Opportunité de réserver certains bandes de circulation aux voitures occupées par plus de deux passagers.
- Session : 2008-2009
- Année : 2008
- N° : 124 (2008-2009) 1
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Question écrite du 23/12/2008
- de COLLIGNON Christophe
- à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, des Finances et de l'Equipement
Les incitants aux co-voiturage sont rares chez nous et il me semble intéressant de s'inspirer de ce qui se fait avec succès dans les autres pays. Les anglo-saxons principalement ont développé depuis quelques années des bandes de circulation réservées aux voitures occupées par plusieurs passagers. Appelée « Car Pool Lanes », ou HOV (High Occupancy Véhicules) Lanes , ces artères rencontrent un réel succès.
Ce système présente de multiples avantages selon moi.
Premièrement, il est très souple d'utilisation car il ne nécessite pas d'aménager un site propre, il faut seulement installer la signalisation adéquate et réaliser un marquage spécifique. Comparés au prix du réseau routier, ces investissements sont faibles. De plus, ces voies peuvent être réservées toute la journée, ou seulement pendant les heures de pointe. Les contrôles se font en général via des caméras à l'entrée du site.
Ensuite, dans les pays où le système existe, des études ont démontré que la pratique du co-voiturage augmentait sensiblement (jusqu'à 26 % en Autriche), réduisant de fait les émissions de CO2. Autre effet bénéfique pour les utilisateurs : quand ces voies sont installées à l'entrée des grandes villes, le temps de parcours est significativement réduite pour les voitures utilisant les voies réservées, ce qui constitue un incitant réel en faveur du co-voiturage.
Enfin, l'aménagement de tels axes ne bénéficierait pas uniquement aux particuliers. Les services de transport en commun pourraient également les emprunter, ce qui bénéficierait à leur ponctualité. Les taxis en service pourraient ainsi jouir de cet avantage.
J'ai déjà eu l'occasion d'interroger le Secrétaire d'Etat à la Mobilité à ce sujet et il m'a répondu qu'il pouvait souscrire à cette idée et que la réglementation routière envisageait déjà cet aménagement. En effet, il est prévu de placer en dessous du panneau C5 (accès interdit aux véhicules à moteur à quatre roues) un panneau « excepté 2+ » ou « excepté 3+ ».
Monsieur le Ministre pourrait-il me donner son opinion quant à l'opportunité de créer ce type d'infrastructures chez nous ? Est-il envisageable d'instaurer des zones test pour mesurer et évaluer l'efficacité de ce type de mesure ? Cette possibilité étant déjà prévue dans la réglementation routière, je pense que sa mise en oeuvre pourrait être rapide.
Les expériences étrangères prouvent largement l'utilité de ce type d'infrastructures. Après une phase d'études et d'essais visant à déterminer les endroits les plus adéquats pour installer ces voies et après une campagne d'information en direction du public, les voies destinées aux véhicules à occupants multiples ont prouvé leur efficacité. Pourquoi ce type d'aménagement ne serait-il pas testé chez nous ?
Je pense que l'instauration de Car Pool Lanes en Wallonie s'inscrirait à la fois dans les objectifs de réduction de pollution et, grâce au temps gagné sur les routes, soutiendrait l'effort économique de notre Région.
Réponse du 27/01/2009
- de DAERDEN Michel
En réponse à sa question, je peux confirmer à l'honorable Membre que sa suggestion est bien connue de mon administration.
Pour la création d'une « voie spéciale dédicacée », deux options de base sont à envisager: soit la conversion d'une bande de roulement en « voie spéciale », soit la transformation de la BAU (bande d'arrêt d'urgence) en « voie spéciale », chacune ayant ses avantages et inconvénients. Ainsi, la transformation de la BAU augmente la capacité globale du trafic, mais supprime la bande réservée aux véhicules prioritaires en cas d'incidents. Par contre, la conversion d'une bande de roulement permet de maintenir la fonction de la BAU, mais diminue la capacité de trafic.
La Région s'est inscrite dans la première option le long de la E411 entre Wavre et l'entrée de Bruxelles où la bande d'arrêt d'urgence est maintenant utilisée par les transports en commun qui peuvent ainsi « remonter» les files formées par les automobilistes à l'arrêt lors de la pointe du matin. Il est à noter que dans ce cadre la Région flamande concernée par les derniers kilomètres d'autoroute avant Bruxelles est en train de finaliser des travaux aux abords de la BAU qui vont permettre d'assurer la continuité du site propre entre les trois Régions.
Pour ce qui concerne l'éventualité de réserver une bande de trafic aux seuls véhicules occupés par plus d'une personne, aujourd'hui le code de la route ne permet pas cette éventualité. J'ai noté que l'honorable Membre a établi un contact encourageant à ce sujet avec le Secrétaire d'Etat à la Mobilité en charge de cette matière. En tout état de cause, une modification au code de la route devrait être prévue.
Je pense concrètement que cette possibilité doit être testée en priorité sur des axes soumis à congestion forte, voire à des bouchons, à certains moments de la journée et que le public ciblé devrait essentiellement être constitué par des navetteurs se rendant sur leur lieu de travail. Compte tenu de ces éléments, ce sont les autoroutes radiales vers Bruxelles qui seraient concernées de prime abord. Donc, si les Régions bruxelloise et flamande entraient dans cette logique, j'accueillerais cette démarche avec un a priori favorable.
Il est bien entendu qu'à l'amont, nous devrions constituer des parkings de délestage en capacité suffisante afin de permettre aux co-voitureurs de laisser leur véhicule en toute sécurité pendant la journée.