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Problématique de la croissance des accidents mortels impliquant des motocyclistes sur nos routes.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 122 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 23/12/2008
    • de SENESAEL Daniel
    • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, des Finances et de l'Equipement
    En date du 4 décembre 2008, l'organisation de mobilité Touring a présenté aux autorités compétentes de notre pays un vade-mecum détaillé présentant des mesures visant à renforcer la sécurité des motards par des infrastructures routières mieux adaptées.

    D'après ce rapport, la vente de véhicules à deux roues motorisés a connu une croissance de 30 % ces six dernières années . Actuellement , le nombre d'accidents mortels impliquant des motocyclistes représente 15 % du nombre d'accidents fatals et ce chiffre est en croissance constante. A noter tout de même que dans 80 % des cas , le motard n' est pas jugé responsable de l'accident. Par ailleurs , 28 % des accidents mortels se produisent lors d'une collision avec un obstacle et, dans la moitié des cas, il s' agit de glissières de sécurité non adaptées.

    Touring insiste dès lors auprès des autorités belges pour que des initiatives coordonnées soient prises pour exécuter les directives de la Communauté européenne en matière d'aménagement de l'infrastructure routière en faveur des motocyclistes.

    Les organisations de mobilité envisagent un nombre de mesures dont certaines ne représentent aucun coût . A titre d'exemples, on peut retenir:


    - lors de la construction ou du réaménagement des routes , planter, si possible, les arbres et les poteaux à une distance de 4 mètres de la voie de circulation;
    - placer des glissières de sécurité fermées dans le bas;
    - recourir à des matériaux adaptés et non glissants pour le marquage au sol et le traçage;
    - éviter les panneaux de sécurité dans les virages;
    - délimiter les virages et les routes par un traçage au sol;
    - éviter et/ou supprimer les blocs ou piliers en béton, qu'ils soient bas ou saillants.

    Je ne doute pas que Monsieur le Président a pris connaissance des conclusions de cette étude qui a été rédigée en étroite collaboration avec les plus importantes organisations de mobilité , des fédérations des motards et des experts de la route en Europe.

    Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer si certaines de ces mesures sont d'ores et déjà à l'étude et, le cas échéant , s'il entende prendre des mesures concrètes telles que préconisées ?
  • Réponse du 27/01/2009
    • de DAERDEN Michel

    Je voudrais commencer par dire à l'honorable Membre que la problématique des accidents des motocyclistes sur nos routes fait partie de mes préoccupations et que je cherche toutes les solutions pour améliorer les choses.

    Concernant l'accidentologie spécifique aux motards, il faut savoir qu'une étude très sérieuse et reconnue a été réalisée il y a 2 ans par l'Association des constructeurs européens de motocycles, l'étude « MAIDS » ( Motorcycle Accidents ln Depth Study). Cette étude menée pendant 3 ans sur près de 1.000 accidents recensés dans cinq pays européens a permis de démontrer que la voirie n'est responsable que d'une mineure partie des accidents impliquant un motocycliste et a révélé que le facteur humain et la visibilité du motocycliste étaient prépondérants.

    En effet, parmi les nombreux résultats de l'étude, on peut retenir que:

    - dans 37 % des cas, la première cause de l'accident était une erreur humaine de la part du conducteur du deux-roues à moteur (inaptitude, décision inappropriée, non détection de la présence d'un autre véhicule, ... ) :
    - dans 50 % des cas, la première cause de l'accident était une erreur humaine du conducteur de l'autre véhicule (non détection de la présence de la moto, stratégie inappropriée, effraction au code de la route, ... ).

    Par contre, le mauvais entretien de la route était la cause principale ou l'un des facteurs de l'accident dans seulement 3,6 % des cas.

    De plus, il a été montré que les conducteurs des autres véhicules impliqués possédant un permis deux-roues ont moins de risques de commettre une erreur de perception (par exemple, ne pas détecter la présence du deux-roues ou de son conducteur) que les non détenteurs d'un permis deux-roues.

    Donc, même s'il est effectivement constaté que le nombre d'accidents impliquant un motocycliste est très important, la majorité de ceux-ci n'est pas provoquée par la voirie et son environnement.
    Le contexte ayant été retracé, je vous informe qu'une conférence-débat a été organisée à ce sujet au Parlement fédéral la semaine passée. Il en est également ressorti que si le facteur « environnement» est non négligeable, c'est bien le facteur « humain» qui est prépondérant (erreur de stratégie, vitesse inadaptée, place sur la chaussée, ... ).

    Les recommandations faites ont été donc axées sur l'expérience de conduite, la formation progressive, les vêtements de protection et la sensibilisation aux autres usagers.

    Nonobstant, mon administration a déjà pris certaines mesures dans le domaine où nous pouvons agir, à savoir l'amélioration du facteur « environnement ».

    Ainsi, parmi les mesures que l'honorable Membre préconise, je l'informe que:

    - plus de 60 kilomètres de lisses spéciales pour la protection des motocyclistes ont été placées le long des autoroutes, et ce principalement dans les courbes d'entrée et de sortie;

    - en ce qui concerne le placement de lisses spéciales le long des voiries régionales, le repérage des tronçons à équiper a été réalisé en partenariat avec Fedemot pour les Directions des routes de Liège et de Luxembourg. Les tronçons pourront donc être équipés l'année prochaine. Pour la Direction de Namur, la convention vient d'être passée avec FEDEMOT et les opérations de repérage devraient débuter tout prochainement. Les conventions relatives aux Directions du Brabant wallon, de Mons, de Charleroi et de Verviers vont suivre également;

    - en ce qui concerne la recommandation d'éviter de placer des panneaux de sécurité dans les virages, il faut quand même savoir que le placement de panneaux de type « chevrons» dans les virages est réalisé pour améliorer la sécurité de tous les usagers justement dans les cas où une signalisation uniquement par marquages sur la chaussée s'avère insuffisante. Une alternative dans ces courbes consisterait à placer des signaux à sécurité passive. Ce type de signaux, de conception assez récente, sera testé prochainement, mais leur efficacité devra être prouvée, car ils sont très onéreux;

    - en ce qui concerne l'adhérence sur marquages, le cahier des charges-type RW99 qui définit les prescriptions techniques à appliquer dans le cadre des marchés publics de travaux, impose des valeurs minimales à respecter, qui sont similaires, voire légèrement supérieures à celles des revêtements;

    - toutes les autoroutes et les routes régionales sont marquées, et afin d'améliorer la qualité de ces marquages, j'ai augmenté considérablement le budget alloué annuellement à cette opération. En 2008, le budget alloué pour les marquages des routes était de 3 millions d'euros, il passera en 2009 à 5,5 millions d'euros, tandis que sur les autoroutes il passe de 1,1 million d'euros en 2008 à 2,75 millions d'euros en 2009. Cela permettra d'améliorer nettement la perception visuelle du tracé, et donc la sécurité de tous les usagers dont les motocyclistes font partie.