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Le conflit entre l'aérodrome de Spa et la Société Spadel ou Spa Monopole

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 127 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 10/02/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    « Le Soir» du 3 février 2010, page 22, fait état de la volonté de Spa Monopole d'interdire certains vols au dessus de la zone de protection du captage du minéralier.

    Le site minéralier est exploité depuis plusieurs siècles et est reconnu comme zone protégée depuis 1989. Pour éviter toute pollution de son captage, Spadel réclame l'interdiction des vols au dessus de la Fagne de Malchamps qui débute à côté de la piste de l'aérodrome.

    Il apparaît de l'article que la Région wallonne avait confié à la Sowaer (Société wallonne des aéroports) et à Meusinvest le soin de développer touristiquement cet aérodrome.

    La polémique ne cesse de grandir entre le minéralier et les exploitants de l'aérodrome. Selon le représentant de Meusinvest, Gaëtan Servais, il est impossible d'exploiter l'aérodrome si le survol est impossible d'un côté. Le représentant de Spadel affirme quant à lui qu'une goutte d'hydrocarbure pollue 1.000 litres d'eau.

    Bref, un véritable dialogue de sourds entre le minéralier et l'exploitant de l'aérodrome.

    En sa qualité de Ministre en charge de la Politique aéroportuaire en Wallonie, Monsieur le Ministre est-il au courant de ce conflit ?

    Une décision a-t-elle déjà été prise à ce jour par le Gouvernement wallon à ce propos ?
  • Réponse du 11/03/2010
    • de ANTOINE André

    La SA Liege Airport est candidate à la reprise de la gestion de l'aérodrome de Spa dans le cadre d'un partenariat avec la société MEUSINVEST et la SOWAER.

    Pour rappel, en date du 10 novembre 2006, le Gouvernement wallon décidait de lancer un appel à projets pour la valorisation de cet aérodrome. En date du 29 novembre 2007, le Gouvernement a cependant été contraint de mettre fin à l'appel à projets en l'absence de projets financièrement viables pour la reprise du site.

    Liege Airport ayant, parallèlement à l'appel à projets, manifesté son intérêt à la reprise de l'aérodrome, des contacts exploratoires furent noués de manière à dégager des pistes de partenariat en y intégrant également, dans une première démarche, la SPI +. Cette piste n'a cependant pas pu aboutir.

    J'ai finalement reçu, au mois de mars 2009, un projet regroupant Liege Airport, MEUSINVEST et la SOWAER, dans lequel étaient exposés les contours d'une collaboration entre ces trois organismes en vue d'assurer la gestion de l'aérodrome, accompagné d'un plan d'affaires. Comme indiqué dans ce plan d'affaires, rédigé à la demande des nouveaux partenaires, ce partenariat impliquait, afin d'atteindre le seuil de rentabilité, la nécessité de construire deux nouveaux bâtiments, à savoir, un hangar supplémentaire pour l'aviation de tourisme et un hall de maintenance. Ces deux investissements avaient pour but de générer des revenus supplémentaires afin de garantir l'équilibre financier de la société de gestion.

    Il est exact que la société Spadel a émis des réticences quant au développement des activités de l'aérodrome de Spa, craignant des risques de pollution des eaux de source en cas d'accident. Dans ce contexte, elle voit d'un très mauvais œil les projets initiés dans le cadre du partenariat avec l'aéroport de Liège et Meusinvest.

    Une réunion a dès lors été organisée, en décembre 2009, entre les différents protagonistes, en présence de la Ville de Spa. Un rapport de cette réunion m'a ensuite été transmis par la SOWAER. Spadel y a fait part de ses inquiétudes face au projet de reprise, vu la proximité des zones de captage. Elle a plaidé, ni plus ni moins, pour la fermeture de l'aérodrome ou à tout le moins pour la limitation du survol des zones de protection; ce qui, excepté pour les hélicoptères, s'avère techniquement impossible, ces zones de protection se situant dans l'axe de la piste.

    Dans le cadre de ce dossier, il convient de rappeler que l'aérodrome a été créé dans le courant des années 30 et une telle demande de Spadel n'avait jamais été formulée, d'autant plus que peu d'incidents ont été à déplorer au cours de l'histoire de l'aérodrome et que de nombreuses mesures de précautions ont été prises afin d'éviter tout risque de pollution.

    Qui plus est, les terrains de l'aérodrome sont propriété de la Ville de Spa, laquelle, en 2003, a signé un nouveau bail emphytéotique avec la Région wallonne pour une durée de 50 ans. Or, la ville de Spa, en tant que propriétaire des sources concédées à la société Spadel, est l'interlocuteur public privilégié de cette société.

    Je rappelle aussi que Spadel a toujours été consultée dans le cadre des travaux réalisés sur le site de l'aérodrome de manière à garantir la protection des eaux souterraines et encore très récemment, dans le cadre des investissements relatifs aux stations de carburant.

    En ce qui concerne la reprise de l'aérodrome par l'aéroport de Liège et Meusinvest, il est évident que la position actuelle de Spadel m'interpelle, d'autant plus qu'elle risque de conditionner le positionnement de la ville de Spa, vu leurs rapports privilégiés et l'importance économique du groupe dans la région spadoise.

    En effet, comme ce fut le cas pour l'aérodrome de Cerfontaine, le Gouvernement wallon souhaite se désengager progressivement de la gestion des aérodromes de Spa et Saint-Hubert. Ce désengagement dont l'objectif est également de soulager, à terme, le budget régional, implique la reprise des infrastructures par de nouveaux opérateurs, dont une des préoccupations sera d'assurer l'équilibre financier et d'atteindre un seuil de rentabilité. Les démarches entreprises dans ce sens dans l'intérêt de la Région se confrontent actuellement aux revendications de Spadel, dont la position actuelle, bien que légitime en ce qu'elle défend la protection de ses sources, me paraît quelque peu disproportionnée dans le cas qui nous occupe.

    D'un autre côté, il est évident que de nouvelles restrictions à l'exploitation seront de nature à décourager les nouveaux partenaires. Je suis actuellement donc en présence d'intérêts contradictoires qu'il convient de concilier afin de garantir aux uns, le respect du patrimoine naturel que sont les sources de Spa et aux autres, les conditions garantissant l'équilibre financier dans le cadre de la gestion de l'aérodrome.

    A cet égard, j'organiserai fin mars une table ronde avec l'ensemble des intervenants afin de rechercher un subtil équilibre tenant compte des impératifs de chacun.

    Je ne manquerai pas de tenir le Parlement informé des résultats de cette table ronde.