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Nürburgring

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 53 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 04/12/2009
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Le Land de Rhénanie-Palatinat se retire du management du Nürburgring, un projet qui connaît actuellement des turbulences économiques. Il cède son rôle à un partenaire privé. Telle est la décision communiquée par le Ministre-Président Kurt Beck.

    La gestion et la promotion du circuit seront donc confiées à une société constituée pour moitié au départ du groupe hôtelier Lindner et de Mediinvest. Le Land se contentera de gérer l’infrastructure.

    Les essais de financer les investissements (300 millions d’euros) au départ de capital privé n’ont pas abouti au résultat espéré. Ce financement est assuré par la banque publique du Land. La société, qui exploite le circuit, va payer une location au départ de laquelle les mensualités seront garanties.

    M. Beck informe aussi qu’il n’est pas garanti que la F1 continuera à être organisée au Nürburgring au-delà de 2011 (échéance qui découle des contrats actuels). La réponse à cette question dépend de négociations qui doivent encore avoir lieu. « Mais » – ajoute-t-il – « il n’y aura pas de décision à n’importe quel prix ». Toutefois, il estime le PIB local généré par le Nüirburgring avoisine 53 millions d’euros par an, générant par ailleurs 1.160 emplois.

    Ces informations nous intéressent à un double égard.

    D’une part, la Région wallonne investit des montants importants dans le circuit de Spa-Francorchamps. Il est donc légitime de se poser la question concernant le retour économique et d’emplois de cet investissement. Disposons-nous des informations qui nous permettent d’identifier la part du PIB généré par le circuit ?

    D’autre part, avons-nous des informations plus précises en ce qui concerne l’organisation de la F1 au Nürburgring ? C’est évidemment important pour nous dans la mesure que deux événements sportifs de cet ordre de grandeur dans un radius trop limité influencent le risque d’un déficit autrement que l’organisation d’un seul événement. Le Land continuera-t-il, malgré cette décision de se retirer, à couvrir les déficits engendrés par les exploitants du circuit ? Quel est – pour notre circuit - l’impact du fait que le Gouvernement de Rhénanie-Palatinat se retire de l’exploitation du circuit ? Pouvons-nous en tirer un avantage ?



  • Réponse du 12/01/2010
    • de ANTOINE André

    Je remercie l’honorable Membre pour l'intérêt qu'il porte au rôle que le circuit de Spa-Francorchamps peut endosser pour le rayonnement international de la Région wallonne, mais aussi pour son impact économique sur sa région.

    La Région wallonne, il est vrai, a investi des sommes considérables dans cet outil polyvalent car il est à la fois un atout sportif, touristique, économique et de marketing. Et ne l'oublions pas, il s'agit «du plus beau circuit du monde», selon un consensus international.

    L'intervention publique est quasi indispensable. Hormis Monaco qui dispose de certaines prérogatives en la matière, le coût imposé aux organisateurs pour accueillir un grand prix de F1 est exorbitant; d'autant plus que les organisateurs ne peuvent compter que sur la billetterie pour espérer rentrer dans leurs frais.

    Une récente étude française avance le chiffre de 274,4 millions d'euros en guise de frais plateau pour les 18 dates de la saison 2008. Pendant ce temps, les organisateurs n'auraient palpé que 197,2 millions d'euros grâce - quasi uniquement - à la vente de billets. En effet, l'organisateur ne perçoit rien des droits télévisés ni de la publicité ceinturant le circuit.

    Les organisateurs de GP ne sont pas sur un même pied d'égalité. Toujours d'après la même étude, la Malaisie verserait 28,2 millions d'euros afin d'accueillir son GP tandis que le Japon 26,2. Pour Spa-Francorchamps, la somme évoquée serait de 16,2 millions. La Principauté se verrait gracieusement offrir son week-end de Formule 1.

    Malgré le contexte économique que nous connaissons, l'édition 2009 à Spa a perçu une légère augmentation du nombre de spectateurs, près de 58.000 pour la seule journée du dimanche. Le point mort ou autrement dit le « break event» pour notre Grand prix, est fixé à 70.000 spectateurs, encore loin de la moyenne de 91.218 spectateurs par GP.

