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Un million de Belges analphabètes.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2009
  • N° : 80 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 19/02/2009
    • de STOFFELS Edmund
    • à DONFUT Didier, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Le Fonds de la Poste pour l’alphabétisation a dressé le bilan de son opération de fin d’année : plus de 20 millions de timbres de Noël ont été vendus et utilisés entre 1er décembre et le 2 janvier.

    À raison de deux cents reversés au Fonds pour chaque timbre vendu, ce sont 419.267 euros qui ont été récoltés. Une somme doublée par la Poste, soit un total de 840.000 euros. L’argent servira à mettre en place des projets d’alphabétisation. La Fondation Roi Baudouin, qui gère le Fonds, a lancé un appel à projets à destination des associations. Date de clôture : en avril.

    En Belgique, près d’un million de personnes ont du mal à lire et à écrire. D’où des difficultés pour trouver un emploi, lire un mode d’emploi, aider les enfants, …

    Monsieur le Ministre peut-il nous préciser les données pour la Région ? Peut-on procéder à une simple extrapolation des données fédérales vers l’entité régionale ? En d’autres termes, quelle est l’ampleur du problème en Région wallonne ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous expliquer aussi comment il est possible que, dans notre pays, autant de gens éprouvent de sérieuses difficultés en lecture et en écriture ? Il s’agit de gens qui ont suivi l’enseignement primaire et secondaire. Comment est-il possible que des gens reçoivent un diplôme de fin d’études alors qu’ils sont plutôt analphabètes ?

    Quels sont les moyens mis en œuvre pour lutter contre l’analphabétisme ? Quels en sont les coûts ?
  • Réponse du 11/03/2009
    • de DONFUT Didier

    Comme l'honorable Membre, j'ai pris connaissance des montants alloués par la Poste au Fonds qu'elle consacre à l'alphabétisation, grâce au succès rencontré par la vente des timbres de Noël et je me réjouis de cet apport complémentaire.

    Je ne doute pas que la Fondation Roi Baudouin, à travers l'appel à projets, renforcera le soutien des pouvoirs publics aux organismes qui œuvrent au quotidien pour l'alphabétisation.

    Pour ce qui concerne les données disponibles pour la Région wallonne, un état des lieux est publié chaque année par le Comité de pilotage mis en place par l'accord de coopération entre la Région wallonne, la Communauté française et la Commission Communautaire française de la Région de Bruxelles-capitale.

    L'édition 2007 de cet état des lieux présente une analyse des besoins fondée sur les statistiques de la Communauté française, relatives à l'obtention du Certificat d'études de base (CEB), d'une part, et, d'autre part, les données de la dernière enquête socio-économique générale permettant de mettre en évidence les parcours de scolarisation et la situation sur le marché du travail des personnes qui n'ont pas le CEB, en proposant une analyse géographique plus fine.

    Selon les données de l'enquête socio-économique générale de 2001, 3,4 % des personnes de 18 à 64 ans déclarent ne pas avoir suivi d'enseignement et 9% des adultes d'âge actif déclarent avoir au maximum leur CEB. Il convient aussi de souligner que certaines de ces personnes, qui ne maîtrisent pas ou plus les compétences correspondant au CEB, sont potentiellement concernées par les actions d'alphabétisation. On peut donc estimer à environ 300.000, le nombre de personnes concernées en Wallonie.

    L'honorable Membre pourra mieux prendre connaissance des données précises en consultant t'Etat des lieux intégral sur le site de l'Education permanente du Ministère de la Communauté française http://www.educperm.cfwb.be .

    Pour ce qui concerne la question relative au nombre important de personnes qui éprouvent des difficultés en lecture et en écriture et qui ont pourtant suivi un enseignement primaire et secondaire, je renvoie l'honorable Membre à la réponse que j'apportais, récemment, à sa question écrite n° 48 relative aux inégalités sociales en matière d'enseignement.

