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Inégalités persistantes entre les hommes et les femmes dans le monde du travail

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 33 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 18/12/2009
    • de KAPOMPOLE Joelle
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Nul n'ignore que la presse écrite a rapporté ce mardi 10 novembre dernier que de nombreuses disparités salariales persistent entre les hommes et les femmes. La Belgique n'échappe pas à un tel constat et est même récemment descendue de la 18ème à la 33ème place du classement des disparités hommes/femmes.

    En effet, les femmes gagnent entre 11 et 15 % de moins que les hommes et travaillent souvent dans des secteurs moins valorisés et pourtant tout aussi importants. Elles sont plus fréquemment employées sous contrat à durée déterminée ou à temps partiel que leurs homologues masculins.

    Un peu plus loin, dans les mêmes quotidiens, on relevait que les femmes sont plus vulnérables que les hommes face la maladie.

    Ces sujets peuvent pour d'aucun sembler désuets, voire même ringards, à laisser et maintenir au rang de l'histoire et de ses combats féministes. Cependant, force est de constater que ces disparités sont existantes, incrustées dans les mentalités, et risquent de paraître à plus long terme comme simplement normales.

    Nous ne pouvons souffrir cette situation sans réagir. Il nous appartient en effet de modifier les mentalités des employeurs face aux demandeurs d'emploi. Il faut veiller à infléchir ces statistiques et résoudre cette chute libre de notre nation face aux disparités salariales relevées dans les dernières études.

    La formation des demandeurs d'emploi est importante, mais ne peut se faire au détriment d'une formation des futurs employeurs qu'il nous appartient de conscientiser quant à cette problématique. Il va sans dire que Monsieur le Ministre André Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports est parallèlement interpellé sur ce point.

    Cependant, pour pouvoir aboutir à des résultats concrets, c'est un véritable changement des mentalités qui s'impose à travers une sensibilisation des acteurs principaux à la notion d'égalité des chances.

    Dans ce contexte, je souhaiterais connaître les mesures concrètes que compte déployer Madame la Ministre afin d'enrayer ce phénomène persistant, à tout le moins dans le cadre des compétences qui relèvent de la Région wallonne ?


  • Réponse du 13/01/2010
    • de TILLIEUX Eliane

    La question que pose l'honorable Membre mérite une attention particulière. Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes qui restent, selon les différents rapports dont nous disposons, stables, même si aujourd'hui, un nombre plus important de filles sortent des études universitaires que les garçons.

    Comme l'a souligné l'Institut pour l'Egalité entre hommes et femmes, en Belgique, les discriminations manifestes entre une femme et un homme occupant une même fonction sont rares et nous disposons d'instruments juridiques efficaces pour les éradiquer.

    Cependant, la complexité et la diversité des causes de l'écart salarial, les multiples domaines où des interventions s'imposent (les gardes d'enfant, l'orientation scolaire, les ségrégations sur le marché de l'emploi, ... ) exigent de dépasser la seule procédure judiciaire, les réactions au cas par cas. En effet, la réduction de l'écart salarial passe nécessairement par une approche plus large, globale, par un changement profond des mentalités qui tient de la « révolution culturelle » et dont les effets ne pourront être mesurés que sur le long terme. Ce changement ne pourra s'accomplir qu'au travers d'une collaboration étroite entre les différents niveaux de pouvoir et les partenaires sociaux et par la réaffirmation permanente que la lutte contre l'écart salarial est bien une priorité sociale et politique, une priorité qui demande l'investissement permanent de toutes et de tous.

    J'ai également pris connaissance du travail réalisé par le Conseil wallon de l'égalité homme femme (CWEFH) concernant ses recommandations en matière de discrimination salariale et nous avons prévu une rencontre très prochainement avec ses membres, et j'aurai l'occasion de les entendre plus précisément sur les propositions débattues au sein de leur conseil.

    L'honorable Membre doit savoir, en tout cas, qu'elle trouvera dans le cadre du plan Marshall 2.Vert, des mesures relatives à sa préoccupation :
    - dans l'axe III, créer un cadre propice à la création d'activité et d'emplois de qualité, au niveau de l'action III.1.b : « encourager l'esprit d'entreprendre chez les femmes et chez les personnes issues de la diversité et plus généralement les demandeurs d'emploi »;

    - dans l'axe V : accroître la disponibilité professionnelle par le développement d'emplois dans les services d'aide aux personnes et l'augmentation des investissements dans les infrastructures d'accueil pour les secteurs de l'enfance et de l'aide aux personnes vulnérables. Les mesures V.1. « développer l'emploi dans les services de l'accueil de l'enfance et d'aide aux personnes vulnérables » et V.2. « augmenter les investissements dans les infrastructures d'accueil » visant à faciliter la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée, en levant un des obstacles à l'investissement dans la carrière professionnelle, en particulier pour les femmes.

    Quant au changement de mentalité, l'honorable Membre doit savoir que nous disposons principalement de deux leviers :
    - Les coordinations provinciales, co-financées et co-gerees par la Région wallonne, la Communauté française et l'Etat fédéral, ont pour mission de promouvoir l'égalité des femmes et des hommes sur le plan économique, dans la vie sociale et dans l'accès aux lieux de décision. Dans ce cadre, les coordinatrices mènent et coordonnent de nombreuses initiatives très concrètes en matière d'accès des femmes à l'emploi, notamment pour ce qui concerne l'accès des femmes aux emplois réputés « masculins ». Il va de soi que je continuerai à soutenir leur travail.

    - Les subventions facultatives me donnent la possibilité de soutenir financièrement des actions portées, soit par les pouvoirs locaux, soit par le monde associatif, et visant à identifier et remédier les inégalités entre les femmes et les hommes. De nombreux projets financés portent spécifiquement sur la question de l'accès des femmes au monde du travail.


    Je souhaiterais lui rappeler également que, dans le domaine de l'égalité pour tous au travail, une récente législation - le décret du 6 novembre 2008, modifié par celui du 19 mars 2009, relatif à la lutte contre certaines formes de discriminations - donne à la Région wallonne un nouvel outil permettant de lutter contre les discriminations liées au genre dont la discrimination en matière d'emploi.

    Avec le centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme ainsi que l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, avec qui la Région a conclu des protocoles de collaboration, mes services participent actuellement à une vaste campagne visant à informer les pouvoirs locaux ainsi que les divers partenaires associatifs des retombées pratiques de ce décret.