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Chlore dans les piscines - suite des études.

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 13 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 12/10/2009
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Il y a quelques années, une étude avait été menée sur l'évaluation des risques d'asthme et d'allergie liés à la fréquentation des piscines chlorées intérieures et extérieures pendant l'enfance. Les avis du groupement belge des Pneumo-Pédiatres et de la Société belge de Pneumologie avaient également été sollicités.

    Si la pratique de la natation n'était nullement déconseillée, il était pourtant recommandé de fréquenter des piscines bien contrôlées et bien ventilées.

    De nouvelles études concernant la problématique du chlore dans les piscines et ses effets sur la santé des enfants ont-elles été menées ces derniers mois en Région wallonne? Une corrélation entre la fréquentation des piscines et d'éventuelles maladies pulmonaires ou affections allergiques a-t-elle pu être établie?

    Quel bilan peut-on tirer des contrôles effectués dans les différentes piscines en Région wallonne?

    Peut-on estimer que les normes sont bien respectées en Région wallonne? Que se passe-t-il dès lors que les normes ne sont pas respectées?

    Enfin, Monsieur le Ministre estime-t-il que les usagers des piscines publiques sont suffisamment informés sur le respect des normes en matière de contrôle et de ventilation pour ce qui concerne le chlore?
  • Réponse du 18/11/2009
    • de ANTOINE André

    Je remercie l’honorable Membre pour l'intérêt qu'elle voue au bien-être des usagers des piscines chlorées.

    Je me permets de rappeler que les conventions sectorielles relatives aux bassins de natation ne relèvent pas de mes compétences. Aussi, mon collègue, le Ministre Henry, sera certainement en mesure de venir apporter de plus amples informations afin de compléter ma réponse.

    Le postulat qui a suscité le plus d'intérêt au cours des dernières années est « l'hypothèse de l'hygiène », prétendant que l'augmentation des maladies allergiques dans les pays dits industrialisés serait due à une diminution de l'exposition des enfants à des agents infectieux.

    C'est dans ce cadre que mes collègues, la Ministre Fonck, en charge de la Santé et le Ministre Lutgen en charge de l'Environnement, ont commandé une étude, en 2006, au professeur Alfred Bernard de l'Unité Toxicologique de la Faculté de Médecine de l'Université catholique de Louvain.

    Cette étude se donnait pour objectif de répondre à cette augmentation croissante des allergies chez les jeunes enfants. L'hypothèse évoquée tournait autour de l'exposition de ces derniers aux produits chlorés qui contaminent l'eau et l'air des piscines. Ces substances exerceraient des effets néfastes sur les voies respiratoires des nageurs et augmenteraient les risques d'asthme et de rhume des foins, en particulier chez les jeunes enfants.

    L'étude révèle que le risque d'asthme augmente de façon quasi linéaire avec l'exposition cumulée aux piscines chlorées, tant extérieures qu'intérieures.

    Ces observations tendraient à renforcer « l'hypothèse du chlore », selon laquelle l'épidémie d'affections allergiques touchant le monde serait liée moins à l'amélioration de l'hygiène qu'à l'exposition croissante des enfants aux produits de chloration utilisés pour désinfecter les piscines publiques ou privées.

    L'effet serait même plus important dans les piscines privées souvent trop chlorées par les particuliers, les enfants y passant plus de temps dans la journée que dans les piscines publiques.

    Le problème ne réside pas tant dans le produit lui-même que dans ses dérivés, qui se forment aux contacts d'autres matières organiques apportées par les baigneurs. Ces dérivés se concentrent alors dans l'eau et dans l'air.

    L'effet néfaste pour l'organisme se produit en cas de renouvellement insuffisant de l'air et/ou du chauffage trop bas de l'infrastructure.

    Ce dernier point est particulièrement interpellant. En effet, une ventilation adéquate renouvelant l'air complètement contribuerait à annihiler les risques. Le recours au chlore requiert également de chauffer l'installation à plusieurs reprises à plusieurs moments de la journée. Ce qui, indubitablement, pose la question du coût énergique de nos piscines.

    La construction de piscine n'est pas chose courante, notamment pour le coût important que nécessite pareille infrastructure. Par ailleurs, en rapport au nombre de piscines en Région wallonne, peu de dossiers sont déposés à mon administration qui, comme pour toute nouvelle construction ou rénovation d'infrastructure sportive, accorde une attention primordiale au coût énergétique global.

    A cet effet, une étude sur les économies d'énergie dans les infrastructures sportives a été commanditée par les services de mon administration. Je ne manquerai pas de faire part à l’honorable Membre de ses conclusions.

    Les technologies les plus récentes sont employées afin de répondre à cet impératif. Ce qui, de facto, vient apporter une solution aux problèmes de santé que causerait le chlore dans un environnement inadéquat.

    Nous ne pouvons, dès lors, écarter totalement ce produit bon marché et qui, contrairement à d'autres systèmes, éradique complètement les bactéries présentes.

    L'arrêté du Gouvernement wallon de 2003 prévoit un auto-contrôle journalier de la part des exploitants. Ces derniers sont tenus de consigner les relevés des résultats des analyses qu'ils effectuent, de même que les résultats des analyses périodiques du laboratoire agréé que l'exploitant aura désigné.

    Le Laboratoire Intercommunal Bruxellois de Chimie et de Bactériologie, LIBCB, et l'Institut Scientifique de Service Public pour la Wallonie, l'ISSeP, qui sont chargés d'effectuer le contrôle de cet auto-contrôle, remarquent une évolution positive quant au respect des normes en vigueur et de la qualité de l'air.

    Il m'est rapporté que la pierre d'achoppement se situe essentiellement au niveau des piscines des campings et du secteur hôtelier. En effet, nombreux sont ceux qui pensaient ne pas être concernés par l'arrêté en vigueur. Il n'en est rien !

    Que se passe-t-il dès lors que les normes ne sont pas respectées ? Vu la mauvaise publicité qui pourrait suivre d'éventuels manquements graves, les exploitants réagissent au plus vite.

    Tant l'Institut Bruxellois pour la Gestion de l'Environnement, l'IBGE, que la Division Police de l'Environnement, DPE, de la Direction générale des Ressources naturelles et de l'Environnement, s'affairent quotidiennement à contrôler inopinément nos piscines publiques, mais également privées, qu'elles peuvent contraindre à fermer leurs portes le temps d'une régularisation.

    En ma qualité de Ministre des Sports, il ne m'appartient pas de commenter plus encore le travail actif de ces administrations, qui ne relèvent pas de mes compétences.

    Je ne peux que recommander aux usagers de faire confiance aux inspections régulières, tant pour les piscines publiques que privées, qui sont menées sur le territoire de la Communauté française.

    Un affichage à titre informatif, prévu par l'arrêté, des bulletins d'analyse de l'eau, est par ailleurs obligatoire dans un endroit de passage obligé pour les baigneurs.

    Il n'empêche qu'une réflexion devra vraisemblablement voir le jour sur l'utilisation à mauvais escient de produits désinfectants par les particuliers et le rôle de prévention et d'informations que doit remplir, à cet égard, l'installateur de piscine dans des habitations privées.

    Un groupe de travail serait par ailleurs en formation au niveau de l'administration compétente pour apporter des améliorations à l'arrêté en vigueur. Les modifications porteraient, entre autres, sur l'information générale communiquée aux baigneurs ainsi que sur la fixation de conditions spécifiques pour les établissements n'ayant pas recours au chlore. Une consultation avec le secteur du tourisme est également prévue.