L'avenir des voitures hybrides et électriques dépend de l'approvisionnement des constructeurs automobiles en lithium
- Session : 2009-2010
- Année : 2010
- N° : 79 (2009-2010) 1
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Question écrite du 05/02/2010
- de EERDEKENS Claude
- à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles
De façon à réduire les émissions de CO2, qui sont à la base de problèmes de santé publique d'une part et peut-être à l'origine du réchauffement climatique, il est prévu de privilégier l'utilisation de véhicules hybrides dans un premier temps et de véhicules électriques dans un second temps.
La Wallonie a malheureusement raté le train des constructeurs de véhicules hybrides ou électriques qui se construiront un peu partout dans le monde, là où les constructeurs automobiles ont obtenu un soutien important de leur Gouvernement.
Puisque la construction automobile n'a plus en Belgique et en Wallonie d'avenir, la récente fermeture d'Opel en est la démonstration, il faut aussi constater que la Wallonie a raté le train de la construction des batteries lithium-ion qui pourraient demain se substituer aux batteries nickel-métal.
En effet, le passage aux véhicules de la nouvelle génération hybride ou électrique suppose la mise au point de batteries fondamentalement différentes de celles que l'on utilise pour les véhicules classiques.
Pour préparer les voitures de demain, de nombreux groupes automobiles dont Toyota s'efforcent d'obtenir la garantie de l'exploitation de gisements de lithium.
C'est ainsi que Toyota investit en Argentine et d'autre part, la Bolivie est également courtisée par de nombreux investisseurs. C'est en effet en Amérique latine que se trouvent pour l'instant les réserves les plus intéressantes de ce métal très léger.
Pour quelle raison la Wallonie n'a-t-elle pas tenté d'attirer sur son territoire une entreprise susceptible de fabriquer les batteries électriques de l'avenir?
Faut-il considérer que comme pour les panneaux photovoltaïques, la Wallonie est définitivement larguée et qu'elle sera dépendante pour tous les stades de la fabrication des voitures électriques de demain de pays étrangers, essentiellement d'Asie?
Réponse du 01/03/2010
- de MARCOURT Jean-Claude
Il est vrai que l'automobile est un secteur central, en pleine mutation et dont il convient d'anticiper les virages, les accélérations et parfois les obstacles comme nous le démontre le récent cas d'Opel. La question de la mobilité individuelle restera centrale dans les décennies à venir. Cette mobilité prendra sans doute une forme nouvelle avec, notamment, un glissement modal vers les transports en commun, une électrification des moteurs de voitures, un passage aux biocarburants ou à la pile à combustible, etc.
La problématique des véhicules automobiles et de la mobilité de demain est donc très vaste. Aujourd'hui, le véhicule électrique nous est présenté comme le véhicule du futur car il ne «rejette pas de CO2». Toutefois, l'utilisation du véhicule électrique n'est pas exempte de rejet de CO2 mais a l'avantage de concentrer les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants au niveau des centrales de production d'électricité. Ceci nous permettra de minimiser l'impact environnemental de l'utilisation des voitures par le biais de développements technologiques en cours dans le secteur de la production d'électricité (énergies renouvelables, captage de carbone, etc.).
Le développement de l'industrie des véhicules électriques doit s'intégrer à des politiques de promotion et de soutien des entreprises et à une approche associant tous les acteurs concernés. Ainsi, comme il a été souligné par la Présidence espagnole de l'Union européenne, le recours à de nouveaux composants et à des ressources naturelles rares, présents dans les technologies vertes émergeantes, pose difficulté. Le monopole des pays asiatiques, qui exploitent les ressources dans des conditions sociales et environnementales souvent critiquées, avec le risque que s'instaure leur mainmise sur les technologies du futur doit nous renforcer dans la mise en œuvre parallèle d'une réflexion européenne approfondie sur l'accès aux matières.
Le secteur des véhicules électriques et autres types de mobilité douce doit pouvoir constituer un marché porteur sur lequel l'Union européenne encouragera différents modes de coopération. Dans cette optique, il est important de répondre activement au récent appel de la Commission européenne concernant la création d'une filière industrielle européenne dans ce secteur. A cet égard, les PME wallonnes doivent pouvoir constituer un vecteur important d'innovation technologique aux côtés d'acteurs industriels importants.
Par ailleurs, le Plan Marshall 2. Vert prévoit d'opérationnaliser l'incubateur de motorisation propre, d'en équiper la plate-forme technologique et de créer un post-master «motorisation propre et mobilité durable ». Ces actions sont concrètes et suivies de très près.
Dans la foulée, un prochain voyage au Japon prévoit le renforcement des liens industriels et académiques avec ce pays. Cette mission sera centrée sur les véhicules électriques et les opportunités industrielles liées aux batteries. De grands noms du secteur seront approchés, notamment ceux qui positionnent leur stratégie sur le développement des batteries lithium-ion.
La Wallonie a des compétences et une expertise à faire valoir dans le secteur des véhicules électriques et notamment, dans le domaine des batteries, par son savoir-faire en automatisation et robotique de grande précision (grandes vitesse, reproductibilité et uniformité), son expérience des ateliers en chambres blanches (air de qualité) et ses entreprises spécialisées dans la chimie et les matériaux.
Par ailleurs, un récent rapport de Perspective Consulting, réalisé pour le compte d'Agoria, a épinglé le développement de solutions pour la motorisation hybride comme un créneau porteur en Wallonie.
Le recyclage des déchets de batteries et le développement de la pile à combustible constituent également des pistes d'action dans ce secteur.