    Enfin, pour ce qui concerne la question relative aux moyens mis en œuvre pour lutter contre l'analphabétisme, j'ai cité plus haut l'accord de coopération sur l'alphabétisation des adultes conclu en 2005 entre la Région wallonne, la Communauté française et la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale.

    Pour rappel, cet accord de coopération vise à mieux coordonner les politiques en matière d'alphabétisation d'adultes et prévoit:

    - la tenue d'une conférence interministérielle annuelle ;
    - l'institution d'un Comité de pilotage permanent sur l'alphabétisation des adultes, installé depuis juin 2005, qui est composé, entre autres, de représentants des Administrations de la Communauté française (Enseignement de promotion sociale, Education permanente, Egalité des chances), de la Région wallonne (Action sociale, Formation professionnelle, Forem Conseil), de la CoCoF (Cohésion sociale, Formation professionnelle, Bruxelles formation) ainsi que de représentants du réseau associatif (Ure et Ecrire). Sont associés aux travaux des observateurs de l'Observatoire des politiques culturelles (OPC), la Commission consultative Emploi-Formation-Enseignement (CCFEE) et l'Institut wallon de l'évaluation et de la prospective et de la statistique (IWEPS) ainsi que des représentants de chacun des niveaux de pouvoir signataires de l'Accord. Il peut, en outre, inviter des experts extérieurs à ses membres en fonction des thématiques abordées et il peut mettre en place des groupes spécialisés. Le Comité de pilotage est composé de 12 représentants ayant voix délibérative et 6 représentants ayant voix consultative. Il se réunit au moins quatre fois par an.

    C'est ce Comité de pilotage qui a en charge la réalisation de l'état des lieux annuel et dont je livrais à l'honorable Membre quelques résultats ci-dessus.

    Un troisième état des lieux est actuellement en cours de finalisation.

    En 2008, le Comité de pilotage a travaillé sur les concepts et une méthode de collecte harmonisée des données indispensables à la réalisation de l'état des lieux annuel avec des données pertinentes et comparables d'année en année.

    Sur base d'une étude de faisabilité, le Comité de pilotage envisage la construction d'un questionnaire harmonisé afin d'aboutir, à moyen terme, à une base de données propre au secteur de l'alphabétisation. Une proposition en ce sens sera à l'ordre du jour de la prochaine conférence interministérielle.

    Le Comité de pilotage a, en outre, proposé la mise en place d'un dispositif coordonné de plates-formes territoriales qui permettrait, pour chaque zone, de réunir non seulement les acteurs compétents au niveau de la remédiation, mais aussi ceux qui sont davantage liés aux enjeux de prévention et de détection.

    Ce type de coordination territoriale devrait permettre également de mesurer les besoins exprimés ou détectés en matière d'alphabétisation alors qu'actuellement les besoins ne peuvent être estimés qu'à partir d'indicateurs théoriques tels que l'obtention du CEB.

    Ce dispositif, qui a reçu l'accord de la Conférence interministérielle du 22 février 2008, devrait être mis en place en Wallonie dès cette année.

    Le projet d'un site portail dédié à l'alphabétisation est également porté par le Comité de pilotage.

    Enfin, une subvention de 150.000 euros a été allouée en 2008 par mon département à l'ASBL Lire et Ecrire dans le cadre du développement d'actions spécifiques au bénéfice de personnes belges, étrangères ou d'origine étrangère en décrochage social et/ou en processus d'insertion sociale. Ce montant est réparti de ta manière suivante: 12.500 euros pour Lire et Ecrire Wallonie et 17.187,50 euros pour chacune de ses régionales.

    Par ailleurs, pour appuyer l'action développée par Lire et Ecrire dans ce cadre, l'asbl a pu bénéficier dans le cadre de la mesure 2.4 du plan Marshall d'un poste APE par régionale, soit un total de 8 postes APE.

    J'ai en outre complété ce dispositif par une subvention de 66.000 euros, répartie sur les régionales de Verviers, Charleroi - Sud Hainaut et Centre-Mons-Borinage, qui éprouvaient des difficultés à faire face au complément salarial APE nécessaire.