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Formation des chauffeurs de bus

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 76 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 06/01/2010
    • de SAUDOYER Annick
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Depuis maintenant quelques années, les professionnels de la route que sont les chauffeurs de bus et d’autocar sont confrontés à une pénurie de chauffeurs. Il existe pourtant une solution pour résoudre ou au moins atténuer ce problème, et elle a été développée en Wallonie Picarde.

    Il y a quelque temps, sur le site de Forem Formation Logistique - Wallonie Picarde se situant à Estaimpuis, le Forem a proposé deux séances d’information sur le métier de conducteur de bus ainsi que sur la formation de quatre mois qu’elle organise. Des séances qui complètent la campagne d’affichage s'étant déroulée dans la région, notamment dans les bus TEC.

    Nous avons été heureusement surpris d'apprendre que ces séances d’information étaient plutôt destinées aux femmes. « Femme au volant, danger permanent ! », peut-on souvent entendre. Il n’y a cependant rien de plus faux que cet adage populaire… Au contraire, les sociétés de bus et d’autocar et même les formateurs du Forem préfèrent généralement voir des femmes aux commandes de ces immenses engins.

    « Les occupants du bus aiment avoir une présence féminine au volant car leur conduite est plus souple, plus calme, moins brusque. Souvent, elles font aussi preuve de plus d’anticipation que leurs collègues masculins », indiquent de nombreux professionnels du secteur. « Quant aux patrons, ils apprécient leur douceur avec le matériel et le fait qu’elles apportent plus de soin à leur engin, notamment en nettoyant le car plus spontanément ».

    Malgré les idées reçues, de nombreux organismes de statistiques ont démontré que les femmes ne conduisaient pas moins bien, mais au contraire souvent mieux que les hommes. Elles sont moins impliquées dans des accidents graves et commettent moins d’infractions. Souvent, elles ne représentent qu’une infime partie du nombre de blessés ou de tués sur les routes.

    Gratuite au Forem, cette formation d’une valeur de 8.000 euros se déroule sur quatre mois avant l’obtention du permis D. Elle comprend une partie théorique de 128 heures, dont 32 heures de Code de la route et 32 heures de mécanique, puis une partie pratique, avec manœuvres sur terrain privé et conduite accompagnée.

    La pénurie de chauffeurs de bus étant ce qu’elle est, les dames qui suivent cette formation ont un avantage certain. En cas de réussite, elles sont quasiment assurées de décrocher un job.
    La période de crise actuelle fait des ravages. Selon Eurostat, l’office statistique des communautés européennes, le taux de chômage était établi à 9,4 % dans la zone euro (soit 14,896 millions de personnes) en juin 2009, alors qu’il n’était encore qu’à 7,5 % un an plus tôt. En Belgique, le taux de chômage était de 6,9 % en juin 2008, il a atteint 8,1 % en juin 2009. A cette date, le chômage concernait 443.574 personnes, soit 43.433 de plus qu’un an plus tôt ! Par ailleurs, les femmes sont particulièrement concernées par ces données. En juin 2009, si le taux de chômage masculin était de 7,8 % en Belgique, le taux de chômage féminin belge atteignait lui les 8,6 %, alors qu’il n’était que 7,4 % en juin 2008.

    Mes questions sont les suivantes :

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de données chiffrées concernant la répartition entre hommes et femmes dans la profession de conducteur de bus ou d’autocar ?

    Serait-il possible de développer à l’ensemble de la Région wallonne des initiatives telles que celles présentées actuellement en Wallonie Picarde et destinées particulièrement aux femmes ?

    Monsieur le Ministre a-t-il d’autres solutions pour atténuer la pénurie de chauffeurs de bus ?

  • Réponse du 11/02/2010
    • de ANTOINE André

    En ce qui concerne le marché :

    Selon les données recueillies par les Enquêtes Forces de Travail, on estime le nombre de chauffeur bus/car à 5277 en Région wallonne - fin 2007 début 2008. Chiffre proche du nombre d'emplois dans le secteur NACE 6021 du transport des personnes, et qui nous indique que seul 9,8% de l'emploi était féminin.

    On peut estimer le nombre de femmes chauffeur de personnes (hors taxi et hors réseau guidé) entre 520 et 600 - fin 2007 début 2008 - en Région wallonne ...

    La profession est donc certes très masculine.

    Toutefois, je dois attirer l'attention sur le fait que ce métier n'est pas en pénurie et ne répond pas aux critères d'une fonction critique à l'instar des chauffeurs poids lourds appelés au transport de marchandises qui le sont depuis quelques années déjà.

    Des informations plus précises pourraient être obtenues auprès du Fonds Bus-car. Cependant, ces services étaient fermés tel que je l'annonçais à l'honorable Membre en début de réponse. Un complément d'information pourrait néanmoins lui être transmis ultérieurement s'il le désire.

    Venons-en au second axe de ses questions.


    En ce qui concerne la formation :

    La formation conducteur de Bus-car est construite sur un parcours. Ce parcours présente les étapes suivantes :

    - un stage d'immersion permettant d'appréhender en entreprise les réalités du métier et de confirmer son choix professionnel;
    - des modules théoriques;
    - un module pratique;
    - un stage de fin de formation en entreprise.


    Lorsque l'on interroge la base de données de Forem Formation sur les personnes ayant presté l'un ou plusieurs de ces modules au cours de l'année 2009, sur l'ensemble de la Wallonie, on obtient 301 personnes dont 42 femmes. Ces 300 personnes ont réalisé ou poursuivent encore, pour quelques-uns, leur formation. Cela ne signifie pas, l'honorable Membre s'en doute, 300 mises à l'emploi.

    La capacité de formation est le résultat d'un partenariat avec le FCBO qui met ses véhicules à la disposition du Forem. Il n'y a pas actuellement de projet d'augmenter cet équipement, l'offre de formation est en effet stable.

    En ce qui concerne la population candidate à cette formation et à ce métier, un effort d'information pourrait être fait et ce tel que l'honorable Membre énonçait dans le respect des exigences d'accès liées à la sécurité des personnes. Je le rejoins dans cette volonté d'une communication adéquate ciblant particulièrement les femmes.

    Il m'importe enfin de partager avec l'honorable Membre deux pistes d'élargissement des actions qui se mettent en place aujourd'hui. Le FCBO (Formation Car et Bus) a une collaboration en cours avec la Promotion Sociale afin de démarrer des sections (à Huy notamment). D'autres pistes sont encore à l'étude actuellement, notamment avec l'enseignement professionnel (comme c'est le cas pour les poids lourds).