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Les moyens utilisés pour encourager le transport bimodal

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 365 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 11/03/2010
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Pour ne rien cacher à Monsieur le Ministre, c'est un courrier des lecteurs, issu d'un journal tournaisien qui m'inspire la question que je lui pose aujourd'hui. Un courrier des lecteurs que j'ai relu à la lumière des objectifs affichés sur votre site en matière de mobilité.

    L'article s'intitule, " N'avez-vous rien oublié M. L'Echevin ? " et s'adresse à l'Echevin de la Mobilité de la Ville de Tournai. Les arguments qui y sont développés me semblent à ce point remplis de pragmatisme qu'il m'a semblé intéressant de vous les rapporter et de les confronter à votre point de vue.

    Le courroux de ce lecteur et, derrière lui, des navetteurs qu'il représente, a pour origine la décision prise par la Ville de Tournai de supprimer la gratuité d'un parking de 300 places, situé à proximité de la gare et de faire payer jusqu'à trois cents euros par an aux navetteurs pour y garer leur véhicule avant de se rendre sur leur lieu de travail.

    L'Echevin de la Mobilité de la Ville conseille aux navetteurs mécontents - qui n'auraient pas les moyens de débourser cette somme- d'aller se garer sur le Parking de la plaine des Plaine des Manoeuvres, situé à une demi-heure à pied de la gare.

    Ce lecteur rappelle, à juste titre, que les gens travaillant à Bruxelles passent, en moyenne, plus de trois heures trente chaque jour sur la route, pour aller de leur domicile vers leur lieu de travail , ce qui représente plus de trente jours par année, rien que pour faire la route. Reportés sur vingt années de travail à Bruxelles, cela porte à plus de 700, le nombre de journées de vingt-quatre heures, perdues sur la route.

    Cette politique ne fait-elle pas payer par des hommes et des femmes qui se lèvent tôt - et n'ont d'autres choix que de prendre leur voiture pour aller travailler- une taxe injuste et aveugle, alors que d'autres, qui ne sont peut-être qu'à quelques minutes de leur lieu de travail, bénéficient de la gratuité du parking parce que leur entreprise le prévoit ?

    Monsieur le Ministre est-il sensible aux arguments développés par ce citoyen? A-t-il connaissance des difficultés de parking et donc de mobilité rencontrées par de nombreux navetteurs?

    Monsieur le Ministre est-il conscient du temps et du coût que représente le trajet vers leur lieu de travail pour bon nombre de navetteurs ? Est-il conscient que la durée du trajet et le coût du parking sont des facteurs susceptibles de décourager l'usage de moyens de transports alternatifs ? En effet, parmi les navetteurs se trouvent des personnes proches de la retraite mais aussi des mères et des pères de famille dont les enfants attendent le retour avec impatience. Monsieur le Ministre entend-il mener des actions pour corriger cette politique? Si oui, lesquelles ? Ces parkings payants ne sont-ils pas une taxe injuste et déguisée qui vient grever le budget de personnes qui n'ont d'autres choix, s'ils veulent travailler que de garer leur voiture à proximité de la gare ?

    Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas , à l'instar de ce citoyen, que si l'on veut vraiment encourager le transport bimodal, il serait opportun de réserver aux navetteurs munis d'un billet de chemin de fer des aires de parking gratuites à proximité de la gare ? L'hypothèse est-elle à l'étude?

    Les Plans communaux de mobilité ne devraient-ils pas prévoir des parkings gratuits à proximité des gares pour ceux qui font le choix d'aller travailler en train ?




  • Réponse du 02/04/2010
    • de HENRY Philippe

    Par sa question, l'honorable Membre me demande si j'ai bien conscience du temps que les gens consacrent chaque jour à leurs trajets domicile-travail. Je peux assurer que c'est une de mes préoccupations majeures. Le paradoxe de notre société si dépendante de la voiture, c'est que le taux de remplissage des voitures est le plus faible aux heures de pointe, au moment où la congestion est la plus forte !

    Je comprends qu'il qualifie la tarification des parkings aux abords des gares de « taxe injuste », dans la mesure où elle touche des personnes qui font l'effort d'utiliser le train. Ces choix de tarification sont la conséquence des politiques menées par la SNCB d'une part, et par les autorités locales·d'autre part.

    La stratégie actuelle de la SNCB-Holding pour les parkings des 37 gares les plus importantes, dont la gare de Tournai fait partie, est basée sur quatre objectifs fondamentaux repris dans le contrat de gestion conclu entre l'Etat belge et la SNCB-Holding :
    - garantie de disponibilité de places pour les voyageurs abonnés train réguliers;
    - tarification différenciée selon les types de gare et d'utilisateur et selon le marché local;
    - couverture des charges opérationnelles par les recettes;
    - ne pas décourager l'utilisation des transports en commun entre le domicile et la gare.


    Le contrat de gestion indique également l'ordre de priorité à accorder en termes d'accessibilité à une gare :
    1.Piétons
    2.Cyclistes
    3.Transport'public
    4.Voiture


    La politique tarifaire des parkings reflète donc l'esprit du contrat de gestion en tenant compte du type de gare et du type d'utilisateur.

    Dans le cas précis de Tournai, le parking situé devant la gare (Boulevard des Déportés) est déjà payant. Deux parkings supplémentaires sont en cours d'aménagement et vont être équipés d'un système de contrôle, avec à la clé la mise à disposition de 200 places supplémentaires pour les navetteurs, avec une garantie de places pour les abonnés.

    Une réduction tarifaire est accordée aux voyageurs train. C'est ce que la SNCB appelle le tarif préférentiel. Tous les voyageurs en bénéficient, qu'ils soient réguliers ou occasionnels. Cette réduction est accordée aux guichets de la gare. De plus, les produits disponibles varient en fonction du type de voyageurs. Les voyageurs train réguliers qui ont un abonnement train ont accès aux produits parking les plus avantageux.

    Par exemple, dans le parking Gare P2 de Tournai (Boulevard Eisenhower), un abonné train payera un abonnement de parking mensuel à 25 euros et un abonnement annuel à 260 euros, alors qu'un non-abonné train payera un abonnement de parking mensuel à 35 euros et devra acheter 12 abonnements d'un mois par an pour un total de 420 euros.

    L'honorable Membre me demande également si les plans communaux de mobilité devraient prévoir des parkings gratuits à proximité des gares ? Il s'agit ici d'un choix de politique locale. En effet, dans le cadre de l'élaboration des plans communaux de mobilité, le rôle de la Région est de conseiller et d'apporter une aide ainsi qu'un financement, et ce dans le respect de l'autonomie communale. Jusqu'à présent, aucun PCM n'a été « cassé » par la Région parce qu'il serait en contradiction flagrante avec la politique régionale.

    Pour les gares secondaires, je suis évidemment favorable à ce que des parkings gratuits soient accordés aux navetteurs. Les abords des gares principales sont par contre des espaces rares et précieux sur lesquels se concentrent de fortes demandes. Il y a donc un équilibre à trouver entre la place offerte au stationnement de longue durée des voitures des navetteurs et les autres activités notamment économiques et de logements. Idéalement, c'est à pied, à vélo, en bus ou en covoiturage que les accès à ces gares principales devraient se faire. Je reconnais que ce n'est pas toujours facile.

    C'est pourquoi je m'attache à promouvoir, outre le covoiturage et la voiture partagée, la meilleure articulation possible entre le réseau des TEC et de la SNCB, ainsi qu'à la mise en place d'une politique cyclable volontariste.