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Le manque de proactivité entre les autorités publiques et les opérateurs de transport

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 301 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 10/02/2010
    • de KAPOMPOLE Joelle
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Force est de constater que le développement des transports urbains et interurbains souffre, en Wallonie, d’un manque de synergies.

    Des entités habitées sont souvent éloignées des centres de communications urbains.

    En effet, dès que l’on vit en dehors des villes, les transports publics font souvent défaut soit par absence totale de transports, soit en raison de leur rareté.

    Les habitants acceptent un mode de vie écologique mais reprennent leurs bonnes vieilles habitudes inhérentes à leurs déplacements. Ils y sont bien souvent contraints, eu égard à l’absence de bus leur permettant d’accéder aux gares, par exemple.

    Quant aux transports ferroviaires, ceux-ci sont coûteux et peu fiables.

    Remarquons que la raréfaction de ce transport implique un nombre croissant de voyageurs empruntant le même train. Souvent, aux heures de pointes, ces trains sont composés de trois voitures…les voyageurs circulant debout.

    Cette attitude résultant d’un manque de communication décourage les navetteurs se retournant bien souvent vers leur véhicule, la différence de prix étant trop minime pour persister dans ce qui requiert un vrai courage.

    Ces synergies ne devraient-elles pas être mises en place au plus tôt?

    Récemment encore, Monsieur le Ministre a été interpellé sur des suppressions de lignes dépassant notre région pour permettre à des navetteurs de passer la frontière linguistique.

    Certes tenu par un budget serré, le ministère de Monsieur le Ministre ne peut se permettre d’entretenir des lignes non rentables. Toutefois, la rentabilité est aussi question d’attrait, les navetteurs seraient moins réticents à emprunter nos transports plus performants et plus adaptés aux besoins réels de la population.

    J’aimerais donc aimé connaître les perspectives envisagées pour palier ce problème récurrent dans notre Région.

    Quelles mesures concrètes Monsieur le Ministre entend-il prendre pour remédier à cette problématique?
  • Réponse du 04/03/2010
    • de HENRY Philippe

    Je ne peux qu'être d'accord avec l'honorable Membre quant au besoin de proactivité entre autorités publiques et opérateurs de transport en commun, et il y a un domaine où cette proactivité doit absolument se développer de manière intense : c'est en pratiquant des stratégies d'aménagement de l'espace wallon qui soient compatibles avec une desserte aussi efficace que possible par transports en commun : mieux urbaniser les abords de gare, viser la densité et la compacité des urbanisations, la construire autour d'axes forts de transports en commun capables d'offrir un service suffisamment attractif, ...

    En ce qui concerne la desserte ferroviaire, des mécanismes existent bien entendu pour veiller à la coordination entre l'offre des TEC et celle du rail.

    La SNCB, comme les TEC sur certaines relations, est confrontée à des difficultés localisées d'offrir une capacité de transport suffisante. C'est en quelque sorte la rançon du succès suite à l'augmentation très forte du nombre de personnes transportées. Répondre aux besoins accrus n'est pas chose aisée. Il faut en effet disposer de moyens financiers en suffisance pour commander de nouvelles voitures, et le délai entre la commande et sa mise en service commercial est de plusieurs années.

    Par ailleurs, l'honorable Membre soulève la question des transports en commun routiers en milieu rural. J'illustrerai la problématique à la lumière de l'expérience malheureusement non poursuivie des lignes interrégionales du TEC Hainaut.

    Ces lignes ont fait l'objet d'une recherche préalable au niveau de la population et des bassins d'emploi. Une campagne promotionnelle a soutenu le lancement des nouvelles lignes.

    Force est de constater que sur ces lignes la fréquentation est restée très faible et que l'objectif n'a pas été rencontré avec un taux de couverture de 1%.

    Malgré la méthodologie d'une rigueur exemplaire et la promotion très active du TEC Hainaut, les trois lignes desservant des milieux ruraux à destination de ZAE flamandes n'ont pas pu atteindre leur cible, ni en termes de nombre de voyageurs, ni de catégorie de voyageurs, qui se sont révélés être principalement des étudiants.

    Il ressort de cette expérience que le transport en commun semble par ses caractéristiques propres difficilement pouvoir répondre à des coûts raisonnables à des besoins de mobilité dans des zones rurales à l'habitat diffus vers des zones d'emplois qui ne disposent pas non plus de densité suffisante; au surplus plus la distance à parcourir est grande moins le service de transport est attractif pour le client.

    Quant à ce que j'envisage pour répondre à ces défis, je pense qu'il va falloir être réalistes et créatifs à la fois.

    Réalistes par rapport à ce qu'un transport en commun peut apporter en milieu rural : on peut imaginer une stratégie visant à permettre au TEC de concentrer ses moyens sur les services raisonnablement utilisés, et à des heures précises.
    Créatifs car nous voulons assurer aux Wallons et Wallonnes une possibilité de se déplacer même en milieu rural

    Sous cette législature on recherchera d'autres solutions plus efficaces et moins coûteuses qui parfois existent déjà ailleurs ou sont à élaborer. Je pense à la facilitation du vélo qui est une vraie alternative crédible pour des déplacements d'environ 5 km, au covoiturage, au car sharing (Cambio), ou à l'initiative prise dans la province du Luxembourg qui met à disposition des communes des taxis collectifs par exemple.