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Aéroport de Gosselies - Pollution des eaux.

  • Session : 2001-2002
  • Année : 2002
  • N° : 39 (2001-2002) 1

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  • Question écrite du 26/02/2002
    • de DESGAIN Xavier
    • à FORET Michel, Ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'Urbanisme et de l'Environnement

    L'étude d'incidences sur l'environnement réalisée par le bureau A-Tech en janvier 1999 en relation avec le projet d'allongement de la piste de l'aéroport de Gosselies a mis en évidence les dangers résultant d'une pollution des eaux de surface et souterraines par les produits de dégivrage des avions (page 142 du volume 1 de l'étude d'incidences de janvier 1999).

    Il me revient que de tels produits de dégivrage sont utilisés massivement sur les avions en attente sur le tarmac des aéroports, avant chaque décollage, tant à Gosselies qu'à Bierset.

    Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer les modalités d'utilisation, de collecte et de traitement des résidus de ces produits qui sont imposées aux exploitants des deux aéroports régionaux ?

    Des installations de traitement des eaux existent-elles ou sont-elles imposées ?

    Vu l'extrême sensibilité du bassin du Tintia à la pollution des eaux (proximité de captages d'eau très importants), des mesures complémentaires sont-elles imposées à Gosselies ?

    Complémentairement, Monsieur le Ministre peut-il me faire savoir comment sont fixées les conditions générales d'exploiter et de respect de l'environnement ?

    Comment, alors que ces établissements ne sont pas encore soumis à autorisation d'exploiter en tant qu'aéroport, s'organise le contrôle ?


  • Réponse du 17/04/2002
    • de FORET Michel

    En réponse à sa question, j'ai l'honneur de porter à la connaissance de l'honorable Membre les éléments d'information suivants.

    La question posée se concentre sur les produits de dégivrage des avions, leurs modalités d'utilisation et d'élimination ainsi que sur l'impact environnemental des eaux usées avec lesquelles

    ces produits sont évacués.

    Il conviendrait tout d'abord de faire une distinction entre les produits de dégivrage des avions et les produits de déverglaçage des pistes.

    1° Les produits de dégivrage.

    Il s'agit de solutions concentrées de glycols, monopropylène glycol en l'occurrence tant à Gosselies qu'à Bierset.

    A Gosselies, le dégivrage s'effectue à un endroit proche des bâtiments industriels. Toutes les eaux usées de cette zone de l'aéroport sont évacuées par le Tic-Tic se jetant dans le Lodelinsart et seront traitées à la future station d'épuration publique de Montignies.

    Il est important de savoir que les solutions de glycol usées sont très demandées en épuration biologique comme appoint de carbone organique en dénitrification, les eaux urbaines arrivant aux stations publiques étant notoirement déficitaires en carbone organique nécessaire à cette fin. Ce serait donc un gaspillage que de détruire cette source de carbone sur place par épuration.

    Parallèlement, il est utile de rappeler que les glycols des lave-glaces des voitures s'évacuent avec les eaux de ruissellement des autoroutes.

    2° Les produits de déverglaçage des pistes.

    Le choix s'effectue entre l'utilisation de l'urée, produit très bon marché mais représentant un impact de charge azotée, et l'utilisation d'acétate de potassium, produit quasiment inoffensif dont l'impact environnemental se réduit pratiquement à la DBO/DCO qu'il représente.

    Les eaux de déverglaçage sont évacuées vers le Tintia à 70 % et vers le Tic-Tic à 30 %. Des travaux d'aménagement du Tintia ont été réalisés vu l'imperméabilisation accrue du bassin versant.

    Comme les débordements du Tintia représentent encore des problèmes de contamination des captages de Viesville et de Thiméon, des zones de prévention seront établies autour de ces captages et conduiront aux travaux d'étanchéisation des berges et des chambres captantes.

    Une étude complémentaire sera menée à cet effet pour déterminer les travaux, consécutivement à l'établissement des zones de prévention.

    Toutefois, il est au moins aussi important d'agir à la source, en supprimant l'utilisation de l'urée et en favorisant l'alternative d'acétate de potassium, certes plus cher mais environnementalement plus avantageux.

    Faut-il traiter sur place les eaux de déverglacage ? Le mieux serait de les évacuer vers une station d'épuration publique.

    En effet, l'acétate est un véritable moteur de la déphosphatation biologique aux stations d'épuration publiques notoirement carencées en acétate et autres “moteurs” de la déphosphatation biologique. Ce serait un gaspillage que d'en détruire sur place alors que, par ailleurs, il faut acheter des produits de déphosphatation biologique ou physico-chimique aux stations d'épuration publiques.

    Les eaux de déverglaçage vont à 70 % dans le Tintia (avec les eaux de ruissellement), seules les eaux domestiques de cette partie de l'aéroport étant prévues pour être collectées et traitées à la station publique de Viesville.

    Il faut au moins examiner la possibilité de reprendre les futures eaux de déverglaçage riches en acétate dans le collecteur des eaux domestiques.


    Par ailleurs, les aéroports régionaux ne sont pas soumis au permis d'exploiter excepté pour certaines activités et installations telles que les dépôts de carburant.

    Dans la nouvelle réglementation au niveau du permis d'environnement, il en ira tout autrement: les aéroports y seront soumis, au départ des pistes d'aviation comme élément central.

    Dans l'intervalle, je chargerai mon administration d'élaborer un projet d'autorisation de déversement des eaux usées tant pour Gosselies que pour Bierset, seul cadre réglementaire et administratif actuel permettant de fixer les conditions sur l'emploi de produits de déverglaçage et de dégivrage, à travers les conditions de déversement et de contrôle contenues dans les autorisations de déversement des eaux usées.