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Menace de disparition qui pèse sur les abeilles

  • Session : se2009
  • Année : 2009
  • N° : 48 (se2009) 1

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  • Question écrite du 17/09/2009
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Depuis quelques années, un affaiblissement et une surmortalité des colonies d’abeilles domestiques sont constatées en particulier dans plusieurs états européens ainsi qu’aux Etats-Unis.

    De nombreux pays ont été victimes de ce phénomène à partir des années 2000. Les études scientifiques disponibles à ce jour, mettent en évidence différentes causes à cet affaiblissement : les maladies des abeilles, les pesticides, les conditions environnementales, …

    Le Ministère de l’agriculture français, saisi de l’urgence de la situation vécue sur son territoire, se charge de structurer la filière apicole autour d’une interprofession et d’un institut technique pour soutenir techniquement la filière.

    Ce phénomène d’affaiblissement des colonies d’abeilles domestiques et sauvages est-il également observé sur le territoire Wallon ? Est-il quantifiable ? Une étude particulière est-elle menée sur le sujet ?
  • Réponse du 08/10/2009
    • de LUTGEN Benoît

    Comme l’honorable Membre, je suis très attentif au devenir du secteur apicole, acteur important de la préservation de la biodiversité mais aussi indicateur de sa qualité.

    Deux phénomènes au moins sont à l’origine des problèmes de surmortalité et d’affaiblissement des colonies d’abeilles mellifères.

    Le premier est lié à la varroase, maladie provoquée par un parasite transmis à l’abeille mellifère par une abeille indienne (Apis ceranae). Ce parasite non naturel de l’abeille mellifère nécessite une lutte constante afin d’éviter la mortalité des colonies. La varroase tue toujours des colonies, dans notre pays comme ailleurs. Le nombre de médicaments vétérinaires spécifiquement destinés aux ruches est relativement limité et le nombre de vétérinaires formés à la pratique apicole est actuellement très restreint.

    Le second phénomène est l’effondrement des populations des ruchers. Il est caractérisé par l’absence d’abeilles mortes, et par une colonie composée uniquement de jeunes abeilles, en nombre insuffisant pour couvrir le couvain (ensemble des œufs et larves de la colonie), et ce malgré la présence d’une reine fertile et en bonne santé.

    Ce dernier phénomène est caractérisé par le grand contraste entre ruchers indemnes et ruchers touchés, ces derniers l’étant souvent à 100 %, avec des mortalités atteignant les 80 à 90%.

    Ce phénomène inquiète particulièrement les apiculteurs car ils ne peuvent le maîtriser. En effet, si un traitement correctement réalisé, et appliqué au bon moment, il permet de prévenir la varroase, il n’existe par contre aucun moyen radical de se prémunir de la disparition des abeilles.

    Plusieurs études ont eu lieu à la demande de la Région wallonne ; elles ont été réalisées soit par le centre apicole de recherche et d’information de Louvain-la-Neuve (CARI), soit par le département d’entomologie fonctionnelle et évolutive de la Faculté agronomique de Gembloux.

    Lors de l’enquête CARI (2003-2004), 319 ruchers avaient fait l’objet d’un suivi, une enquête approfondie ayant porté sur 36 ruchers.

    L’enquête générale montrait que, lors de l’hiver concerné, 15 % des colonies étaient mortes et 16% des colonies affaiblies, soit 37 % des colonies présentant un problème.

    L’étude 2004-2006 de Gembloux a enquêté auprès de 84 ruchers et a effectué un suivi régulier de 15 ruchers ; elle concluait à un taux de mortalité de 16%, ce qui est cohérent par rapport à l’étude précédemment citée – elle ne comptabilisait pas les affaiblissements. Dans le cadre de cette dernière étude, des analyses ont été réalisées par le CART (Centre d’analyse des Résidus en traces) de l’Université de Liège ; elles ont porté sur les résidus dans la cire d’abeilles, dans le miel ainsi que, ultérieurement, dans le pollen. Elles montrent, dans les matrices apicoles, la présence de pesticides utilisées par l’apiculteur (résidus de traitement de la varroase) mais aussi, dans de rares cas, de résidus de pesticides agricoles. De telles études de résidus ont également été réalisées en France par l’AFSSA, avec les mêmes résultats.

    Cette année, les problèmes de surmortalité et d’affaiblissements ont été beaucoup moins nombreux dans notre pays ; la disparition des abeilles n’en a pas pour autant complètement disparu de notre Région où plusieurs cas ont été enregistrés.

    Quant à l’organisation de la filière : les apiculteurs wallons sont, comme en Flandre et à Bruxelles, regroupés au sein de différents syndicats apicoles. Ces syndicats sont chapeautés par une coupole nationale, la Fédération des apiculteurs de Belgique (FAB). Ces organisations éditent des bulletins, organisent des écoles (qui sont très souvent des ruchers-écoles) et des conférences, mettent du matériel à disposition de leurs membres et les assurent en responsabilité civile. L’apiculture est en outre soutenue par un centre technique, le CARI à Louvain-la-Neuve, qui publie notamment un périodique de conseils (ActuApi), réalise des analyses de qualité du miel etc., et par la Faculté de Gembloux qui réalise actuellement, sous convention fédérale, des recherches en matière de pathologie, et sur les virus en particulier.

    Enfin, j’ai signé en début d’année avec le CARI une convention portant sur l’engagement d’une personne à 4/5ème temps pendant 18 mois ; cette convention couvre divers thèmes, notamment la problématique vétérinaire précédemment évoquée, le suivi des problèmes de dépérissement en Région wallonne et, surtout, la diffusion d’un Guide de bonnes pratiques destiné à épauler le secteur dans sa mise en conformité avec la législation relative à la sécurité alimentaire.

    Je reste particulièrement attentif à ce problème. Les abeilles étant les sentinelles de l’état de notre environnement.