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Les effets de la crise économique sur les femmes et les personnes hautement qualifiées

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 133 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 23/02/2010
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Les nouveaux chiffres de l’Enquête sur les Forces de Travail en Belgique, publiés début février, amènent à un double constat :

    • tout d'abord, les femmes connaissent pour la première fois depuis longtemps une hausse du chômage plus forte que celle des hommes;
    • ensuite, le nombre de chômeurs ayant un niveau d’instruction élevé est en nette augmentation.

    S'agissant tout d'abord de la hausse du chômage des femmes, en Belgique, si l’on compare le troisième trimestre 2009 avec le trimestre précédent, les femmes, qui jusqu'à présent restaient épargnées au cours des trimestres précédents, sont maintenant confrontées à la plus forte hausse du chômage, puisque le pourcentage d’évolution du nombre de chômeurs BIT entre le deuxième et le troisième trimestre 2009 équivaut à 3,9% pour les hommes et 19,5% pour les femmes.

    Par ailleurs, si l’on compare les trois premiers trimestres de 2009 avec les trois premiers trimestres de 2008, on constate que le nombre de chômeurs ayant un niveau d’instruction élevé augmente nettement plus fort que le nombre de chômeurs avec un niveau d’instruction faible (à savoir une augmentation de 22,8% des chômeurs ayant un niveau d’instruction élevé à mettre en perspective avec une croissance de 1,6 % des chômeurs ayant un niveau d’instruction faible). Les chiffres administratifs ont déjà confirmé cette tendance qui s’explique par le fait que même les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur décrochent difficilement un emploi en cette période de crise.

    Ces chiffres sont d’ailleurs confirmés par le Forem qui annonce que la hausse annuelle du chômage en Wallonie est la plus importante parmi les personnes diplômées de l'enseignement secondaire supérieur. C’est ainsi une hausse de 16,2 % qui touche les personnes à haute qualification.

    Aussi, la Déclaration de politique régionale prévoit déjà des mesures spécifiques afin de permettre à ceux qui sont frappés par la crise de rebondir. La conjoncture impose, en effet, de soutenir l’ensemble des travailleurs touchés par la crise économique en garantissant un accompagnement adéquat et en assurant une prise en charge immédiate et personnalisée des travailleurs perdant leur emploi. Et il faut concentrer, dans un premier temps, un maximum d’efforts sur les travailleurs les plus vulnérables parce que les moins bien formés, les plus âgés ou, enfin, les personnes figurant depuis le plus longtemps au chômage.

    Dans ce cadre, et à la lumière des éléments développés ci-avant, quelles mesures complémentaires différenciées « femmes » Monsieur le Ministre compte-t-il prendre à court terme afin d’assurer une prise en charge immédiate et spécifique des femmes, d’une part, et des chômeurs ayant un niveau de qualification élevé, d’autre part ?

    Concrètement, que va mettre en place de spécifique Monsieur le Ministre pour ce public-là sans que cela ne pénalise, bien évidemment, l’accompagnement nécessaire des plus fragilisés ?
  • Réponse du 30/03/2010
    • de ANTOINE André

    J'ai pris connaissance des chiffres que cite l'honorable Membre concernant l'évolution du chômage des femmes (Enquête sur les Forces du travail publiées début février) et suis très attentif à leur évolution qui marque une dégradation de la situation des femmes sur le marché du travail au cours du dernier trimestre 2009 alors même qu'elles étaient épargnées jusqu'ici des effets de la crise.

    En effet, en 2009, l'augmentation du nombre de femmes inscrites comme demandeuses d'emploi inoccupées (DEI) en 2009 a diminué de 613 unités soit de - 0,5% en l'espace d'un an alors que le nombre d'hommes DEI augmentait lui de 8.866 unités soit de 7,8%. Les statistiques de janvier, à un mois d'écart montre une augmentation nette du nombre de DEI qui affecte les femmes +1,6% mais bien plus encore les hommes 10,5%.
    Compte tenu de ces éléments, il me semble essentiel de s'appuyer sur l'accompagnement immédiat et individualisé des nouveaux inscrits comme DEI de sorte d'éviter, autant que faire ce peut, l'enlisement dans le chômage et développer une politique d'égalité des genres en vue de l'intégration des femmes dans tous les dispositifs d'aide à la formation et à l'emploi.

    En ce qui concerne les personnes qualifiées, elle affecte les diplômés de l'enseignement secondaire supérieur (+6,1%) et les diplômés d'études supérieures (+10,2%). Particulièrement ces personnes éprouvent plus de difficultés à s'insérer ou se réinsérer sur le marché; on constate en effet que c'est dans la catégorie des personnes inoccupées de 6 mois à un an que la plus forte hausse se marque + 21,3%.
    Nous pouvons considérer que ces personnes disposent des qualifications nécessaires à leur accès au marché de l'emploi, mais une inactivité prolongée risque d'accroître les phénomènes de découragement, de perte de confiance, voir de déqualification. C'est pourquoi l'ensemble des mesures de formation complémentaires courtes : perfectionnement technique, langues; les stages en entreprises en Belgique ou à l'étranger, seront particulièrement utilisés en faveur de ce public.

    En conclusion, il me paraît important d'être vigilant sur l'évolution de chacun des groupes qui constituent la population privée d'emploi et de vérifier que les mesures que nous pouvons utiliser correspondent bien à leurs besoins; toutefois, l'arbre ne doit pas cacher la forêt : sur l'ensemble des DEI, 25% n'ont pas dépassé le secondaire de base (primaire + 1er degré de l'enseignement secondaire), 27% n'ont pas dépassé le second degré de l'enseignement secondaire et 32% ont juste terminé leurs humanités.
    C'est donc vers ces publics que l'effort le plus important doit être consenti.