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Impact de la crise sur le marché de l'emploi et les mesures préconisées

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 71 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 06/01/2010
    • de KUBLA Serge
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Les chiffres du chômage les plus récents montrent une évolution des pertes d’emploi moins dramatique en Wallonie que dans les autres régions du Pays ; + 20,7 % en Flandre, + 6,5 % à Bruxelles et « seulement » 4,3% en Wallonie. De manière un peu étonnante, Monsieur le Ministre lui-même ainsi que sa collègue présidente de parti, semblent se réjouir de cette tendance ; c’est oublier un peu vite qu’en nombre de personnes concernées, les 4,3 % Wallons signifient 8.317 chômeurs en plus et « seulement » 4.479 à Bruxelles !

    Face à cela, Monsieur le Ministre annonce des mesures nouvelles de formations à l’essai pour les demandeurs d’emploi (trois formations testées avant de choisir) ainsi que l’affectation d’une personne de contact à chacun au Forem, semblant ainsi donner une impulsion nouvelle à l’accompagnement des chômeurs. Pourtant, lorsqu’on regarde les chiffres consacrés aux aides à l’emploi, on constate à l’inverse une tendance au tassement. Ainsi, les aides à l’emploi ciblées sur les chômeurs de longue durée diminuent au budget 2010 de 14,1 % tandis que les aides à l’embauche diminuent quant à elles de 9,1%.

    Comment Monsieur le Ministre explique-t-il ce paradoxe ?   N’estime-t-il pas qu’il y a contradiction entre la volonté annoncée de soutien aux demandeurs d’emploi et la diminution des moyens ? Face aux nouvelles pertes d’emplois déjà enregistrées, même si elles sont, selon Monsieur le Ministre, limitées, et aux nouvelles qui ne manqueront pas de se produire encore, quelle est l’ossature de sa politique ? Quelles mesures fortes la Wallonie peut-elle attendre de sa part ?

     La Flandre, on le sait, a décidé d’injecter 800 millions d’euros pour financer une série de projets destinés à stimuler l’économie régionale dont 22,5 millions dédicacés à un plan pour l’emploi. Parmi les initiatives flamandes figurent un centre de haut niveau de santé et des projets de développement de voitures électriques. Chez nous rien de tel. Le plan de relance annoncé à grand renfort de publicité avant les élections est resté bien timide. Où sont les initiatives d’envergure dans le chef de Monsieur le Ministre ? La Ministre fédérale de l’Emploi appartient au même parti que lui; existe-t-il une collaboration entre le Fédéral et la Région wallonne pour parer aux effets dévastateurs de la crise ? Des contacts sont-ils noués avec la Flandre, durement touchée dans son secteur automobile, pour coordonner des initiatives ?

    Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas que les conséquences économiques de la crise financière qui se font aujourd’hui pleinement sentir  peuvent offrir l’occasion de redéfinir une politique de l’emploi, de réinventer de nouvelles formes de travail ? La majorité précédente, dans laquelle il était déjà,  annonçait il n’y a pas si longtemps que la crise devait être saisie comme une opportunité pour former, qu’en est-il dans les faits ? Qu’a-t-il réalisé dans ce sens ?


  • Réponse du 05/02/2010
    • de ANTOINE André

    Je partage bien entendu le souci de l'honorable Membre de répondre à l'impact de la crise sur le marché de l'emploi par la mise en place de mesures fortes et des collaborations avec le Gouvernement fédéral et les autres Régions.

    Je m'étonne par contre des chiffres qu'il avance : une diminution de 14,1 % en matière d'aides à l'emploi pour les chômeurs longue durée et de 9,1% pour les aides à l'embauche.

    En ce qui concerne les aides à l'emploi en Région wallonne, ciblées sur les chômeurs de longue durée, (en l'occurrence les PTP), le budget du département de l'emploi est équivalent en 2010 à celui de 2009 (soit 15.616.000 euros). Pour le cofinancement par les autres départements, les montants financiers ont été ramenés au niveau des dépenses réelles (-5MEuros pour l'ensemble). Cela ne veut pas dire diminution du volume de postes. Il est à noter que la stabilisation du nombre de demandes depuis quelques années provient essentiellement de la difficulté pour les employeurs de changer de travailleurs tous les 2 ou 3 ans.

    Quant aux aides à l'embauche, les montants affectés aux APE et aux primes à l'emploi des PME sont restés identiques. Et le budget consacré aux Conventions de premier emploi vise l'occupation du même nombre de jeunes qu'en 2009 (soit 268 contrats en Région wallonne et 93 en Communauté française).

    Bref, il n'y a aucune diminution à prévoir en 2010 en termes de nombre de postes ou de moyens réellement utilisés par les entreprises.

