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Le nucléaire en Wallonie

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 78 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 23/11/2009
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Une grande partie de la production d’énergie en Wallonie dépend des trois réacteurs nucléaires de Tihange.

    Sous la législature fédérale 1999-2003, il fut imaginé l’arrêt du nucléaire.

    Cette décision dogmatique au demeurant ne concernait bien évidemment pas les années qui allaient suivre, mais quasiment la génération suivante.

    Même s’il est prévu des plans drastiques d’économies d’énergie, il n’en reste pas moins que l’évolution démographique, d’une part, et des besoins sociaux de l’industrie en particulier et des ménages, d’autre part, nécessite pour la Wallonie de disposer en quantité suffisante d’une énergie à un prix modéré.

    Le Gouvernement fédéral, sous l’impulsion inspirée du Ministre Magnette, a décidé de prolonger la durée de vie des trois plus anciens réacteurs nucléaires et cela concerne aussi Tihange.

    Sans cette décision salutaire, la Wallonie aurait pu connaître une pénurie d’énergie considérable et devoir faire appel à des fournitures extérieures à des pris de plus en plus lourds.

    A supposer que le Gouvernement fédéral n’ait pas pris cette décision, inspirée tout simplement par le bon sens, Monsieur le Ministre pourrait-il expliquer comment la Wallonie allait faire face aux demandes énergétiques si l’on avait appliqué purement et simplement la fermeture des centrales nucléaires telle qu’elle fut programmée de façon intrépide sous la législature fédérale 1999-2003 ?
  • Réponse du 17/12/2009
    • de NOLLET Jean-Marc

    Il semble utile de rappeler à l'honorable Membre qu'en matière d'électricité, la notion d'équilibre entre la demande (de base et de pointe) et les moyens de production doit être envisagée à l'échelle nationale, en s'intégrant dans le réseau électrique européen. Une analyse strictement régionale sur la question a donc peu de sens, toutefois les politiques régionales peuvent concourir à sortir de la dépendance actuelle de la Belgique au combustible nucléaire.

    L'arrêt des trois premiers réacteurs nucléaires, tel que prévu par la loi de 2003 sur la sortie progressive du nucléaire, concerne les unités suivantes:

    - Doel 1 : 392,5 MW de puissance, production annuelle de 3.094 GWh ;
    - Doel 2 : 433 MW de puissance, production annuelle de 3.414 GWh ;
    - Tihange 1 : 962 MW de puissance, production annuelle de 7.584 GWh

    Dans l'hypothèse d'une consommation électrique inchangée, l'arrêt de ces 3 réacteurs nécessiterait donc de compenser, au niveau belge, un manque à produire de 14.093 GWh.

    Le suivi des projets d'investissement en énergie fossile ressort de la compétence fédérale. Toutefois, d'après les informations récentes dont je dispose, les investissements en cours de centrales thermiques qui seront mis en service d'ici 2015 s'élèvent à 2024 MW de puissance pour une production annuelle de près de 11.741 GWh. Ces chiffres n'intègrent pas les investissements annoncés mais non encore décidés définitivement, comme les projets de TGV à Visé (SPE) et à Seneffe (Nuon).

    Autre domaine de compétence fédérale: l'éolien off-shore. D'après les informations en ma possession, les investissements probables d'ici 2015 dans les parcs éoliens off-shore ayant reçu une concession (C-Power, Edelpasco, Belwind) permettront de développer une puissance électrique de 846 MW, pour une production annuelle de près de 2.700 GWh.

    Quant à l'électricité d'origine renouvelable en Région wallonne, et selon le dernier rapport spécifique de la CWAPE sur l'évolution du marché des certificats verts, les investissements d'ici 2012 permettront la création de nouvelles capacités d'une puissance totale de 475 MW, produisant annuellement 1.520 GWh, à rajouter à la production existante de près de 1.600 GWh. Nul doute que les investissements se poursuivront entre 2012 et 2015, augmentant encore considérablement cette capacité. Enfin, il faut encore tenir compte des évolutions attendues en matière d'électricité verte en Flandre et à Bruxelles.

    Des alternatives de qualité (énergies renouvelables, cogénération de qualité et centrales modernes turbine-gaz-vapeur) existent et permettraient de compenser l'arrêt des trois premiers réacteurs nucléaires en 2015.

    Durant cette législature, et tenant compte de mes champs de compétence, je compte renforcer les deux piliers qui sont constitutifs de l'architecture d'une énergie durable au XXIème siècle:

    - la maîtrise de la demande d'énergie, notamment grâce à la mise en place de la première Alliance emploi-environnement et le lancement d'accords de branche de seconde génération ;
    - la montée en puissance des sources d'énergie renouvelables, notamment en renforçant les mécanismes de soutien à l'électricité verte et en développant le soutien à la chaleur verte.

    Cette action renforcée dans ces deux piliers sera poursuivie, quelle que soit l'orientation définitive que prendra le Parlement fédéral concernant l'arrêt ou la prolongation des trois premiers réacteurs nucléaires.