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Prolifération de la rouille grillagée qui contamine les poiriers à haute tige du Pays de Herve

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 16 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 09/10/2009
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Comme Monsieur le Ministre le sait, la rouille grillagée est un champignon qui vient menacer les arbres fruitiers. Il cause la perte des feuilles et donc une diminution du rendement de ces arbres. Parfois, ce champignon est même carrément à l'origine de la mort de l'arbre.

    La rouille grillagée se développe sur un hôte primaire bien connu : le genévrier. Le champignon hiverne en effet sur cette plante avant que, à la fin du printemps, les spores libérées soient transportées par le vent et infectent, en empêchant la photosynthèse de leurs feuilles, les arbres à hautes tiges dont les victimes principales sont les poiriers. En d'autres termes, si la rouille grillagée se développe et vient infester et détruire un poirier, c'est que, invariablement, un genévrier malade doit se trouver dans les environs.

    Cette maladie fait des ravages énormes, notamment dans les cultures fruitières du pays de Herve. Si l'image désolante de poiriers malades vient bien sûr dénaturer le paysage et porte un coup de butoir à l'image et au rayonnement touristique du pays de Herve, je m'inquiète également pour l'économie de la région et plus particulièrement pour les nombreuses siroperies censées cueillir, à cette époque, le fruit d'une année de travail.

    Le domaine de la santé des végétaux est une compétence fédérale tandis que des mesures de limitation du commerce de genévrier nécessiteraient, quant à elles, l'approbation de la Commission européenne. La problématique est donc complexe et nécessite un accord, si possible rapide, à différents niveaux de pouvoir.

    Monsieur le Ministre a-t-il contacté le Service publique fédéral de la santé publique afin de trouver une réponse adéquate à ce problème récurrent ? Quelles sont les modalités de cette réponse ? Sinon, quand compte-t-il prendre une initiative à cet égard, à travers le Comité de concertation, par exemple ?

    Est-il dans les projets de Monsieur le Ministre de rencontrer les producteurs qui souffrent de ce fléau afin d'entendre leurs revendications (replantation, manque à gagner…) ? Un soutien de la Région wallonne est-il concevable ? Sous quelle forme ?

    La limitation du développement du genévrier est possible au travers d'arrêtés communaux. Ne serait-il pas intéressant, par un courrier et dans le plus grand respect de l'autonomie communale, de sensibiliser les communes touchées afin de leur proposer d'inscrire l'interdiction de la plantation du genévrier dans le cahier des prescriptions urbanistiques ?



  • Réponse du 03/11/2009
    • de LUTGEN Benoît

    La rouille grillagée du poirier, répondant au nom scientifique de Gymnosporangium fuscum, est un champignon qui a la particularité de réaliser obligatoirement une partie de son cycle biologique sur une plante hôte secondaire qui est le genévrier, ce qui signifie que la maladie se transmet uniquement du genévrier au poirier et non de poirier à poirier. L’importance des attaques est conditionnée par les périodes pluvieuses du printemps. A noter aussi que le genévrier commun et ses formes domestiques n’hébergent pas la maladie.

    Sur la question de la limitation du genévrier, il semble assez évident que l’éradication du genévrier (hôte alterne du pathogène) est la mesure la plus efficace pour réduire l’incidence de la rouille grillagée, mais avec quelques nuances quant à l’applicabilité de cette mesure :

    1° le genre Juniperus (genévrier), comporte différentes espèces, et différentes variétés au sein de chaque espèce. Le niveau de sensibilité à la rouille est très variable, avec des variétés résistantes qui donc ne servent pas d’hôtes alternatifs. Il n’est donc pas raisonnable de recommander une éradication systématique (même si apparemment beaucoup de variétés ornementales sont sensibles), mais uniquement une éradication des plants dont on constate qu’ils sont contaminés par la rouille ;

    2° il ne semble pas y avoir de consensus sur le rayon dans lequel les genévriers sensibles devraient être éliminés (entre 50 et 500 m), ce qui nécessite donc une analyse scientifique préalable si on veut limiter à l’indispensable les mesures envers la population sans en freiner l’efficacité.

    Par ailleurs, comme l’évoque l'honorable Membre, il est possible de limiter le développement du genévrier d’ornement, au travers d’arrêtés communaux. La possibilité existe d’en interdire la plantation dans le cahier des charges des prescriptions urbanistiques. C’est le cas de la commune de Dalhem depuis 2005.

    Le problème de la rouille grillagée est donc récurrent et complexe car différents niveaux de pouvoir sont concernés. Cependant, la répartition des compétences ne peut pas être un frein à la prise de mesures face à ce fléau qui contamine nos poiriers hautes tiges qui composent le patrimoine de notre Pays de Herve. C’est pourquoi, j’ai donné instruction à mon Administration de préparer un projet d’arrêté d’exécution sur base de la loi régionalisée de 1971 sur lequel le Conseil d’Etat rendra un avis. J’espère que le Gouvernement wallon pourra adopter rapidement un arrêté, ce qui permettra de prendre des mesures efficaces contre la rouille grillagée et de protéger ce patrimoine agronomique.

    Quant aux revendications du secteur, je n’ai pas à ce jour connaissance d’un courrier des producteurs faisant part des difficultés générées par cette maladie. Je suis bien sûr disposé à les recevoir afin d’apporter les meilleures réponses à ce problème, dans les limites de mes compétences.