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985 Verviétois de plus en un an.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2009
  • N° : 253 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 10/02/2009
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Le 28 janvier 2009 Sudpresse faisait état du fait que la population verviétoise augmentait et vieillissait. Et parmi les communes francophones de l’arrondissement concerné, seules trois voient leur chiffre baisser en un an. Au total, on note une croissance de 1.875 individus. Avec un phénomène interpellant : le retour à Vervier ville, dont la population a augmenté de près de 1.000 habitants.

    Le même mouvement de retour vers le centre s’est marqué pour Dison. Après le pic de 14.385 habitants enregistré en 1994, la commune s’était aussi vidée lentement : il ne restait que 13.887 habitants en 2004. Mais, depuis cinq ans, la remontée est constante et au début de cette année, les Disonais étaient 14.631.

    Comment expliquer cela ?

    Plusieurs facteurs peuvent être avancés, dont

    - une politique de rénovation des bâtiments existants, certains projets immobiliers se concrétisant (mais limités dans leur ampleur vu les terrains disponibles);
    - une volonté de rendre les centres plus propres et plus animés;
    - une structure de population relativement jeune;
    - ou une plus forte natalité au sein de populations immigrées, plus présentes dans le sillon de la Vesdre.

    De plus, la crise incite à réaliser des économies là où l’on peut. Par exemple en se passant d’une auto grâce à la proximité des lignes de bus, des gares et des commerces.

    Monsieur le Ministre prône déjà depuis un certain temps le retour à la ville. J’ai appuyé sa thèse.

    Aujourd’hui, je souhaite interroger Monsieur le Ministre et lui demander s'il constate le même phénomène dans les autres agglomérations de la Région wallonne qu’à Verviers ? Les gens reviennent-ils à Liège, Charleroi, Namur … ?

    Dans l’hypothèse où les mêmes constats ne peuvent pas être faits, comment Monsieur le Ministre explique-t-il alors l’échec politique en la matière malgré les efforts entrepris ?
  • Réponse du 22/07/2009
    • de ANTOINE André

    La réponse à cette question requiert une approche nuancée, à peine de se méprendre tant sur les constats que sur les causes. Je tiens à la disposition de l'honorable Membre les documents cartographiques et les données chiffrées qui permettent d'illustrer mon propos;

    1. Nécessité d'appréhender les statistiques démographiques sur un moyen terme

    Il faut tout d'abord rappeler que l'analyse de l'évolution d'une population ne peut être réalisée que sur un moyen terme. Certes, les tendances à court terme peuvent interpeller, mais il convient toujours de les confirmer sur plusieurs années. Dans le cas de la ville de Verviers, bien que l'on constate une augmentation de la population dans certains quartiers (voir carte du centre de Verviers - annexe 1) il y a lieu de prendre en compte des effets purement statistiques liés notamment à l'ajustement des registres de la population (régularisation des sans papier). En outre, des opérations locales comme la réouverture d'une mairie de quartier peuvent avoir amplifié la correction des statistiques (déclaration de domiciliation). Il faut donc se reporter sur une période plus longue pour apprécier les statistiques démographiques.

    Par ailleurs, le phénomène de croissance semble limité à certains quartiers des centres villes (tant à Verviers qu'à Liège). Ailleurs, dans le même temps, l'on constate des réductions de population dans d'autres quartiers centraux, voire dans les premières et secondes couronnes. Cette localisation pourrait plaider pour des facteurs explicatifs du type « ajustements statistiques» bien que d'autres dynamiques peuvent naturellement accompagner cette augmentation.

    2. Classification des tendances démographiques

    À l'échelle de la Wallonie, la dynamique des populations sur le moyen terme (10 ans) indique clairement une évolution de tendance.

    Jusque dans les années nonante les centres et les premières couronnes perdaient en population. La grande périphérie allait jusqu'à 20 ou 40 km des centres et gagnait en population (voir carte de la CPDT, état du territoire wallon - annexe 2). Ce phénomène est celui de la péri urbanisation qui, avec les coûts de désurbanisation qui en ont découlé, a conduit à mettre en place dès les années septante la politique pour le renouveau urbain.

