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Le miscanthus

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2009
  • N° : 239 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 07/04/2009
    • de SENESAEL Daniel
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Monsieur le Ministre sait que les énergies vertes est une thématique qui me tient particulièrement à cœur. Aussi, j'interviens régulièrement au sujet du miscanthus. Cette plante pourrait être promise à un bel avenir dans le cadre de l'utilisation de sa biomasse comme énergie alternative.

    Pour l'heure, on en compterait une soixantaine d'hectares en Région wallonne. Cette graminée rhizomateuse pérenne se récolte au début du printemps. Et c'est justement la récolte qui poserait problème. En effet, elle peut s'effectuer à l'aide d'ensileuses. Le problème est que la matière ainsi récoltée est très peu dense de l'ordre de 100 kg/m³. Cela provoque des problèmes logistiques (transport, stockage).

    L'autre voie consiste à faucher, andainer puis presser le miscanthus. On obtient dans ce cas des balles dont la densité peut aller jusqu'à 300 ou 400 kg/m³. Cependant, le fait de faucher le miscanthus, de le conditionner au sol et de le reprendre avec la ramasseuse occasionne des bris de matière qui entraînent une perte.

    Au Grand-Duché, un système original aurait été mis au point pour associer les avantages des deux méthodes.

    Monsieur le Ministre, ce système de récolte va-t-il se développer dans le domaine ? La Région wallonne compte-t-elle s'inscrire dans cette dynamique de recherche ? Ou en est-on dans le système de plantation des rhizomes?

    Pourrait-on voir la récolte de miscanthus s'améliorer chez nous dans les années à venir ?

    Complémentairement, le miscanthus est-il en voie de s'étendre en Wallonie ? Durant le mandat de Monsieur le Ministre, quelles ont été les actions concrètes que il a initiées afin de d'ouvrir la porte à ce type de culture en Région wallonne ?
  • Réponse du 20/04/2009
    • de LUTGEN Benoît

    Comme l'honorable Membre, je suis sensible au développement des énergies renouvelables et plus encore lorsque ce développement permet de créer une diversification aux productions agricoles.

    En réponse aux interrogations techniques sur cette culture, je tiens à préciser que la récolte du Miscanthus ne représente pas un problème majeur mais il faut veiller à faire un conditionnement du produit récolté qui correspond au type de valorisation prévue.

    La récolte par ensileuse sans modification (en vrac, densité de 100kg/m³) se justifie uniquement lorsque la valorisation se fait près du lieu de récolte. Le Miscanthus est alors soufflé dans une remorque en mouvement à côté de l’ensileuse.

    Si la valorisation se fait plus loin, la récolte en ballots est plus adaptée. Le Miscanthus peut être récolté à l’aide d’une ensileuse classique dont on a retiré un couteau sur deux au niveau du rotor. Dans ce cas, les brins sont plus longs et peuvent être ballotés facilement. La densité peut alors atteindre 300 à 400 kg/m³ en fonction de la pression et de l’humidité du Miscanthus au moment de la récolte. Des récoltes ont été effectuées il y a deux semaines dans l’ouest du Hainaut sur deux sites à des teneurs en humidité de 12 à 14 % ce qui permet une conservation optimale.

    La technique expérimentée au Grand Duché du Luxembourg consiste à hacher le Miscanthus et le souffler directement dans une presse adaptée, sans que le produit ne retombe au sol. Cette technique est tout à fait accessible chez nous vu le peu de modifications que cela implique.

    Au niveau de la culture, c’est plutôt la plantation des Rhizomes qui est plus contraignante que la mise en place d’une semence ou d’un plant de pomme de terre. Les délais entre l’arrachage des pieds mères, le conditionnement des Rhizomes et leur plantation doit être le plus court possible pour favoriser le taux de reprise et des précautions sont nécessaires pour maintenir l’humidité et les réserves du Rhizome. Vu l’hétérogénéité de forme et de taille des Rhizomes, des progrès sont encore nécessaires pour améliorer la mise en place de la culture.

    Mais, très clairement, Le principal frein à la culture du Miscanthus reste, pour le moment, le prix de l’implantation (4000 – 5000 euros/hectares dont plus de 80 % pour l’achat des rhizomes).

    Afin de favoriser l’émergence de cette filière porteuse d’avenir, j’ai octroyé en 2008 une subvention de deux années pour un montant de 191.000 euros à ValBiom et au Centre Indépendant de Promotion Fourragère (CIPF). Ce projet est développé en partenariat avec les sociétés Granubois qui étudiera le volet conditionnement et Carmeuse le volet combustion.

    Dans le cadre de ce projet, des recherches seront développées sur les conditions d’une bonne implantation de la culture, l’augmentation du taux de reprise des Rhizomes, sur la protection contre les adventices au cours des deux premières années, sur la conservation de la matière sous forme de vrac ou de ballots, sur les différentes techniques de récolte, sur la granulation et la valorisation en combustion.

    De plus, une entreprise horticole localisée à Velaine sur Sambre a été reconnue comme centre de référence en 2007 pour la production de Rhizomes et l’implantation de la culture. La production de Miscanthus sur le terrain de cette entreprise devrait permettre l’économie de 100.000 litres de mazout destiné eu chauffage des serres.

    L’intérêt pour cette culture est manifeste. Plus de 250 personnes ont participé la semaine dernière à une journée technique sur la récolte du Miscanthus à Amiens, dont une soixantaine de belges présents dans le cadre d’une visite organisée par ValBiom et le CIPF.

    Je ne doute donc pas qu’au fur et à mesure que les techniques de plantation et de récolte s’affineront les exploitants agricoles adopteront cette culture comme diversification de leurs productions et comme participation à la production d’énergie agricole renouvelable.