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Ressources du sous-sol wallon

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 150 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 14/01/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Dispose-t-on au niveau du Gouvernement wallon de renseignements précis sur les ressources du sous-sol wallon en matière d’énergies fossiles : le charbon ou d’autres formes d’énergie ?

    Dans l’affirmative, ces renseignements sont-ils disponibles ?
  • Réponse du 08/02/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Concernant le charbon, les veines exploitées jusqu'à présent se situent dans la zone au nord de la faille du Midi, de la France à l'Allemagne. Elle a été exploitée depuis les gisements affleurants jusque 1.000 mètres de profondeur (Mons, Charleroi, ... ). L'exploitation a été arrêtée pour des raisons économiques. Cependant, on estime ce qui a été exploité à 40% du gisement techniquement exploitable. Toutefois, les gisements résiduels ont un caractère géologique fort accidenté, avec souvent des veines qui ne dépassent pas 50 cm d'épaisseur.

    Des zones inexploitées existent, à des profondeurs de 700 mètres et plus (bordure sud de la zone concédée du Hainaut, sous la Faille du Midi, zones inexplorées sous le Massif de Boussu ou le Massif de Saint Symphorien, bordure sud du Bassin de Liège, sous la Faille Eifelienne, où les gisements n'ont pas subi d'accidents géologiques).

    Là où le charbon a été exploité, on dispose d'un ensemble de coupes N-S au 1/5.000ème tous les 100 mètres. La cartographie géologique wallonne est l'une des plus précises au monde : le Programme de Révision de la Carte géologique de Wallonie (1990-2018) est établi au 1/10.000ème, avec plus de 300.000 points et sondages décrits. Cependant, en dehors des travaux houillers, le sous-sol plus profond ne peut être appréhendé qu'au travers d'hypothèses tirées de la géologie de surface et de rares sondages assez profonds. Un travail de digitalisation permettra une vue en 3D, facilitant l'exploitation des données.

    Plusieurs exploitations du sous-sol sont théoriquement envisageables.

    Tout d'abord, la technique « coal bed methane » consiste à récupérer le méthane ou grisou (CH4) présent dans les veines de charbon, en injectant dans ces dernières du C02. En effet, l'adsorption du gaz carbonique sur le charbon est supérieure à celle du méthane. Il est possible d'optimiser les paramètres de manière à récupérer un maximum de méthane ou stocker un maximum de CO2. Cette méthode condamne cependant l'exploitation ultérieure du charbon, suite à la libération concomitante du C02 capturé. Le potentiel de stockage du CO2 dans les veines de charbon s'élèverait à environ 14 millions de tonnes, et le potentiel de récupération du méthane serait de 13 à 20 milliards de Nm3 (normaux mètres cubes). A titre de comparaison, la consommation annuelle de gaz naturel en Région wallonne s'élève à environ 5 milliards de Nm3.

    Une autre technique consiste à gazéifier le charbon en profondeur. On injecte dans les veines de charbon de l'eau et de l'oxygène, on provoque une réaction de gazéification du charbon, produisant un gaz combustible. Des recherches ont été lancées dans les années '90, mais n'ont pas été poursuivies pour des raisons économiques. La gazéification des veines de charbon en Région wallonne serait actuellement difficile et coûteuse.

    Last but not least, le sous-sol peut être exploité sous la forme de géothermie. Rappelons qu'actuellement le bassin montois bénéficie d'un aquifère profond délivrant une puissance calorifique appréciable, et un projet d'augmentation de la capacité d'exploitation est en cours d'examen. Le potentiel en Région wallonne est estimé de façon prudente à 200 GWh/an. Il est d'ailleurs intéressant de noter que si l'option du stockage de CO2 dans les aquifères profonds était prise (avec un potentiel de stockage de l'ordre de 500 millions de tonnes),cela condamnerait irrémédiablement toute exploitation géothermique du sous-sol.

    A titre plus marginal, il est également possible d'exploiter la géothermie présente dans les anciennes galeries de mines inondées. En effet, suite à l'exploitation historique des mines de charbon, les nappes aquifères ont inondé les zones exploitées. Vu la profondeur des mines, l'eau s'y trouve à une température de 12 à 45°C. L'exploitation thermique est possible mais limitée, comme en témoigne une expérience en Campine.

    Enfin, en matière d'exploitation du sous-sol en Région wallonne, il faut toujours faire attention à ce que les utilisations énergétiques ne mettent pas à mal l'exploitation des nappes aquifères pour la fourniture d'eau potable.