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Santé des marronniers

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 129 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 18/12/2009
    • de BAYET Hugues
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine


    La santé des marronniers est préoccupante. Il faut dire que depuis la fin des années 90, cette espèce accumule les problèmes. II y a d'abord eu la progressive colonisation de notre territoire par le Cameraria ohridella, un petit papillon dont la larve, la bien nommée mineuse du marronnier, creuse des galeries dans les feuilles de cet arbre provoquant d'abord des taches claires de formes variables, puis leur brunissement puis enfin leur chute prématurée. Si à court terme, les effets sont surtout esthétiques; sur le long terme, on peut s'attendre à un dépérissement des arbres atteints, particulièrement s'ils sont jeunes ou si d'autres facteurs se conjuguent pour les affaiblir, qu'il s'agisse de la pollution, de champignons comme l'anthracnose du marronnier ou de maladies bactériennes, nous y reviendrons ...

    Pour lutter contre ce bioagresseur, on peut ceinturer l'arbre de bandes engluées, poser des pièges à phéromones ou plus simplement réaliser en automne un ramassage systématique des feuilles au sein desquelles le ravageur hiverne à l'état de nymphe pour donner naissance au printemps à de nouveaux papillons. Pour peu que ces feuilles soient détruites ou compostées selon des techniques ad hoc, le ramassage est, de l'avis même de la spécialiste du Centre de Recherche Agronomique de Gembloux, la méthode la plus efficace pour réduire de manière naturelle la population de cet insecte.

    II semble que certaines villes et communes comme la ville de Liège aient déjà pris le problème à bras le corps en faisant effectuer ce ramassage dans les espaces publics. D'autres, comme Waterloo sur son site internet, encouragent les particuliers à pratiquer ce ramassage sur leur propriété. Force est de constater, toutefois, que le problème est encore méconnu, sinon inconnu, dans bon nombre de communes, et ce, de l'aveu même des conseillers en environnement que j'ai pu interroger.

    Ne conviendrait-il pas, Monsieur le Ministre, d'organiser une information sur ce sujet à destination de toutes les communes afin que celles-ci puissent prendre les mesures qui s'imposent ? Ne pourrait-on pas également mettre à leur disposition un matériel d'information à destination des particuliers ?

    J'en viens, à présent, à un autre fléau qui frappe les marronniers et ce, avec des effets manifestement beaucoup plus dramatiques à court et moyen terme. II s'agit d'une maladie causée par une bactérie de l'espèce Pseudomonas syringae qui se manifeste d'abord par des suintements noirâtres ou rouille, en divers endroits du tronc puis par d'importantes fissures de l'écorce.

    Les premiers arbres touchés ont été signalés dans le Nord de la France en 2001. A Roubaix, sur un groupe comptant 159 marronniers jeunes et adultes en 2001, 29 étaient déjà morts en 2007 et seuls 50 ne présentaient aucun symptôme.

    Dans notre pays, c'est la Région bruxelloise qui a été la plus prompte à réagir, ce qui est sans doute compréhensible dans la mesure où les marronniers y sont présents en abondance, notamment sur des sites classés et font indéniablement partie du profil esthétique de certains quartiers bruxellois. Depuis septembre 2008, une convention de recherche lie donc la Région bruxelloise et le Centre de Recherche Agronomique de Gembloux. J'ai également appris qu'une réunion d'information organisée par la Région avec l'aide de l'Association Bruxelloise des Gestionnaires de Plantations est prévue en février prochain avec comme public cible les services environnement des communes bruxelloises.
    Sachant que la Région wallonne n'est pas épargnée puisque des arbres malades ont été identifiés à Mouscron, à La Louvière (le long du canal du Centre), à CharleroI, Gembloux, Namur et Liège, donc partout sauf en Ardennes et en Gaume, certaines questions me semblent devoir être posées.

    Les services de Monsieur le Ministre disposent-ils d'un cadastre des arbres malades ?

    Suivent-ils l'évolution des recherches en cours en Région bruxelloise ?

    Ne serait-il pas opportun que la Région wallonne s'associe à ce programme de recherche et que les services environnement de nos communes soient informés voire associés ?

    Des projets existent-ils en ce sens ?
  • Réponse du 12/01/2010
    • de LUTGEN Benoît

    Vu l'apparition de nouveaux ravageurs ces dernières années, notamment la mineuse du marronnier et Pseudomonas syringae, nos marronniers pourraient être sérieusement menacés à moyen terme.

    Concernant la problématique de la larve du lépidoptère Cameraria ohridella (mineuse du marronnier), divers moyens de lutte ont été préconisés par le Centre de Recherches Agronomiques de Gembloux, notamment le ramassage des feuilles, meilleure parade semble-t-il actuellement en termes d'efficacité et de coût (99,75 % de réduction d'émergence des adultes lors du premier envol au printemps).

    Vu l'ampleur des ravages causés par la mineuse sur notre territoire, une information à destination des gestionnaires d'espaces verts tant publics que privés est nécessaire. Néanmoins, la Région wallonne ne dispose pas encore d'informations suffisantes pour la réalisation d'une brochure didactique complète, notamment concernant les moyens d'élimination des feuilles. C'est pourquoi, j’ai chargé l’administration de mettre en œuvre, dans le courant 2010, une convention permettant d'étudier cette problématique et d'envisager la réalisation d'une brochure de vulgarisation sur les risques et les moyens de prévention.

    Concernant la menace relative à Pseudomonas syringae, il n'existe pas de cadastre bien établi des arbres malades. Néanmoins, dans le cadre de la convention initiée par l'IBGE et menée par le CRA en la matière, les services de la Région wallonne ont participé à la recherche de cas susceptibles d'être atteints par la maladie sur l'ensemble du territoire wallon.

    Actuellement, la convention en cours avec Bruxelles-Environnement ne permettrait pas une étude suffisante sur la caractérisation et la détection de la bactérie, faute de moyens humains et logistiques.

    Néanmoins, sur base des résultats déjà obtenus par le CRA, il semblerait qu'une étude plus approfondie en laboratoire pourrait permettre dans les deux à trois ans de mettre en place une pépinière expérimentale indemne de Pseudomonas syringae dont les perspectives seraient la production de plants de marronniers sains pour l'ensemble du territoire. C'est pourquoi, j’ai décidé de soutenir également financièrement les recherches actuellement en cours afin de développer la recherche en laboratoire et la mise en place d'une pépinière expérimentale.