    On constate depuis le début des années deux mille un double phénomène:

    - d'un côté, la périphérisation est de plus en plus large et devient rurbanisation, elle touche désormais des communes à 50 voire 80 km des centres. Pratiquement l'ensemble des communes wallonnes augmentent donc en population, et ce, principalement en dehors de leur centre ou villages. L'attrait de la campagne reste bien plus vivace que l'attrait de la ville. Il ressort de la dernière enquête sur la qualité de l'habitat effectuée en 2006-2007, à l'initiative du département du logement de la D.G.O.A, auprès de 6000 ménages, que les motivations qui poussent les personnes à souhaiter déménager sont à concurrence de 10.2 % le souhait « d'être en ville » alors que l'item « être à la campagne » recueille, quant à lui, 25.0 % des choix. La ville n'est donc pas encore suffisamment attractive pour bien des ménages;

    - de l'autre, au sein des agglomérations, on assiste à une diminution de population dans les secondes couronnes voire au sein des communes de la périphérie alors que dans le même temps certains quartiers centraux augmentent en population. L'une des explications à ce phénomène réside sans doute dans la hausse sans cesse croissante des personnes isolées qui conduit à un phénomène de regroupement de ce type de ménages dans les centres urbains. Si près d'un tiers des ménages wallons est composé d'une seule personne, l'on comprend aisément que de nombreux propriétaires divisent des bâtiments unifamiliaux en de multiples petits logements aux abords des gares et des équipements collectifs. Il va de soi que la division d'une maison de maître inoccupée ou sous occupée (par exemple par un couple âgé) en de multiples logements de dimensions moindres a immédiatement un impact sur la densité du quartier concerné. L'âge de la population est naturellement une variable qu'il y a lieu de prendre en compte mais, une fois encore, avec nuance. L'attrait de la vie urbaine vis-à-vis des jeunes s'exprime manifestement ans certaines villes comme Liège, Namur ou, peut-être, Verviers. Il en va différemment dans d'autres centres, comme Charleroi;


    3. Classification des effets de la politique de renouveau urbain.

    L'augmentation de population dans les quartiers bénéficiant des aides au renouveau urbain vise principalement à maintenir la population locale (rénovation urbaine) et à inciter les promoteurs à réinvestir dans les centres (revitalisation urbaine). La revitalisation urbaine a ainsi généré bon nombre de projets de construction de logements dans les centres. La production d'immeubles à appartements a également subi une forte augmentation ces dernières années. Elle touche cependant préférentiellement les centres des villes moyennes en y permettant l'accueil de ménages plus âgés ou de jeunes couples.

    Une étude d'évaluation de ces politiques (qui sont de la compétence du Ministre Michel Daerden) a été menée en 2006-2007 par le Centre d'études en aménagement du territoire (CREAT) de l'Université catholique de Louvain : elle a notamment pris pour critère l'évolution de population, sur les périodes 1981, 1991, 2001, au sein des secteurs statistiques concernés par des opérations de rénovation urbaine ou de revitalisation urbaine (voir tableau - annexe 3). Sachant que les opérations n'ont pas toutes débutées à la même période et que certaines d'entre elles ont été ralenties pendant plusieurs années, l'étude met toutefois clairement en évidence que 48 % des opérations de revitalisation urbaine sont menées dans des périmètres de rénovation urbaine.

    Je tiens par ailleurs à rappeler à l'honorable Membre que durant la législature accomplie, j'ai mis en place des outils facilitant à la rénovation de la Ville. J'en veux pour exemple le « périmètre de remembrement urbain » qui vise à faciliter la reconversion urbaine en permettant, à partir d'un avant-projet, de pouvoir définir un périmètre dans lequel on peut s'écarter des différentes couches réglementaires dont la révision prendrait un temps considérable et verrait l'investisseur s'enfuir. Le garde-fou de la procédure est assuré par le Fonctionnaire délégué compétent pour la délivrance de permis dans un tel périmètre. Autre exemple de mesure facilitant la reconversion : les sites à réaménager au sein desquels les permis peuvent être octroyés sur base de l'article 127, § 3 (plus besoin de PCAD pour reconvertir notamment des friches industrielles sises dans les centres-villes). Je tiens également à rappeler ma volonté de ne pas voir de nouvelles implantations commerciales se développer en périphérie des centres, ce qui favoriserait l'éclatement urbain.

    Cependant, ces mesures sont assez récentes et leur impact quantitatif sur le maintien ou la croissance de population des villes n'est pas encore mesurable aujourd'hui.