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    GP de F1 Spectateurs payants Perte estimée
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    2007 66.000 +/- 2.000.000 euros
    2008 53.000 +/- 4.000.000 euros
    2009 58.000 5.134.000 euros
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    A côté de la Formule 1, dont se charge la société Spa Grand Prix, le circuit est géré par la Société de promotion de Circuit Spa-Francorchamps - SPCSF - qui l'exploite à plein rendement, soit 220 jours par an, le maximum autorisé par le permis d'exploiter de 09h00 à 18h00.

    Prenons l'exemple des courses d'endurance, telles que les 25h VW Fun Cup, les 24 heures de Spa, les 24 heures 2CV, les 8 heures de Spa en moto, ... sans oublier les nombreux clubs d'automobiles étrangers qui louent notre circuit pour leurs membres.

    L'objectif de la société de promotion est d'ancrer l'ensemble de l'infrastructure « Spa-Francorchamps » (Piste, espaces Horeca, ... ) comme une destination MICE (Meetings Incentives Congres & Events) à l'instar de Bruxelles, Bruges, ... Autrement dit, de développer une approche commerciale innovante afin d'optimaliser l'utilisation de Spa-Francorchamps aussi bien comme outil sportif que comme cadre prestigieux pour l'organisation d'événements, réceptions, ...

    De plus, il me revient que la grande majorité de la clientèle du circuit hors Grand Prix est déjà à caractère international; tout bénéfice donc, pour notre économie.

    C'est une donnée évidemment importante. L'infrastructure de Spa-Francorchamps ne bénéficie pas qu'à la seule F1, d'autres possibilités commerciales et sportives existent.

    Les investissements consentis par la Région wallonne doivent bénéficier d'un rendement optimal afin d'accroître le potentiel d'attraction de cet outil et, de facto, son impact économique.

    Le Centre International de Recherche et d'Information sur l'Economie publique, Sociale et Coopérative, le CIRIEC, avait réalisé, entre août 2005 et mars 2006, pour le compte de la Société de Promotion du Circuit de Spa-Francorchamps, une étude sur l'évaluation des retombées économiques du Circuit de Spa-Francorchamps.

    En substance, l'activité du circuit de Spa-Francorchamps a entraîné, en 2005, des dépenses génératrices d'activité économique qui varient entre 68,5 millions d'euros et 77,8 millions d'euros. La part inhérente au GP de F1 varie entre 18,9 millions et 21,2 millions d'euros, soit environ 25 % du montant.

    L'activité du circuit de Spa-Francorchamps a permis de créer, en 2005 toujours, un total de 844 à 1026 emplois équivalents temps plein annuels (de 224 à 290 ETP pour le GP de F1).

    En 2005, les recettes fiscales et parafiscales (taxes obligatoires perçues au profit de personnes privées ou publiques autres que l'Etat ou que les autorités régionales et locales) générées par le circuit étaient comprises entre 21,8 millions d'euros et 24 millions d'euros. La F1 contribuerait pour +/- 30% de cet ensemble, soit entre 6,6 millions et 7,2 millions d'euros.

    En moyenne, plus de 160 millions de téléspectateurs suivent notre GP à la télévision. Un produit d'appel incontestable.

    Il conviendra, néanmoins, de réactualiser cette étude sur les retombées du GP pour l'économie locale ainsi que sur la viabilité du circuit sur base des différents scénarios possibles.

    Comme l’honorable Membre l'expose en détail, le Gouvernement du land de Rhénanie-Palatinat ne souhaite plus essuyer les pertes occasionnées par l'organisation d'un GP de F1. Il a, de ce fait, proposé, début décembre, un nouveau contrat aux termes plus favorables pour lui à M. Ecclestone, le patron de FOM - Formula One Management - qui gère les droits commerciaux de ce championnat. Ce dernier n'a toujours pas fait connaître sa décision.

