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Un réseau électrique sous-marin

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 131 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 04/01/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    « Le Soir» du 8 décembre 2009 en sa page 27 fait état du développement offshore en mer. Dans cet article, il est fait référence à un communiqué du Ministre fédéral belge de l'Energie, M. Paul Magnette, s'exprimant comme suit « le potentiel en matière d'éoliennes offshore dans les mers du Nord est énorme, dépassant même l'équivalent en énergie du pétrole du Moyen-Orient ».

    Si tel devait être le cas, il est permis de considérer qu'il y aurait là une source d'énergie propre quasiment inépuisable. La Wallonie va-t-elle se profiler dans ce développement nettement plus intéressant que celui consistant à multiplier des éoliennes n'importe où en Wallonie pour le plus grand profit des investisseurs et avec les plus grands inconvénients pour les riverains immédiats, dès lors que certaines éoliennes, non point toutes bien évidemment, sont implantées en dépit du bon sens?
  • Réponse du 26/01/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Tout comme l'honorable Membre, je suis persuadé que le potentiel éolien dans les mers septentrionales de l'Europe est énorme, notamment avec le développement attendu du « super-grid » reliant les parcs éoliens off-shore à travers un réseau où l'électricité transiterait en courant continu. La Belgique doit pouvoir jouer un rôle moteur dans le cadre de ce vaste réseau, en partenariat avec d'autres pays européens. Toutefois, la concrétisation de ce super-réseau doit s'envisager à l'horizon 2030.

    Entre-temps, la Belgique doit respecter ses objectifs en matière d'énergie produite à partir de sources renouvelables : celle-ci doit atteindre ou dépasser 13% à l'horizon 2020. Dans ce cadre, le potentiel de la zone côtière sous contrôle de la Belgique en matière d'éoliennes off-shore, en tenant compte des contraintes liées aux autres usages de la mer du Nord, a été évalué par une étude réalisée pour le compte de la politique scientifique belge. Ce potentiel y est estimé à 2.672 MW de puissance installée, ce qui correspondrait à une production d'électricité d'environ 8.000 GWh. En prenant l'hypothèse d'une répartition de cette production entre Régions, proportionnelle à leur consommation d'électricité, la Région wallonne pourrait « retirer » raisonnablement environ 2.600 GWh issus des éoliennes off-shore.

    Contrairement à ce que semble suggérer l'honorable Membre, cette électricité issue de la mer du Nord n'est pas suffisante pour couvrir l'entièreté de nos objectifs en matière d'énergies renouvelables, encore moins de constituer une source suffisante d'énergie inépuisable. Il faudra recourir à une large palette de ressources renouvelables, parmi lesquelles les éoliennes on-shore auront un rôle prépondérant. L'objectif à atteindre d'ici 2020 n'est pas encore fixé ; il le sera d'ici au 30 juin 2010 lorsque les différentes entités belges devront remettre un plan d'action national en matière de sources d'énergie renouvelable à la Commission européenne. Mais selon les études dont nous disposons ainsi que le développement actuel des parcs éoliens, il est très probable que la contribution des éoliennes on-shore dépassera les 2.600 GWh évoqués ci-dessus pour les éoliennes off­shore.

    Il n'y a donc pas à choisir entre le développement éolien off-shore et on-shore; il faudra soutenir le développement de ces deux sources d'énergie, cruciales pour notre avenir énergétique.

    L'allusion de l'honorable Membre au caractère anarchique de la politique d'implantation actuelle de parcs éoliens n'est pas fondée, ou tout au moins elle me paraît largement exagérée. Je me permets en effet de lui rappeler qu'un cadre de référence et ses recommandations encadrent plusieurs étapes de la procédure d'instruction d'un permis unique relatif à tout projet éolien de plus de 500 kW :
    - lors des réunions d'information de la population (consultation préalable au début de l'EIE, enquête publique lors de la procédure de permis), les citoyens et riverains peuvent utiliser le cadre de référence pour poser leurs questions au porteur de projet, voire pour proposer des alternatives;
    - le cadre de référence complète le contenu obligatoire (1) de l'étude d'incidences sur l'environnement (EIE), réalisée par un bureau d'étude agréé, en visant notamment l'évaluation du potentiel éolien du projet et du site;
    - le rapport de synthèse des fonctionnaires technique et délégué, tient compte du cadre de référence pour justifier l'octroi ou le refus du permis.


    Enfin, le développement du parc éolien en Wallonie, l'évolution de la technologie éolienne, la nécessité de rencontrer des objectifs énergétiques ambitieux de même que les besoins d'impliquer les collectivités locales et de préserver le capital sympathie de l'éolien ont mis en lumière la nécessité de revoir le Cadre de Référence pour l'implantation de parcs éoliens en Région wallonne.

    Cette adaptation du cadre de référence est inscrite dans la déclaration de politique régionale. Je travaille actuellement avec mon Collègue Philippe Henry sur une note d'orientation que nous comptons soumettre au Gouvernement fin janvier. Cette note est le fruit de multiples contacts et réunions que nos cabinets respectifs ont tenues ces 3 derniers mois, afin que la stratégie adoptée soit d'une part ambitieuse, mais également pragmatique et évite de possibles écueils.



    (1) Le contenu minimum d'une EIE est fixé par l'AWG du 04 juillet 2002.