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Echinococcose - Protégeons les enfants

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 90 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/11/2009
    • de SENESAEL Daniel
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Le renard fait encore parler de lui. Les chasseurs, les agriculteurs et les éleveurs s'inquiètent de le voir investir de plus en plus nos contrées. Rien que sur la période de juin 2009 à novembre 2009, ce sont près de 60 renards qui ont été tirés ou piégés entre Hérinnes et Obigies, sur une surface de 500 hectares soit sur une distance linéaire de 2 km. Imaginez !

    Malgré son apparence inoffensive, l'animal est porteur de maladie comme la rage mais également de vers qui, eux, transmettent une toute autre maladie appelée l'échinococcose alvéolaire.

    C'est cette dernière qui est particulièrement problématique. Cette maladie anodine pour le renard est pourtant mortelle pour l'homme. Une récente étude a démontré que plus de 75 % des renards seraient contaminés par ces vers.

    Cette maladie se transmet par simple contact avec les oeufs de ces vers qui se trouvent dans les déjections et le pelage du renard. On comprend donc l'inquiétude des chasseurs et des agriculteurs de voir arriver le renard dans leurs champs et à portée des animaux avec lesquels ils sont en contact constant.

    Cependant, il faut souligner l’efficacité des renards contre les rats et les souris qui envahissent les villes.

    D’une part, en février 2008, le Royal Saint-Hubert Club de Belgique et l'Amicale des chasseurs de la Région wallonne ont adressé une lettre ouverte à Laurette Onkelinx, lui demandant de prendre des mesures afin d'éviter la propagation de cette maladie endémique.

    Sensible au danger que représente la maladie, Mme Onkelinx a signalé à ces associations que l'infection de l'homme se fait en mangeant des légumes et des fruits crus infestés par les déjections du renard. Il s'agit donc de prendre des précautions d'hygiène, ce qui ne relève pas de sa compétence.

    Cette réponse n'a en rien calmé la grogne des détracteurs du renard qui cherchent depuis longtemps l'occasion de se débarrasser de ce qui représente pour eux une nuisance.

    Outre les métiers de la terre (agriculture, sylviculture, jardinerie, …), les enfants sont des proies évidentes pour l'échinococcose alvéolaire. En effet, les sorties « nature » organisées régulièrement par les écoles emmènent les enfants dans les bois, ou autres, et peuvent permettre aux enfants d’être touchés par cette maladie.

    Ne faudrait-il pas, en collaboration avec la Ministre de la Santé, mettre en place une information à destination des écoles organisant des classes « vertes » ou des sorties « nature » à ce sujet et sensibiliser le corps enseignant sur cette maladie ?

    Monsieur le Ministre possède-t-il des chiffres récents quant à la population de renards en Wallonie ? Si oui, quel est le pourcentage de renards infestés par la maladie ? Sinon, compte-t-il demander à l’administration de procéder à une étude ?
  • Réponse du 18/12/2009
    • de LUTGEN Benoît

    Il convient de rappeler que la santé humaine et animale relève des compétences du Fédéral, la Région n’étant compétente qu’en matière de faune sauvage.

    Plusieurs campagnes de sensibilisation du public et de la profession médicale ont eu lieu en Belgique à l’initiative du SPF Santé publique, en collaboration avec la Communauté française et le laboratoire de référence, l’Hôpital Erasme. Je renvoie l’honorable Membre à la brochure d’information qui a été préparée par Mme Ducoffre de l’Institut scientifique de santé publique, section épidémiologie, et ses collaborateurs. Cette brochure est directement téléchargeable sur le site Internet de cet institut.

    Instruction a été donnée à l’administration de diffuser cette brochure d’information à tous ses agents ainsi qu’au CRIE et tout autre public susceptible d’être concerné par cette maladie.

    Il existe des gestes simples de prévention contre cette maladie, à respecter en zone endémique uniquement, c’est-à-dire sur le plateau ardennais :

    porter des gants à usage unique et un masque pour manipuler les renards et autres animaux infectés, vivants ou morts, ainsi que leurs excréments ;
    éviter de consommer des légumes crus provenant de jardins accessibles à des renards ou des fruits sauvages crus provenant d'un endroit potentiellement souillé par des renards infectés ; le lavage ne suffit pas ; il faut absolument les cuire avant de les consommer (conditions de cuisson : 10' à 60°C, 5' à 70°C ou 1' à 100°C ; la congélation domestique (-18°C) est sans effet) ;
    se laver les mains à l'eau chaude et au savon après tout travail impliquant un contact avec de la terre potentiellement contaminée (travaux agricoles, de jardinage, …) ou après avoir brossé ou caressé un chien ou un chat ayant séjourné dans une région à risque ;
    vermifuger toutes les quatre semaines avec un médicament actif sur ce parasite (ex. praziquantel) les chiens et les chats vivant dans une région potentiellement à risque.

    L'accroissement des populations de renards est régulièrement évoqué par divers acteurs de terrain et constatée par la population. Si nous ne disposons pas de données globales sur l’état des populations du renard en Région wallonne, plusieurs indicateurs convergents attestent de l'expansion des populations de renards depuis plusieurs années (observations dans de nombreuses agglomérations, cadavres le long des routes, abandon de l'élevage de volailles par de nombreux particuliers…). Le même constat est fait tant par les gestionnaires de chasse que certains gestionnaires de réserves naturelles qui s'inquiètent du phénomène suite à la prédation exercée sur le petit gibier et sur des espèces protégées telles que des oiseaux nichant au sol.

    L'agent de l'échinococcose alvéolaire a été identifié pour la première fois en Belgique chez le renard roux en 1992 par le Docteur Brochier et ses collaborateurs. Ces auteurs ont rapporté une incidence de 15,3 % au sein de la population de renards de la province de Luxembourg. Depuis cette époque, ces données ont été complétées et précisées par différentes études réalisées dans toutes les parties de la Wallonie (Professeur Losson et collaborateurs). Le parasite est présent dans la plupart des régions, mais avec des différences notables en ce qui concerne son incidence : environ 33% pour le plateau ardennais et moins de 1% dans le pays de Herve.