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Alliance emploi/environnement

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 102 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 11/12/2009
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Depuis le mois de juillet, Monsieur le Ministre a mis l'alliance emploi-environnement au centre de son discours politique. Selon ce qu'on a pu lire, le centre de cette alliance est le secteur de la construction et plus particulièrement de l'isolation.

    En effet, l'état du bâti en Région wallonne est tel, qu'un vaste plan d'isolation est nécessaire.

    Monsieur le Ministre, cette alliance constitue, nous le savons tous, une réelle opportunité en matière d’emplois, de développement économique et de réponses aux défis environnementaux.

    Il est évident que si la performance énergétique constitue un axe majeur de cette politique, il n'en demeure pas moins que d'autres secteurs économiques peuvent être valorisés au travers de l'alliance emploi-environnement.

    Dès lors, ne pense-t-il pas qu’il serait opportun de faire un état des lieux des secteurs de l’environnement pour lesquels un potentiel de création d’emplois existe ?

    A cet égard, je pense que le secteur de valorisation des déchets est assez intéressant.

    En effet, à l’issue de la semaine européenne de la réduction des déchets (21-29 novembre 2009), nous devons faire face au constat suivant :

    Chaque wallon produit plus de 173 kg d’ordures ménagères brutes (chiffres de 2007, Office wallon des Déchets) par an et plus de 39 kg d’encombrants par an (chiffres de 2007, Office wallon des Déchets). Ces chiffres ne tiennent même pas compte des déchets ménagers assimilés tels les DEEE (déchets d'équipements électriques et électroniques), les déchets de construction...

    Or, le déchet le moins polluant et le moins cher à retraiter est celui que l’on ne produit pas.

    Nous sommes tous, en tant que citoyens, sensibilisés sur la nécessité de réduire notre production de déchets. 

    Néanmoins, quel que soit notre degré de sensibilisation, nous produisons tous des déchets. Le « zéro déchet » n’existe pas.

    La gestion des déchets constitue donc un axe primordial de développement durable. Le potentiel de création d’emplois y est important.

    Prenons par exemple, au niveau de la Province de Namur, la Ressourcerie namuroise, qui vient de se voir décerner le prix de l'économie sociale 2009.

    Cette société coopérative à finalité sociale a comme activité principale la gestion globale de déchets encombrants. Pour valoriser les déchets, la Ressourcerie possède un centre de collecte et de tri et un magasin de seconde main sous l’enseigne « Ravik boutik ».

    Ce secteur d’activité poursuit trois finalités :

    Sociale : favoriser l’insertion professionnelle et la formation de personnes qui ont des compétences inadéquates sur le marché de l’emploi ;

    Economique : créer des emplois locaux et durables grâce aux plus-values financières générées par leur production ;

    Environnementale : prévenir l’apparition de déchets par la sensibilisation et la revalorisation, soit réutilisation ou recyclage de produits ou biens en fin de vie ou usagés.

    Et bien, à ma connaissance, ce type de services est loin d'être répandu au sein de notre Région.

    Je suis convaincu qu’une alliance emploi-environnement doit aussi s’inscrire dans des secteurs d'activité qui garantissent l'emploi local peu qualifié, qui valorisent au mieux les ressources et qui préservent l'environnement.

    Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer quelles sont les filières qu'il a identifiées et qui sont porteuses dans le cadre de cette alliance ?

    Concrètement, peut-il nous donner son calendrier de travail et le budget qu'il compte pouvoir dégager pour mettre en place l'alliance emploi-environnement ? Combien d’emplois supplémentaires pense-t-il pouvoir créer, à terme, grâce à cette alliance ? 
  • Réponse du 28/12/2009
    • de NOLLET Jean-Marc

    Je partage avec l'honorable Membre l'intérêt d'identifier le potentiel de création d'emploi dans les différents secteurs de l'environnement. A ce titre, je souhaite que l'étude préalable à la création du 6ème pôle de compétitivité prévu dans le PM2.vert nous permette de prioriser les secteurs les plus intéressants en termes de création d'emploi, de valeur ajoutée et de préservation de l'environnement.

    En attendant cela, et afin de lui donner une vue globale du secteur économique de l'environnement, que l'honorable Membre sache déjà que selon les dernières études disponibles, le nombre d'entreprises et indépendants actifs en Région wallonne dans le secteur de l'environnement est approximativement de 1.835.

    Le chiffre d'affaires du secteur de l'environnement fournit une contribution de l'ordre de 2.2% à l'économie wallonne et puisqu'il met particulièrement l'accent sur le secteur des déchets, que l'honorable Membre sache qu'il y contribue pour 55 %.

