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Phénomène de la dénutrition chez les personnes âgées

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 50 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 13/01/2010
    • de TROTTA Graziana
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Le précepte d'Hippocrate qui disait « Tu feras de l'alimentation ta première médecine » s'applique à tout âge. Une alimentation de qualité et en suffisance constitue la pierre angulaire de notre santé et, lorsque ces critères qualitatif et quantitatif ne sont pas respectés, les besoins de l'organisme ne sont plus satisfaits et la dénutrition apparaît

    Selon une enquête réalisée dans le cadre de NutriAction en 2008, 57 % des 5.334 personnes âgées de plus de 70 ans qui ont participé présentent un véritable risque de dénutrition. Et 16 % des personnes suivies par l'enquête étaient en état de dénutrition.

    Les conséquences de la dénutrition pour la santé peuvent être considérables. L'allongement des durées d'hospitalisation, l'augmentation des risques d'infection nosocomiale, de chute, l'épuisement, l'aggravation des maladies chroniques, le déficit immunitaire ou encore la dépression en sont quelques exemples. Mais surtout, la dénutrition entraîne une augmentation de la mortalité.

    Pour mieux comprendre ce phénomène et dégager des pistes d'action permettant de mieux le dépister et le prendre en charge, et ce, afin d'améliorer le bien-être de nos aînés, je souhaite poser les questions suivantes.

    Pour la Région wallonne, Madame la Ministre dispose-t-elle de chiffres sur le phénomène de la dénutrition des personnes âgées vivant en maisons de repos ou maisons de repos et de soins et des personnes âgées vivant à domicile? Observe-t-on des différences notables ?

    Madame la Ministre a indiqué en septembre dernier qu'une enquête a été lancée en janvier 2009 par l'administration pour connaître l'état de la situation. Le dépouillement de cette enquête est-il terminé ? Le cas échéant, que nous apprend cette enquête ?

    Au sein des établissements pour personnes âgées, existe-t-il une procédure de dépistage de la dénutrition et une formation et/ou sensibilisation du personnel est-elle assurée?

    Existe-t-il un suivi nutritionnel des personnes au-delà d'un certain âge et, notamment, un suivi entre l'hôpital, la maison de repos et les soins à domicile?

    Le décret relatif à l'hébergement et à l'accueil des personnes âgées prévoit l'octroi d'un label de qualité pour les établissements pour personnes âgées qui adhèrent à une charte. Madame la Ministre pense-t-elle que cela soit suffisant pour assurer une alimentation de qualité au sein de ces établissements ou bien serait-il recommandé d'envisager une charte « qualité-nutrition » spécifique visant à améliorer la composition qualitative et quantitative des repas en maisons de repos et à assurer un meilleur suivi nutritionnel des aînés ?

    Que pense Madame la Ministre de la présence éventuelle d'un responsable «qualité-nutrition» dans chacune de ces institutions?

    Enfin, le Guide 4 du Plan national nutrition santé, consacré à l'alimentation des seniors, est-il communiqué aux établissements pour personnes âgées ?
  • Réponse du 05/02/2010
    • de TILLIEUX Eliane

    Le phénomène de dénutrition mais aussi de « malnutrition » chez les personnes âgées est connu depuis plusieurs années.

    Un travail mené par la Région wallonne visait avant tout à sensibiliser les directeurs à l'importance du phénomène de dénutrition.

    Ce travail a porté sur une analyse des pratiques et des habitudes dans l'alimentation proposée aux résidents.

    En 2009 l'administration a mené une analyse auprès des directeurs des maisons de repos.

    Une nonantaine d'établissements ont répondu. Leur avis est subjectif puisqu'une comparaison n'a pas été opérée auprès du personnel, ni des résidents.

    Cependant les résultats de cette analyse reflètent que trop peu de directions sont sensibilisées aux risques de dénutrition des personnes âgées.

    Indirectement, l'enquête met en exergue l'importance de l'ensemble des professionnels en MR dans la préparation, l'environnement et le temps accordé aux repas.

    Trois enseignements de cette enquête doivent attirer notre attention :
    - l'horaire des repas et notamment l'écart trop long entre le repas du soir et le petit déjeuner;
    - l'assistance aux repas;
    - la professionnalisation du personnel de cuisine.


    Les approches de la bonne nutrition des personnes âgées sont multiples.

    Cette analyse a été présentée à la CWA en vue de sensibiliser ses membres et de recueillir les recommandations d'acteurs de terrain en attendant.

    Pour ma part. dans les compétences qui sont les miennes, je vais aborder le sujet au travers de :
    - la charte relative à la qualité visée à l'annexe 1ère de l'arrêté du Gouvernement wallon du 15 octobre 2009 portant exécution du décret du 30 avril 2009 relatif à l'hébergement et à l'accueil des personnes âgées contient différents éléments intéressants en matière de nutrition :
    « 4. Assurer une bonne nutrition et un plaisir alimentaire.
    Le plaisir de manger est une notion importante qu'il faut entretenir, même lors de régimes diététiques pour autant que ceux-ci soient vraiment nécessaires. L'objectif premier du repas est le plaisir et la convivialité.

    La dénutrition chez la personne âgée doit être combattue en permanence. A cet effet, des moyens d'évaluation de l'état nutritionnel des résidents sont déployés.

    La salle à manger de l'établissement doit ressembler à une vraie salle de restaurant. Le résident peut choisir sa table, ses partenaires de table, et bénéficie du temps qui lui est nécessaire pour la prise d'un repas dans de bonnes conditions de confort.

    Le résident est invité à donner son avis sur la qualité des repas et les menus servis. Une évaluation de la satisfaction des usagers a lieu régulièrement et est affichée.

    L'accès à une alimentation saine et équilibrée est un besoin fondamental pour ne pas dire vital en particulier chez la personne âgée fragile et/ou isolée. L'établissement donne à l'équipe de cuisine les moyens lui permettant de respecter à la fois l'art de la table, les règles d'hygiène, le maintien de la convivialité et les habitudes alimentaires liées au passé individuel de chaque résident ainsi qu'aux différentes cultures.

    L'aide à la personne âgée pour manger est une priorité garantie en toutes circonstances »


    - la nouvelle législation susvisée prévoit une formation obligatoire d'un jour par an pour le personnel d'hôtellerie et de deux jours par an pour le personnel de soins. Ces journées pourraient à bon escient être consacrées à la nutrition et au plaisir alimentaire.

    A ma connaissance il n'y a pas de suivi nutritionnel spécifique des personnes âgées au niveau des transferts entre l'hôpital, la maison de repos et le domicile. Toutefois. dans le cadre du programme de soins gériatriques en vigueur dans les hôpitaux, il revient à la « liaison externe » de veiller à la transmission de ces informations.

    Quant à la présence d'un responsable qualité-nutrition, elle exigerait un financement fédéral dans le cadre des forfaits de soins de l'INAMI.