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La Hesbaye et ses lièvres.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2009
  • N° : 146 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 06/01/2009
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Il y a de moins en moins de lièvres. Depuis des années, les chasseurs n’en tirent plus. La DNF ne dispose d’aucun recensement. On accuse les braconniers : un lièvre se monnaie entre 15 et 132 euros . Et on attire l’attention sur l’agriculture intensive et sur le remembrement des terres comme cause de leur disparition – exposant les lièvres trop aux prédateurs que sont les renards et les corneilles.

    On peut en rire ou en pleurer. Pour ma part, je pense que nous devons déplorer tout appauvrissement de notre biotope et redonner une chance au petit gibier afin d’éviter que nous devons, bientôt, placer le lièvre sur la liste des espèces en voie d’extinction.

    Donner une chance en recréant des habitats qui leurs sont favorables, en imposant un moratoire pour la chasse au lièvre, en procédant à un comptage systématique aussi du petit gibier, en plantant des haies et des tourbières enherbées. Bref, en mettant sur pied un programme de protection pour cette espèce là où elle est menacée.

    Qu’en pense Monsieur le Ministre ? Le lièvre disparaît-il de notre Région ou de certaines des sous régions wallonnes ? Devons-nous en rire ou devons-nous nous charger d’un programme de sauvetage ?
  • Réponse du 29/01/2009
    • de LUTGEN Benoît

    S’il est vrai que, dans certains secteurs de la Région wallonne, les populations de lièvres peuvent être considérées comme faibles, ce n’est nullement vérifié sur l’ensemble du territoire régional. Les statistiques dont nous disposons montrent qu’il faut nuancer ces propos en tenant compte des fortes disparités entre l’ouest de la Région, riche à très riche en lièvres, et l’est de celle-ci, généralement plus pauvre en cette espèce.

    Cette affirmation se base sur des données provenant de deux sources différentes, mais complémentaires : un suivi direct des populations par la méthode de l’Indice Kilométrique d’Abondance (IKA), ainsi qu’un suivi indirect par le biais des statistiques relatives aux prélèvements cynégétiques.

    L’IKA constitue un indicateur de variation d’abondance, qui donne principalement une idée de l’évolution des populations du lièvre à l’échelle de grandes surfaces, dépassant largement le cadre des territoires de chasse individuels. Quant aux prélèvements cynégétiques, il est établi qu’ils constituent un bon indicateur du niveau et de l’évolution des populations de lièvres.

    Ce sont essentiellement les conseils cynégétiques qui participent à la collecte de ces données. La méthode de l’IKA est mise en œuvre à leur échelle depuis 2008. Un argumentaire, la méthodologie et une « fiche de résultats » avaient été envoyés aux conseils cynégétiques à prédominance « petit gibier » en 2007. Ceux qui ont bien voulu participer à l’opération ont également bénéficié d’un phare de comptage, mis gratuitement à leur disposition, et d’un appui technique de la Direction de la chasse et de la pêche.

    Les premiers résultats montrent une forte variation : on observe de 0,9 à 22,5 lièvres par km parcouru. Cette dernière valeur peut être considérée comme particulièrement élevée et indique un excellent état de santé de l’espèce dans certains secteurs.

    Nous disposons d’un recul bien plus important en ce qui concerne les données relatives aux prélèvements cynégétiques. Globalement, ceux-ci ont augmenté six années de suite, au cours des saisons de chasse de 1999-2000 à 2004-2005 ; puis ils ont subi une certaine érosion en 2005-2006 et 2006-2007. Les taux de prélèvement, nombre de lièvres tirés par 100 hectares de territoire de chasse, ont évolué de 4,0 en 1999 à 5,9 en 2006, en passant par un pic de 7,6 en 2004. Sur la période considérée, ils sont en moyenne d’un peu plus de 6 lièvres prélevés par 100 hectares.

    Précisons, d’une part, que ces valeurs sont comparables à ce qui s’observe dans d’autres régions favorables à l’espèce, tant en Belgique qu’à l’étranger et, d’autre part, que les fluctuations observées sont tout à fait typiques chez cette espèce. Les scientifiques indiquent qu’elles sont généralement dues à des facteurs autres que cynégétiques : la mortalité « hors chasse » a pour causes principales le réseau routier, certaines maladies, l'augmentation de la prédation et des pratiques agricoles comme la fauche ou le broyage des surfaces enherbées.

    Au vu de ces données sur les populations et les prélèvements cynégétiques, il n’y a pas lieu de mettre en place un programme de sauvetage de l’espèce.

    Cela ne m’a pas empêché de prendre, depuis le début de cette législature, une série de décisions qui concourent à améliorer les habitats du lièvre. Le renforcement des subsides à la plantation de haies en est une ; l’amélioration plus générale de la prise en compte de la biodiversité dans la réglementation agricole wallonne, dans le cadre fixé par la Commission européenne, en est une autre.

    Les effets de ces initiatives devraient se faire sentir positivement dans les années à venir