    En matière d'emploi, la contribution du secteur de l'environnement à l'économie wallonne est estimée de manière prudente à environ 870 entités juridiques actives dans le secteur des déchets sont recensées; celles-ci sont fortement utilisatrices de main-d' œuvre puisqu'elles utilisent environ 43 % du total des emplois du secteur.

    En ce qui concerne le chiffre d'affaires réalisé dans le secteur de l'environnement à l'exportation, la prédominance de l'activité « déchets » apparaît nettement, puisque avec seulement 34,6% des sociétés et 43% des emplois, elle génère à elle seule plus de 64% de ce chiffre d'affaires à l'exportation.

    On notera à ce propos que dans l'activité « déchets », une grande partie du chiffre d'affaires « environnement » à l'exportation est réalisée par des sociétés actives dans le domaine du recyclage, soit en tant que fournisseurs d'équipements spécifiques soit en tant que producteurs de matières « premières secondaires » à destination des lieux de production industrielle qui les utilisent.

    Nous partageons, l'honorable Membre et moi, un intérêt pour la valorisation des déchets. Le taux de croissance de ce marché est de l'ordre de 2,4% avec de fortes variations entre régions de par le monde puisqu'il est de 8,6% pour la Chine par exemple. Les technologies de recyclage et de compostage, les systèmes de récupération des gaz de décharges, les équipements d'incinération et les processus de valorisation énergétique des déchets sont autant de pistes intéressantes à suivre et qui demandent des entreprises à forte expertise technologique.

    Afin de faire le lien avec la première Alliance Emploi-Environnement qui traitera de construction durable, le Gouvernement devra être attentif à la question des déchets de construction et de démolition. En effet, la gestion des déchets de construction et de démolition représente un enjeu économique important. Pour l'année 2005, la Région wallonne comptait près de 2,6 millions de tonnes produites sans prendre en compte les terres de découverture qui sont estimées à 6 millions de tonnes.

    La construction est un secteur d'activité propice au recyclage de ses propres déchets. De plus, ce secteur a été identifié par l'OCDE comme faisant partie des secteurs les plus prometteurs pour réduire l'utilisation de matières premières vierges (et la production subséquente de déchets) tout en continuant d'assurer une croissance économique.

    Aujourd'hui la chaîne de production linéaire ne peut plus être considérée comme un concept d'avenir. Par contre l'écologie industrielle, basée sur l'analyse des flux et sur le bilan de matière ainsi que celui d'économie circulaire, fondé sur la réduction et le recyclage des déchets et sur l'utilisation efficace des ressources, doivent s'imposer.

    Nous avons en ce sens prévu dans le PM2.vert de réaliser l'analyse de flux de matière et d'énergie de la Wallonie et de créer des bourses aux déchets, permettant de se faire rencontrer l'offre et la demande et le cas échéant pour le secteur de la construction entrevoir des possibilités de déconstruction, de tri et de réutilisation des déchets sur chantiers.

    Toujours dans le lien « construction durable » et déchets, d'autres pistes sont envisageables telles que cette initiative française du relais qui fabrique un matériau d'isolation performant à partir de vieux textiles. Nous essayerons de promouvoir ce type d'isolants écologiques et créateurs d'emploi au travers d'un appel à projet prévu dans le PM2.vert.

    Enfin, en ce qui concerne la première alliance, il est difficile de citer des chiffres ex ante mais le secteur de la construction lui-même a évoqué plus de 15.000 emplois créés (maçons, menuisiers, couvreurs, façadiers, vitriers, chapistes, électriciens et chauffagistes). En plus de cela, nous devions avoir environ 2.000 employés formés à la PEB dans les bureaux d'étude et autant chez les architectes.

    Concrètement, dès le début 2010, nous appuyant sur les acquis de la première table-ronde du 1er juillet 2009; nous poursuivrons l'initiative de concertations avec les secteurs, ce qui aboutira à l'adoption d'un contrat multi-sectoriel. Celui-ci détaillera comment atteindre les objectifs fixés par le Plan pluriannuel d'économies d'énergie et de construction durable, au travers d'une part de la stimulation de l'offre de biens et de services et d'autre part de la stimulation de la demande. Entre-temps, toute une série de mesures, de recherches et d'actions en matière d'économie d'énergie, de sensibilisation de la population, de financements des chantiers d'éco-rénovation tant pour le public que pour les particuliers, de formations et économie verte, de mise à l'emploi au travers de postes APE et PTP, etc telles que décrites dans le PM2. vert seront entamées.

    Tel qu'annoncé, un budget de 279.543.000 euros y sera consacré en plus des 600.000.000 euros de financements alternatifs.