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Le tram à Liège

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 23 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 08/10/2009
    • de BORSUS Willy
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le 5 décembre 2008, le Gouvernement wallon lançait son « plan anti-crise » contenant notamment de lourds investissements en matière de transports en commun. Pour l’agglomération liégeoise, le Gouvernement confirmait l’investissement dans une ligne de tram « Jemeppe-Herstal » à hauteur de 500 millions d’euros. Le retour du tram à Liège était annoncé pour 2013, ce dont on ne peut que se réjouir bien évidemment.

    Lors d’une réponse à une question écrite, le prédécesseur de Monsieur le Ministre précisait que la SOWAFINAL avait été mandatée, le 24 juillet 2008, pour le montage financier de cette opération. Par ailleurs, outre une première étude théorique, une étude plus approfondie sur les aspects techniques et financiers fut commandée à cette même date.

    La DPR de juillet 2009 précise sur ce point : « à Liège, le développement progressif d’un réseau de tram – selon un tracé à concerter – en complémentarité avec les autres moyens de transport ; ».

    A la faveur d’une interview parue le 22 septembre 2009 dans la presse, Monsieur le Ministre précisait le point suivant : « Des études ont été faites, d’autres sont en cours. Il faut rediscuter sur le tracé exact, se mettre d’accord sur une méthodologie et avancer pour ne plus trop reporter sa mise en œuvre. ».

    Monsieur le Ministre peut-il nous dresser l’état actuel d’avancement de ce dossier ?

    Plus précisément, Monsieur le Ministre peut-il confirmer les montants engagés lors du Gouvernement du 5 décembre 2008 ainsi que le mandat à la SOWAFINAL concernant le montage financier pour cet investissement ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous préciser où en sont les diverses études ? Monsieur le Ministre parle d’ « études » en cours. De quelles études s’agit-il ? N’y a-t-il pas une surinflation d’études dans ce dossier ? Cumulativement, combien ont déjà coûté ces études pour les finances publiques ?

    La DPR parle d’un « tracé à concerter », cela veut-il dire que l’axe Jemeppe-Herstal est remis sur le métier ? Concernant la perspective de voir arriver un « réseau » de tram à Liège, la DPR semble être très ambitieuse au vu des coûts que cela engendre. Monsieur le Ministre peut-il préciser cet aspect ?

    Par ailleurs, concernant la « méthodologie », Monsieur le Ministre peut-il préciser ses propos ? Les propos de Monsieur le Ministre repris dans la presse le 22 septembre sont-ils révélateur d’un dossier devant encore faire l’objet d’arbitrages de méthodes ? La procédure DAR est-elle visée ici ?

    Enfin, le prédécesseur de Monsieur le Ministre avait avancé la date de 2013 pour l’inauguration du tram. Est-ce tenable comme date butoir ? Monsieur le Ministre peut-il confirmer ou préciser l’échéancier actuellement prévu ?
  • Réponse du 04/11/2009
    • de HENRY Philippe

    En réponse à sa question, j'ai l'honneur de porter à la connaissance de l'honorable Membre les informations suivantes.

    Sur le financement tout d'abord.

    La piste " Sowafinal " envisagée un instant pour financer le projet a été abandonnée. C'est ta piste du recours à un mécanisme de partenariat public-privé (PPP) qui a été retenue par le Gouvernement précédent début 2009, La SRWT a été chargée par le Gouvernement de lancer un appel afin d'identifier un conseil spécialisé, puis de sonder le marché, parallèlement à des démarches à entreprendre vers la Banque Européenne d'investissement. C'est fin 2010 que le choix du partenaire privé sera effectué.

    J'en viens aux études.

    Un investissement de cette ampleur doit pouvoir s'appuyer sur des outils d'aide à la décision adaptés. La toute première étude qui a abordé la question de façon très générale fut l'étude dite " Sémaly-Transitec ", réalisée en 2000 et 2001. Elle a déterminé que, sur certains axes forts du réseau urbain liégeois, le potentiel pour un mode de transport à plus grande capacité que l'autobus existe bien, puis a procédé à une première comparaison encore très brute entre les différents modes alternatifs à l'autobus possibles, Cette étude a coûté à l'époque 52.000 euros, TVAC.

