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Impact de la crise économique sur l'emploi des femmes

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 28 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 27/10/2009
    • de TROTTA Graziana
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Nombreux sont ceux qui, comme la FGTB et la CSC, affirment que la crise économique et financière a des répercussions négatives sur l'emploi des femmes.

    En mars dernier, l'organisation internationale du travail mettait en effet en garde contre le risque d'une augmentation significative du nombre de femmes au chômage du fait de la crise. En effet, les femmes, plus présentes dans des emplois précaires, seraient davantage touchées par les restructurations.

    Je souhaiterais connaître avec le plus de précisions possible l'impact de la crise économique sur l'emploi des femmes en Région wallonne.

    Depuis le début de l'année 2009, que révèlent les données sur les tendances régionales de l'emploi des femmes ? Comment a évolué le taux de chômage des femmes ces dix dernières années, comparativement à celui des hommes ? Dans le cas d'une évolution négative, que compte faire Monsieur le Ministre pour enrayer la tendance ?

    Monsieur le Ministre a-t-il mené une concertation avec Madame la Ministre E. Tillieux sur ce sujet qui concerne bien entendu l'égalité des genres ? Peut-il notamment me dire, selon les dernières données, à quel pourcentage s'élève l'écart salarial entre les hommes et les femmes ? Et à combien s'élevait ce pourcentage avant le déclenchement de la crise ?
  • Réponse du 05/01/2010
    • de ANTOINE André

    1. Il est bien évident que la crise économique que nous connaissons touche durement les travailleurs;

    Quelques chiffres le prouvent :

    - augmentation de 6% du nombre de demandeurs d'emploi ;
    - diminution de 14% des offres d'emploi gérées par le Forem ;
    - augmentation de 51% du chômage temporaire ;
    - diminution de 24,6% des heures d'intérim prestées.

    A partir de ces constats, il est légitime de se poser la question de savoir si une catégorie de travailleurs ou de demandeurs d'emploi souffre plus que d'autres de la situation économique et de la diminution du nombre global d'emplois.

    Les analyses qui ont été faites pour répondre à cette question montrent que l'impact de la crise se marque plus sur l'emploi des hommes que sur celui des femmes.

    En effet, si nous reprenons les mêmes thèmes et que nous comparons l'impact de la crise (comparaison 2008 2009) sur les hommes et les femmes, nous obtenons les chiffres suivants :

    - nombre de demandeurs d'emploi : + 11,9 % pour les hommes, + 0,8 % pour les femmes;
    - offres d'emploi gérées par le Forem : si, légalement, chaque offre est accessible tant aux hommes qu'aux femmes, des secteurs traditionnellement masculins ont connu les plus fortes diminutions de volume : - 38 % pour l'industrie manufacturière; - 14 % pour la construction. Dans le même temps, pour la santé et l'action sociale, d'une part, et l'enseignement, d'autre part - secteurs employant davantage de femmes - les offres gérées ont augmenté respectivement de 23 % et 14 % ;
    - chômage temporaire : augmentation pour les hommes de 52,6 % pour les femmes de 42,8 % ;
    - heures d'intérim prestées : l'activité dans le segment des employés a reculé de 19,1 %; alors qu'elle baissait de 28,5% dans le segment des ouvriers. Le segment des employés, majoritairement féminin, connaît donc un impact plus limité sur l'emploi si on le compare à la situation du secteur ouvrier où les hommes sont plus nombreux.

    En conclusion, l'impact de la crise sur l'emploi a porté principalement - au cours de cette année - sur l'industrie manufacturière et les emplois d'ouvriers ce qui peut expliquer que les femmes soient proportionnellement moins touchées que les hommes par cette crise pendant la période étudiée.

    2. Au cours des dix dernières années, le taux de chômage des femmes en Région wallonne est passé de 16 % (1999) à 11,5 % (2008).

    Pendant cette même période le taux de chômage des hommes est passé de 10,1 % à 8,9 %.

    Le taux de chômage reste donc supérieur à celui des hommes même si l'écart s'est considérablement amenuisé au cours de la décennie.

    3. Je ne dispose pas d'éléments sur l'évolution des salaires ni sur l'éventuelle incidence de la crise économique sur ceux-ci. Cette question pourrait sans doute être adressée au Service Public Fédéral de l'Emploi qui gère cette matière.

    Mais il me semble utile d'évoquer les quelques éléments de j'ai pu observer dans les autres dispositifs liés aux politiques régionales de l'emploi et de la formation.

    L'accompagnement des demandeurs d'emploi inoccupés (DEI) a visé 46,4 % d'hommes et 53,6 % de femmes ce qui correspond à la part un peu plus élevée de femmes dans la population de référence.

    Particulièrement dans la mesure « jeunes » qu'est Jobtonic, 49,1 % des participants sont des femmes soit un peu moins que la moyenne; cette proportion s'inverse lorsqu'il s'agit du dispositif intégré d'insertion (DIISP) qui repose sur un engagement à plus long terme impliquant la participation à plusieurs actions de formation insertion dans lequel on dénombre 55,8 % de femmes.

    Si les mesures telles que le PFI (Plan formation insertion) et les chèques création bénéficient moins aux femmes (31% des PFI et 30,8 % de l'utilisation des chèques formation) la mesure d'aide à la promotion de l'emploi (APE) et le programme de transition professionnelle (PTP) profite plus ou en proportion égale aux femmes : 63 % des postes APE bénéficient à des femmes et 50 % des PTP.

    A nouveau on constate que c'est plus le type de secteur qui guide la répartition des emplois les femmes étant très représentées dans le secteur de l'enseignement (80,7 %) et dans le secteur non marchand (68,7%) mais sous représentées dans le secteur marchand (32 %)

    Les mêmes clivages ont tendance à se marquer en matière de formation :

    - formation de base, pré qualification et insertion professionnelle : 61% de femmes;
    - formation qualifiante (plus traditionnellement tournée vers les secteurs de l'industrie et de la construction) concerne 39 % de femmes.

    Il reste donc quelques progrès à faire en matière de représentation des entreprises et des personnes elles mêmes quant au caractère féminin ou masculin d'activités ou de postes de travail, mais globalement, on ne peut conclure que la crise a un impact plus important sur l'emploi des femmes ni que les dispositifs de formation insertion, dans leur globalité, soient discriminants envers les femmes.