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Qualité de l'eau de distribution en Région wallonne

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 152 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 02/12/2009
    • de PREVOT Maxime
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    L'eau du robinet a trop souvent une mauvaise réputation auprès de nos concitoyens. Afin de vérifier cette affirmation, une association de défense des consommateurs vient de publier une étude sur la qualité de l'eau de distribution.

    Si cette dernière confirme, et on ne peut que s'en réjouir, que l'eau de distribution dans notre pays est de qualité et répond à l'ensemble des critères légaux, même les plus stricts, il apparaît cependant que très souvent les échantillons révélaient une eau mi-dure ou dure. De plus, des traces de pesticides interdits depuis plusieurs années ont été retrouvées dans une dizaine d'échantillons.

    Sur base de ces observations, l'Association de consommateurs recommande de revoir la norme en matière de pesticides et le niveau de la dureté de l'eau.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette étude ?

    Quelles suites compte-t-il donner à ces recommandations ?
  • Réponse du 08/01/2010
    • de HENRY Philippe

    J'ai bien entendu pris connaissance de l'étude réalisée par l'association Test-Achats (n°535 d'octobre 2009) sur le prix et la qualité de l'eau de distribution. J'ai d'ailleurs répondu, récemment, à une interpellation de Monsieur le Député Stoffels concernant cette enquête (point 11 de la Commission Environnement, Aménagement et Mobilité du 20 octobre 2009).

    Voici donc un complément concernant les questions des pesticides et de la dureté de l'eau potable, que l'honorable Membre soulève en particulier.

    En ce qui concerne les pesticides.

    Je rappelle que les normes européennes actuelles visant les pesticides résultent de l'application du principe de précaution : selon les matières actives, elles sont déjà 10 à 1000 fois plus strictes que les valeurs guides de l'OMS et les normes nord-américaines ou japonaises.

    Les réduire encore en Wallonie ne semble pas répondre à un risque avéré. Prochainement, la directive européenne sur la qualité des eaux potables (Directive 98/83/CE de 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine) sera révisée. Les travaux débuteront en 2010, dans le cadre de la Présidence espagnole et se poursuivront au cours de la Présidence belge. A cette occasion, l'analyse des études scientifiques pourrait conduire à revoir les normes. En particulier, la norme sur la quantité totale de pesticides actuellement de 0,5 µg/l pourrait être revue à la baisse par précaution vis-à-vis des interactions méconnues entre substances.

    Par ailleurs, l'étude montre des traces de pesticides interdits depuis plusieurs années. A ces niveaux de concentration, cela ne constitue pas un risque pour la santé. Ces substances (atrazine, diuron, etc ... ) ont été interdites (ou fortement restreintes quant à leur usage) depuis quelques années, parce qu'on les retrouvait en excès notamment dans les eaux souterraines de Wallonie. Ces excès résultaient de la conjonction entre un usage abusif et une trop grande persistance dans l'environnement des matières actives. Il n'est néanmoins pas étonnant d'en retrouver des traces maintenant, car elles sont persistantes, résistantes aux agents de dégradation. On peut également craindre, dans certains cas isolés, des usages frauduleux issus de stocks encore existants de substances achetées antérieurement et non contrôlées par les autorités fédérales.


    En ce qui concerne la dureté.

    Les eaux dures (ou mi-dures) ne constituent pas un problème de santé pour le consommateur. Au contraire, une eau dure contribue à répondre au besoin en calcium de la population. Néanmoins, les eaux dures entraînent des dépôts de tartre nuisible à certains appareils électro-ménagers (machine à laver, lave vaisselle, percolateurs, ... ). Pour contrer ces effets, les ménages ont recours à des produits adoucissants ou des systèmes de filtrations adéquats.

    L'étude de Test-Achats constate un mauvais réglage fréquent des adoucisseurs domestiques et recommande de réduire la dureté élevée qui provient naturellement de la dominance des nappes aquifères de calcaires ou craies en Wallonie.

    Suite à l'étude approfondie réalisée par AQUAWAL sur le sujet (accessible sur le site web de cette société), une première estimation du coût de l'adoucissement de l'eau de ville généralisé, avait été faite : il en résulterait une augmentation du coût vérité à la distribution de 0,4 euro par mètre-cube (novembre 2005).

    Bien que l'adoucissement en tête de réseau soit globalement plus économique et plus sûr que l'adoucissement individuel par l'abonné, le montant des investissements à consentir en Wallonie est prohibitif et dès lors jugé non prioritaire.

    Ce projet pourrait toutefois être entrepris après 2013.