    Mais revenons-en à sa question sur les mesures et initiatives que nous mettons sur pied en Wallonie

    A mon sens, ce dont la Wallonie a besoin, c'est d'une stratégie à double détente : sur le court terme et sur le moyen terme.

    1. Sur le court terme, nous avons 2 objectifs : soutenir les travailleurs licenciés et favoriser
    le maintien de l'emploi dans les entreprises.

    Commençons par les travailleurs licenciés :
    - Au niveau fédéral, il a été décidé d'élargir l'accès aux avantages liés aux Cellules pour l'Emploi (CPE) aux travailleurs de moins de 45 ans, ainsi qu'aux intérimaires ou personnes en Contrat à durée déterminée s'ils justifient d'un an d'ancienneté.
    - Au niveau Régional, le Gouvernement Wallon a décidé en 2009 de mettre en place des plateformes permanentes de reconversion pour accueillir les licenciements de moins de 100 travailleurs. De plus, nous avons élargi l'accès aux reconversions collectives aux travailleurs à durée déterminée ou dont la mission d'intérim n'est pas poursuivie en appliquant un critère de 3 mois d'occupation au lieu de 1 an comme prévu au niveau fédéral. Ces dispositifs sont mis en place par le Forem. J'ai déjà prévu le financement de ces mesures pour 2010 et 2011.
    - Ajoutons à ces dispositifs légaux des partenariats mis en place entre Le Forem et Federgon pour sensibiliser les intérimaires qui avant la crise avaient des missions qui se succédaient rapidement, à l'intérêt de s'inscrire au Forem pour bénéficier de son offre de service quand les missions s'espacent plus.
    - Enfin, je rappelle à l'honorable Membre que dans l'accord sur la mobilité inter-régionale figurent différentes mesures dont la mise sur pied de cellules de crise pour coordonner les interventions des Régions en cas de licenciement collectif affectant plusieurs régions.

    Sur le court terme encore, il nous faut aider les entreprises à maintenir dans l'emploi un maximum de personnes. Pour ce faire, j'ai prévu de poursuivre les actions d'information et de conseil que Le Forem est chargé de mettre en place pour les soutenir durant cette période de fléchissement du chiffre d'affaire. j'ai prévu aussi de développer les actions de formation pendant les périodes de chômage économique. (II s'agit de permettre à ces travailleurs de compléter leurs compétences via des plans de formations établis avec l'entreprise ou eux-mêmes, par exemple en sécurité, manutention, soudure, bureautique, langues,... domaines les plus demandés l'année passée.)



    2. Sur le moyen terme, il nous faut préparer la sortie de la crise par une meilleure formation et insertion des demandeurs d'emploi.
    A cet égard, j'ai entrepris 3 grands chantiers :

    a) Mettre en place un coaching personnalisé qui permettra
    - de mieux identifier les compétences des personnes et donc de mieux les orienter vers des métiers d'avenir;
    - d'agir rapidement dès l'inscription comme demandeur d'emploi au sortir de l'école ou après une perte d'emploi pour éviter l'enlisement dans le chômage;
    - de soutenir de manière intensive les personnes;
    - de mieux articuler les actions des différents organismes qui interviennent dans le parcours du demandeur d'emploi pour les rendre plus efficaces.

    b) Investir dans la formation en faisant des efforts particuliers
    - dans la formation aux métiers en demande et métiers verts;
    - dans la formation en langues et en particulier les bourses d'immersion;
    - dans la formation en alternance en renforçant les actions de l'IFAPME, en mettant en place les éléments de l'accord avec la Communauté française et développant l'alternance pour les demandeurs d'emploi (expériences prévues à l'IFAPME et au Forem).

    c) Investir dans une meilleure orientation des demandeurs d'emploi et les attirer vers les métiers porteurs, via les essais métiers et le renforcement des informations sur les métiers.
    Pour mener ces 3 politiques qui doivent aider à préparer la reprise, je m'appuierai sur les réallocations internes au Forem prévues dans la DPR ainsi que sur les financements prévus dans le Plan Marshall 2.vert.


    L'honorable Membre me dit aussi que la crise doit aussi être conçue comme une opportunité.
    Pour ce qui concerne les entreprises, je partage son avis, que la période actuelle peut utilement être mise à profit pour former le personnel. J'en ai parlé plus haut.
    Par ailleurs, du côté des pouvoirs publics, face aux contraintes budgétaires, le Gouvernement a pris le parti de demander aux OIP des efforts particuliers de 5% par rapport au budget initial 2009, auxquels j'ai ajouté une demande de réduction de 30% des budgets communication pour les déplacer vers des budgets de production de service. Par ailleurs, la réallocation demandée au Forem vise aussi à centrer davantage de personnel sur des tâches de production et non de support ou d'expertise.