    Le 19 avril 2007, le Gouvernement mandatait la SRWT pour réaliser une étude relative aux modes structurants dans trois villes wallonnes (Liège, Namur et Mons). Pour Liège, cette étude a validé la nécessité de recourir au tram pour permettre d'éviter l'engorgement total du trafic bus puisque ce mode est arrivé aujourd'hui déjà à saturation sur certaines portions du réseau urbain liégeois. Cette étude a été financée par la SRWT. Outre la validation éventuelle d'un changement de mode de transport public, cette étude avait pour vocation de procéder à de premières simulations de coûts d'investissement et d'exploitation. Pour le tram de Liège, elle n'a abordé que l'axe de fond de vallée Jemeppe - centre de Liège-Herstal.

    Puis en 2007, la Région a lancé l'étude du Plan urbain de mobilité (PUM) de l'agglomération liégeoise. Portant sur les 24 communes de l'agglomération, cette étude couvre un champ très vaste englobant également la dimension Aménagement du Territoire, L'étude complète du PUM a coûté 242.000 euros TVAC. Dans ce cadre, un volet a porté spécifiquement sur le tram. Ce volet " tram" du PUM affine donc la première approche faite dans l'étude de la SRWT, en explorant, par exemple, de nombreuses variantes possibles de tracés ne se limitant pas au seul axe de fond de vallée mais considérant d'autres axes forts où ['introduction du tram est pertinente. Son coût, dérisoire, est de 30.000 euros TVAC.

    Un avenant à cette étude a également été conclu pour étudier, vu l'urgence liée au calendrier Feder, le choix de tracé à privilégier pour desservir la nouvelle place des Guillemins. Cet avenant « Guillemins » a coûté 15.000 euros TVAC.

    Le tracé choisi dans un premier temps par le Gouvernement se limitait, on ra vu, à l'axe de fond de vallée. Or, les études montrent bien qu'il serait préférable, si l'enveloppe prévue pour la première phase le permet, d'amorcer dès que possible un deuxième axe transversal à la vallée de manière, entre autres, à permettre une vraie réforme du réseau d'autobus favorable à de bien meilleures performances du système global de transport. C'est donc vers l'évaluation des possibilités en ce sens que vont s'orienter les travaux dans les prochains mois.

    En termes de coûts d'exploitation, il faut souligner une des conclusions de l'étude la SRWT : passé un certain plafond, il est moins cher (et par ailleurs bien plus confortable pour les voyageurs, ce qui est loin d'être un détail) d'assurer le transport par tram que par autobus (hors investissement bien entendu). Or ce plafond est déjà dépassé sur certains tronçons du réseau liégeois.

    Il faut également tenir compte d'un effet qui s'est toujours vérifié dans les villes françaises ayant réintroduit le tram ces dernières années: dans un délai de 3 à 10 ans suivant l'introduction du tram, la clientèle globale du réseau concerné augmente 40 à 60%, s'ajoutant à la tendance forte à l'augmentation de clientèle de l'ordre de 8 à 10 % par an observée depuis 2002. Le calcul de fréquentation potentielle du réseau doit donc intégrer cette variable et ne pas se limiter à la seule observation des flux actuels.

    Enfin, le tram est un véritable outil de structuration du territoire urbain. Par ailleurs l'amélioration des transports publics et des autres modes durables permet de réduire la pression automobile tout en améliorant l'accessibilité globale de la zone.

    C'est donc également dans cette double perspective qu'il convient d'apprécier la pertinence du projet de tram, maillon d'une politique globale de mobilité urbaine et de structuration du territoire.

    Ma volonté est de créer autour du projet le plus large assentiment. Dans ce cadre, le recours à une procédure de type DAR serait sans doute la plus mauvaise des idées car elle créerait un climat de suspicion autour de ce projet qui pour réussir doit, je le répète, être porté par le plus grand nombre.

    Quant à la date de 2013 pour la mise en service des premiers trams, avancée par mon prédécesseur, elle me paraît pour le moins optimiste puisque dans le calendrier actuel, le début des travaux est prévu pour 2012.