/

Le chauffage au bois

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 74 (2009-2010) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 20/11/2009
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    En cette période de crise économique, le chauffage au bois a repris de la vigueur. Le prix de la stère commence à atteindre des sommets de plus en plus difficiles à supporter pour le budget des ménages précarisés.

    Il est vrai que le chauffage au bois fut dans l'histoire de l'humanité le premier à être utilisé et qu'il continue à l'être par une partie de la population, malheureusement la plus précarisée de notre société moderne que l'on qualifie d'abondance ou de consommation.

    Or le chauffage au bois dégage beaucoup de C02. Si, en fonction de la crise économique et de la difficulté de pouvoir disposer de l'énergie nucléaire ou d'autres formes d'énergie, notre population doit se précipiter vers le chauffage au bois, ne va-t-on pas provoquer des dégâts insupportables pour nos forêts? Ne va-t-on pas injecter davantage de C02 dans l'atmosphère?

    Monsieur le Ministre a-t-il décidé ou non d'encourager la consommation du bois de chauffage et qu'a-t-il décidé comme programme d'aide à l'égard d'une partie de notre population qui, en fonction de ses moyens limités, n'a pas d'autre source de chauffage de ses foyers qu'en brûlant du bois?

    Peut-on avoir la garantie qu'aucune mesure négative, restrictive ou d'interdiction ne sera adoptée à l'égard des plus démunis de notre société? Nous vivons en Région wallonne une société participant de plus en plus à l'interdit systématique. Par la présente question écrite, l'objectif est d'éviter que de nouveaux dégâts sociaux ne surviennent au travers d'une nouvelle inflation décrétale ou réglementaire.
  • Réponse du 15/12/2009
    • de NOLLET Jean-Marc

    La question que pose l'honorable Membre à propos du chauffage au bois porte sur deux volets. Tout d'abord, le bilan environnemental du chauffage au bois. Ensuite, l'utilisation du bois dans le cadre de la précarité énergétique d'une partie de la population wallonne.

    Concernant le volet environnemental, le Ministre compétent en la matière est mon collègue Philippe Henry, aussi bien pour les émissions de CO2 que pour les polluants liés à la combustion. Renseignements pris auprès de ce dernier, voici quelques informations que je peux vous livrer.

    En matière d'émissions de CO2, le cycle de captation de CO2 par le bois en croissance, suivi d'émissions de CO2 par la combustion du bois coupé est considéré comme neutre sur le plan du réchauffement climatique. La condition sine qua non pour cette neutralité est bien évidemment que le volume de bois en croissance soit égal au volume de bois coupé dans les forêts existantes. Si la superficie forestière globale est elle-même en augmentation, on parle de séquestration nette de CO2. Par contre, si la superficie forestière globale est en diminution, ou que les forêts sont gérées de façon non durable avec des prélèvements qui excèdent fortement les repousses, le cycle devient émetteur net de CO2 dans l'atmosphère. La combustion du bois génère aussi des émissions de CH4 et N20 en faibles quantités, qui sont des gaz à effet de serre devant être comptabilisés. A l'heure actuelle, la forêt wallonne a été gérée de manière durable et la superficie a même été en augmentation de plus de 21% depuis le 19ème siècle. L'enjeu est donc de certifier la gestion durable de la forêt, ce qui est le cas pour 48% de la superficie forestière wallonne. Il faudra aussi veiller à appliquer aux importations de bois-énergie des critères de durabilité; la CWaPE a déjà mis en place à cet égard une méthodologie dans le cadre du mécanisme d'octroi des certificats verts.

    Quant aux polluants émis lors de la combustion du bois par des systèmes individuels (poêles, foyers et foyers encastrés), force est de constater que la situation n'est pas très favorable. Bien que la combustion du bois ne représente que 6% de la consommation énergétique du secteur résidentiel, elle est à l'origine de la plus grande partie des émissions de composés toxiques liés à la combustion dans le secteur résidentiel, notamment en matière de particules fines, dioxines, composants organiques volatiles. Certes, les appareils de chauffage au bois plus récents, et notamment les systèmes aux pellets, sont plus performants à cet égard, mais il convient d'être vigilant lors de l'utilisation d'appareils de chauffage au bois en zone urbaine ou dans des zones dont la qualité de l'air pose problème, notamment dans certaines zones à caractère industriel.

    Afin de réduire l'impact sur les émissions atmosphériques, la production d'énergie à partir de bois-énergie devrait être mise en oeuvre prioritairement dans des installations centralisées de plus grande puissance, dans lesquelles les dispositifs d'abattement des émissions les plus efficaces peuvent être installés (filtres à manches permettant de réduire les émissions de particules à un niveau inférieur à 5 mg/Nm3, dans lesquels est contenue une partie importante des métaux lourds, composés organiques volatils et composés aromatiques polycycliques émis). La chaleur générée par ces installations pourrait alors être distribuée par des réseaux de chaleur, en particulier dans les zones à forte densité de l'habitat.

    Le second volet de sa question a trait à l'utilisation du bois comme source de chauffage par la population la plus précarisée. Sa supposition me semble à cet égard erronée : d'une part, le bois est un combustible utilisé par l'ensemble de la population quelle que soit ses conditions de revenu et d'habitat. Si différenciation il y a, elle est davantage liée à la localisation en zone urbaine ou en zone rurale. D'autre part, les ménages précarisés utilisent d'autres types de combustibles alternatifs au chauffage central, tels que les poêles au charbon, les poêles à mazout ou encore les appareils d'appoint de chauffage à l'électricité. Contrairement à ce qu'il sous-entend, il n'y a donc pas lieu a priori de craindre un rush sur le bois wallon. La priorité politique pour les ménages précarisés reste l'amélioration de la performance énergétique de leur logement, que je vais mettre en œuvre à travers la première alliance emploi-environnement.

    Je terminerai en lui livrant quelques considérations sur le prix du bois. Le prix d'un stère dépend de l'essence constitutive (bois tendres qui ne sont pas les plus prisés pour le chauffage au bois d'appoint car ils brûlent vite versus bois durs), de la quantité achetée, du degré d'humidité du bois (sec, donc prêt à l'emploi, versus bois humide à laisser sécher deux ans avant emploi) et de la distance de livraison. Ce prix dépend également de la province concernée (le stère est plus cher en ville que dans une zone boisée). Le monitoring du prix d'un stère de bois de chauffage est par conséquent difficile à mettre en place, vu le nombre de paramètres à prendre en compte. Dans une province boisée, le prix est assez constant ces derniers mois, la flambée des prix n'a pas été observée. Enfin, la mise en place d'un système d'achat groupé par quartier pourrait réduire les coûts.