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La valorisation industrielle du lait

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 82 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 09/02/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles
    L'agriculture est un pan important de l'économie. Néanmoins, quand on regarde la structure administrative de notre Région, le lien entre l'économie et l'agriculture est moins évident.

    La crise économique a également rejailli sur le monde agricole, et, aujourd'hui, à l'instar des travailleurs d'autres secteurs, nos agriculteurs ont également des problèmes sociaux.
     
    Pendant les années 2005 à 2007, les producteurs de lait ont bénéficié d’une demande mondiale très active, notamment de la Chine et de l’Inde. Depuis, cette demande a chuté et les prix se sont écroulés descendant à des niveaux de 18 à 20 cents par litre.

    Certes, la baisse du prix du lait était prévisible en raison de la volonté de l’UE d'abandonner progressivement le régime des quotas laitiers. Mais pas une baisse de cette ampleur. Dans le cas qui nous occupe, les prix sont tombés en-dessous du coût de production, qui – eux – ne cessent d’augmenter. Aucun secteur économique ne peut vivre dans une telle situation.

    En Belgique, les différentes laiteries ont pratiqué des prix variant pour le même mois de production de 27 à 33 cents (mars-avril 2008) à 20 à 25 cents (mars-avril 2009). En automne 09, nous sommes arrivés à un prix variant de 18 à 20 cents.

    Ces observations sont intéressantes et doivent nous interpeller.

    Pourquoi une telle variation entre les laiteries ?

    Quelle est la stratégie de transformation et de commercialisation des laiteries qui leur permet de payer un meilleur prix à leurs producteurs ?

    Pouvons-nous en tirer des enseignements visant à mettre sur pied une stratégie agro-alimentaire créant des conditions plus favorables aux producteurs ? 
     
    J’avais développé la thèse que la Région wallonne doit inciter l’industrie de transformation du lait à diversifier la palette de leurs produits. En effet, l’enseignement que nous pouvons tirer de l’intervention de FEDIS (14 ct/litre de lait destiné à la consommation) nous apprend où sont les limites de toute politique de promotion du lait. En effet, sur 3,3 milliards de litres produits, un litre sur sept environ, soit 453 millions de litres, ne sont pas vendus tels quels (ce qui réduit l’intervention de FEDIS de 14 à 2 ct/litre) mais alimenteront l’industrie agro-alimentaire et pharmaceutique.


    De plus, nous savons que +/- 50 % du lait produit en Belgique est exporté et que la plus-value réalisée grâce à la transformation se fait hors de nos frontières.

    En conclusion, on peut dire que la promotion du lait dans les cantines ou les campagnes de promotion généraliste du genre : « buvez du lait » vise à augmenter les marges concernant un 7ème de la production tandis que les 6 autres 7ème ne sont pas visés par ces initiatives.

    Une autre formule prônée par certains producteurs est la filière biologique. Cela ouvre certainement des marges, mais pour un nombre restreint de producteurs. En outre, il ne s'agit pas d'une réponse globale car actuellement, ce type de produits n'atteint que 5 à 7 % des consommateurs, notamment ceux avec un revenu un peu plus élevé. Cela ne doit pas nous empêcher de promouvoir une agriculture durable et équitable pour que ce modèle devienne – espérons-le – à brève échéance la norme dans le secteur.
     
    Si la demande chute, ce n’est pas seulement parce que le consommateur achète moins de lait et plus de produits de substitution, mais essentiellement parce que l’industrie alimentaire a développé, depuis l’envol des prix en 2007, des stratégies visant à substituer le lait (et ses dérivés) par d’autres produits. C’est là que nous devons reconquérir des parts de marché.
     
    La diversification de la valorisation du lait comme matière première nécessite d’une part du capital et d’autre part un réel pouvoir de codécision de la part des producteurs. Or, nous savons que la plupart des laiteries ne sont plus de vraies coopératives où les producteurs détiennent une majorité du capital.

    La plupart d’entre elles sont dirigées par le capital privé détenu par ailleurs par des groupes extérieurs à la Belgique.

    En tant que responsable de notre politique économique, comment Monsieur le Ministre peut-il envisager d'inciter cette industrie à investir dans la diversification ? A-t-il prévu des dispositifs particuliers dans le Plan Marshall ? Peut-il nous indiquer ce qui est réalisé pour la filière « lait » à travers le pôle de compétivité « Wagralim »?

    Monsieur le Ministre peut-il, en outre, nous indiquer si des moyens spécifiques, pour dégager de nouvelles perspectives via une politique de recherche & développement visant cette diversification, sont prévus dans la cadre du Plan Marshall 2.Vert ?

    Pour terminer, je dirais que si j'ai choisi d'adresser cette question à Monsieur le Ministre c'est parce que la valorisation industrielle du lait relève de sa compétence tandis que la production relève de la compétence de son Collègue, Monsieur le Ministre Lutgen.
  • Réponse du 01/06/2010
    • de MARCOURT Jean-Claude

    En termes d'aides à l'investissement, les laiteries relèvent aujourd'hui de la compétence du Ministre ayant l'agriculture dans ses attributions. En effet, ce type d'entreprise est souvent structuré sous forme de coopératives regroupant les producteurs - fournisseurs de ces laiteries.

    Il est bon de rappeler qu'historiquement, on a considéré en Région Wallonne que lorsque des entreprises transforment ou commercialisent des produits issus de l'agriculture, soit des produits relevant de l'annexe I du code douanier du traité de l'Union, celles-ci relevaient de la compétence de l'agriculture à condition que ces mêmes produits soient par ailleurs uniquement fournis par les producteurs agricoles « actionnaires », le plus souvent réunis sous forme de coopérative. Dans les autres cas, ces sociétés relèvent des compétences du Ministre de l'Economie.

    En matière d'aides à la diversification, et particulièrement dans une démarche de création d'avantages compétitifs durables à travers l'innovation, les pôles de compétitivité restent la pierre angulaire du dispositif de soutien public aux entreprises du secteur agro-industriel.

    Comme tout autre sous secteur, les entreprises du secteur laitier reçoivent une information complète de la part du pôle de compétitivité WAGRALIM.

    A travers le plan Marshall 2.Vert, il n'y a pas de mesure particulière dévolue à ce sous-secteur si ce n'est celles par ailleurs proposées afin de favoriser le développement durable.