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Le réchauffement climatique

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 124 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/11/2009
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    De nombreuses études scientifiques et les médias ont fait état de la survenance de « El Nino », étant un des éléments les plus graves démontrant le phénomène du réchauffement climatique.

    La Wallonie a-t-elle subi des conséquences d'El Nino? D'autre part, est-il exact qu'il y a eu en 2008 un phénomène inverse appelé «La Nina» ?

    Le phénomène « La Nina » a-t-il eu ou non des conséquences sur le climat de la Wallonie ?

    Le monde scientifique sur le plan mondial laisse apparaître des fissures entre certains qui considèrent le réchauffement climatique comme étant lié aux activités humaines et d'autres qui minimisent le phénomène, et parlent même d'un refroidissement climatique.

    Le quotidien « Le Monde» en son édition du 20 octobre 2009 exprimait que selon certains chercheurs, le réchauffement climatique est une réalité mais qu'il pourrait y avoir pendant un certain temps, quelques années ou l'une ou l'autre décennie un refroidissement climatique.

    En bref et selon les chercheurs, il est constaté des conclusions diamétralement opposées, même s'il est une évidence que le réchauffement climatique est une réalité depuis un certain temps.

    Pour avoir, en tant qu'alpiniste retraité dans cette discipline, escaladé un certain nombre de montagnes de plus de 4000 mètres dans les Alpes, j'ai pu vérifier le phénomène.

    La Région wallonne compte-t-elle sur ce dossier d'une importance capitale analyser au travers de ses services et de ses administrations l'ensemble des thèses scientifiques exposées, parfois contradictoires, de façon à pouvoir disposer pour la fin 2009 d'une compilation de l'ensemble des arguments des uns et des autres.

    Face un phénomène qui dépasse la Wallonie, il est important d'être parfaitement informés et que l'on puisse, sans parti pris, assurer une information correcte aux décideurs politiques.
  • Réponse du 25/01/2010
    • de HENRY Philippe

    Le phénomène El Nino est corrélé avec les variations interannuelles de la T° mais n'est pas considéré comme « démontrant » le réchauffement climatique. Il tend à amplifier les variations de température, comme ce fut le cas en 1998, lors du El Nino le plus puissant du XXe siècle. L'année 1998 est ainsi, selon les sources, la première ou seconde année la plus chaude observée au niveau mondial depuis que les températures sont mesurées. Inversement, « La Nina » tend à diminuer les températures moyennes.

    Les effets les plus importants de ces phénomènes sont observés dans l'hémisphère sud (Amérique du sud, Océanie, Afrique). En Belgique, il ne semble pas y avoir d'effets directs observables, dans la mesure où ces phénomènes ne sont pas mentionnés dans les publications récentes de l'IRM relatives au climat en Belgique.

    L'article du monde du 20 octobre 2009 évoque un possible ralentissement du réchauffement et ne remet nullement en question les causes anthropiques du réchauffement, ni la tendance de réchauffement à long terme. Le ralentissement du réchauffement envisagé dans les années qui viennent pourrait être lié à la diminution de l'activité solaire actuellement observée. Ceci ne constitue pas une remise en question des conclusions du GIEC qui conclut en 2007 que « l'essentiel de l'accroissement observé sur la température moyenne globale depuis le milieu du 20e siècle est très vraisemblablement (ce terme signifie ici une probabilité supérieure à 90%) dû à l'augmentation observée des gaz à effet de serre anthropiques ». Les modèles du GIEC prennent en compte à la fois les forçages anthropiques (émissions de gaz à effet de serre) et les forçages naturels (volcans et rayonnement solaire). Ces forçages naturels peuvent amplifier·ou diminuer le réchauffement observé et sont à l'origine des grandes variations climatiques observées dans le passé.

    Le GIEC se base sur les derniers travaux scientifiques publiés pour élaborer ses rapports. En 2005, une étude a examiné les 928 articles les plus récents relatifs aux changements climatiques publiés dans des revues scientifiques soumises à révision par les pairs (peer-reviewed en anglais, signifie revu et accepté par les pairs, c'est-à-dire d'autres experts scientifiques dans ce domaine; c'est la démarche de validation appliquée pour toutes les publications scientifiques reconnues, quel que soit le domaine). Aucun de ces articles ne remettait en question la position de consensus exprimée par le GIEC, c'est-à-dire la réalité des changements climatiques d'origine humaine. L'administration américaine, sous le président Bush, avait demandé à l'Académie Nationale des Sciences américaine une lecture critique de ces rapports du GIEC. Cette académie a confirmé point par point la validité scientifique des conclusions du GIEC.
    Les positions « scientifiques »·exprimées par certains sceptiques sont relayées par les médias ou sur internet, mais ne sont pas publiées dans les revues scientifiques. Par exemple, des propositions d'articles de Claude Allègre, géologue reconnu, mais sans compétences particulières dans le domaine climatique, auraient été refusées à la publication dans des revues scientifiques en raison des erreurs qu'elles contenaient. Ainsi, il n'y a en réalité pas de thèses scientifiques « contradictoires » concernant les causes du réchauffement qui soient publiées dans des revues scientifiques. Il subsiste bien sûr de nombreuses incertitudes et possibilités d'amélioration dans les modèles (la première étant l'évolution des émissions d'ici 2100, qui dépendra de l'attitude humaine, cette incertitude sur les concentrations futures en GES explique que la fourchette des températures annoncées à l'horizon 2100 soit si large), mais les conclusions globales sont suffisamment robustes pour informer les décideurs.

    Le GIEC, qui associe plusieurs centaines de scientifiques, a pour mandat d'évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les meilleures informations d'ordre scientifique, technique et socio-économique dont on peut disposer à l'échelle du globe. Compte tenu des éléments repris ci-dessus et de l'absence de travaux contradictoires publiés dans des revues scientifiques, la Région wallonne appuie sa. politique sur les rapports du GIEC, dont les rapports ont été approuvés par l'ensemble des gouvernements de la planète, et ne voit pas la nécessité de lancer une quelconque étude contradictoire à ce niveau.