    En septembre, c'est l'autre grand circuit allemand, celui de Hockenheim qui avait obtenu reconduction de son contrat avec la société de M. Ecclestone jusqu'en 2018, non sans l'appui du land de Baden-Württemberg. Cet accord prévoit la venue du plateau F1 une année sur deux.

    Les négociations sont ardues avec la FOM. Pour preuve malgré tous ses atouts, le circuit Gilles Villeneuve avait disparu du calendrier 2009. Magnicourt a disparu et il s'en est fallu de peu pour que Silverstone n'apparaisse pas sur le programme de 2010.

    La Turquie est également en balance. Le chiffre de 26 millions de dollars, en place de 13,5 millions, serait exigé par la FOM pour la venue du plateau F1.

    Force est de constater dans ce dossier, que hormis les promoteurs asiatiques et issus du Moyen-Orient, partout en Europe, les organisateurs ainsi que les pouvoirs publics ont pris conscience du coût astronomique demandé par la FOM et de la quasi impossibilité pour ceux-ci de pouvoir rentrer dans leurs frais.

    Si d'aventure, un accord devait intervenir dans les semaines à venir pour le Nürburgring et entériner l'alternance entre les circuits allemands, M. Davignon a suggéré que Spa-Francorchamps pourrait profiter de la situation et s'insérer une fois sur deux dans le programme de la F1, si cette option devait être retenue.

    Le risque financier serait dès lors moins lourd à supporter et notre circuit ne pâtirait plus de la concurrence du Nürburgring qui ne se trouve qu'à quelques kilomètres de distance.

    Orphelins du Nürburgring, les nombreux supporters allemands frontaliers auraient tout le loisir de venir chez nous, ce qui ne constituerait plus une double dépense pour eux.

    M. Ecclestone, lui-même, estime qu'organiser deux grands prix distants de 100 km est un non-sens. Mais l'alternance ne recueille pas ses faveurs.

    Un Grand prix de Belgique chaque saison, même en concurrence un an sur deux avec le Nürburgring, pourrait être profitable. Envisageons la probabilité d'un bénéfice la saison sans le Nürburgring qui viendrait couvrir l'éventuel déficit de la saison où les deux circuits seraient représentés.

    Mais nous devons absolument collaborer avec la FOM afin de ne pas connaître la mésaventure canadienne de 2009 et connaître une absence qui ne pourra qu'entraîner une chute de l'intérêt et de valeur de la marque « Spa-Francorchamps ».

    Il va sans dire que la renommée de notre circuit est directement liée à la venue du grand Barnum de la F1 sur nos terres. Une absence serait préjudiciable pour l'ensemble des projets sportifs et commerciaux de la Société de Promotion du circuit.

    En outre, si la Région wallonne a seule consenti d'importants efforts financiers pour que Spa-Francorchamps réponde aux exigences de la F1 et se voie doter d'un outil moderne, les recettes fiscales générées par le circuit échappent à la Région et viennent grossir l'escarcelle du Fédéral. Une solution à cet égard devra être creusée.

    Réussir le tour de force d'assurer la présence de Spa-Francorchamps constituerait une belle performance. De nombreux pays: la Grèce, la Corée du Sud,... se pressent au portillon. Toujours en restant attentive aux données financières, la Région wallonne disposerait d'une magnifique vitrine durant un week-end comme seule une Coupe du Monde de football ou les Jeux Olympiques peuvent offrir.

    Par ailleurs, le Gouvernement wallon a toujours souhaité l'élaboration d'un modèle économique qui puisse à terme arriver à un équilibre financier pour l'organisation d'un Grand Prix de F1. Il serait toutefois judicieux, afin d'œuvrer efficacement, l'esprit libéré, de négocier avec la FOM un bail de longue durée, à l'instar de Hokkenheim (2018) ou Silverstone (2027) et d'installer un plan financier et commercial sur le long terme.

    Nonobstant ce qui précède, Spa-Francorchamps figurera bel et bien, comme prévu dans le contrat liant la Région wallonne et la FOM jusqu'en 2012, au calendrier 2010. Les différentes hypothèses relayées, notamment par la presse, ne sont pour l'heure qu'à l'état embryonnaire.