit tout autant d'élargir la portée de la certification à tous les jeunes que de faire en sorte que ceux qui y ont déjà accès l'obtiennent effectivement.

    Cet accès à la certification pour tous ne pourra se faire qu'en favorisant un rapprochement institutionnel respectueux des spécificités propres de chaque opérateur, représentant de l'enseignement et représentant de la formation, et des champs de compétences des Gouvernements de la Communauté française et de la Région wallonne.

    Pour rappel, à titre expérimental, une collaboration entre l'IFAPME, le Service Formation SFPME-Bruxelles et l'Enseignement de Promotion sociale a été mise en œuvre durant l'année de formation 2006-2007, reconduite en 2007-2008 et cette année encore.

    Ce projet expérimental, qui est soumis à évaluation, a d'ores et déjà démontré que des jeunes peuvent atteindre les mêmes compétences terminales par des parcours différenciés. Toutefois, le coût de ce projet, tant en temps, qu'en personnel et en budget, étant très élevé, il n'est pas envisageable d'étendre cette expérience à l'ensemble des formations de l'IFAPME et du SFPME. Pour garantir à tous les jeunes l'accès à la certification, d'autres dispositifs devront être mis en place.

    Aussi, il est proposé, après une période transitoire et après évaluation, de garantir l'accès direct à la certification (Certificat de l'enseignement secondaire de second degré, Certificat de qualification de l'enseignement secondaire et Certificat de l'enseignement secondaire supérieur via l'Enseignement de promotion sociale ou l'Enseignement de plein exercice) à tous les apprenants en alternance visés par le projet accord.

    Cet accès est conditionné au respect d'une série de conditions à préciser par les Gouvernements et en tout état de cause au respect des missions du Service général d'Inspection de la Communauté française.

    Agir sur la qualité de la formation, implique également d'agir sur la qualité de l'accompagnement du jeune. A ce titre, au niveau wallon, deux leviers sont activés.

    D'une part, au niveau des opérateurs de formation où du côté de l'IFAPME, des moyens additionnels ont été dégagés afin d'accroître le nombre de délégués à la tutelle (+30 à partir de 2009) et du côté des CEFA, où nous proposons de revoir le dispositif wallon d'incitant à la formation en alternance afin de passer d'une logique de prime pour l'opérateur de formation en alternance, à une subvention annuelle octroyée au CEFA dont les montants et les modalités de liquidation seront déterminés par les Gouvernements.

    D'autre part, au niveau des entreprises, le dispositif wallon sera également revu afin que les entreprises puissent bénéficier de la part de la Région wallonne d'un incitant financier destiné, quel que soit l'opérateur de Formation en alternance, à renforcer l'encadrement et le tutorat d'apprenant en alternance. Cet incitant sera conditionné à la garantie d'une qualité optimale de la formation en entreprise.

    La réforme de l'alternance portera également sur la simplification de la gouvernance de l'alternance via la création de la structure unique de pilotage de l'alternance: l'Office francophone de la formation en alternance.

    Cette structure unique de pilotage assurera à la fois des missions consultatives pour les trois Gouvernements et des missions de promotion de l'alternance, de coordination et de gestion.

    Cette réforme ne se fera pas en un jour. Considérant l'étendue des compétences concernées par ces nouvelles orientations pour la Formation en alternance, ainsi que le nombre important de textes légaux visés par ces orientations, le choix d'un accord de coopération-cadre s'est imposé.

    Ce choix implique que les parties signataires s'engagent, dans un délai d'un an à dater de l'entrée en vigueur du présent accord à arrêter, modifier, abroger ou remplacer les législations ou réglementations nécessaires à l'exécution et à la mise en œuvre de cet accord.

    La réforme de la formation en alternance est un projet ambitieux, porteur d'avenir pour l'ensemble des jeunes qui choisissent ou choisiront cette voie d'accès au métier. Ce projet réaffirme notre volonté de faire de la formation en alternance un choix positif pour tous, un choix d'excellence porteur de créativité, d'emploi et d'émancipation sociale.