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Le réacteur nucléaire EPR expérimenté en France.

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 273 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 12/03/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique


    Dans sa réponse à la question n° 166 qui lui était posée, Monsieur le Ministre exprime dans sa réponse « ... L'expérience EPR français n'est, à ce stade, pas probante, Le planning n'est pas respecté et les coûts sont plus importants que prévus ... ».

    Peut-il préciser sa source d'information sur le sujet et la réponse qu'il apporte ainsi résulte-t-elle d'informations qui ont pu lui être communiquées par le Ministre français en charge de l'Energie?

    Paradoxalement, et dans la même réponse, Monsieur le Ministre exprime quelques paragraphes plus loin « ... La réduction importante des émissions de GES pose un deuxième défi pour l'évolution de notre système énergétique ... ».

    Cette réponse suscite une autre interrogation que je souhaite adresser à Monsieur le Ministre: quelle est la part du nucléaire dans les gaz à effets de serre?

    Plus loin, Monsieur le Ministre exprime: « On constate également, dans les études de références (CE 2030, Tobback, CREG, EPE, .. .) qu'au plus les conditions imposées sont contraignantes, au plus la demande évolue à la baisse, notamment par un effet mécanique sur les prix. ».

    Effectivement, on ne peut que partager le sentiment de Monsieur le Ministre qu'il est intéressant à certains moments de réduire les besoins énergétiques en faisant des économies d'énergie. Que cela ait ou non une influence sur le réchauffement climatique, consommer moins d'énergie implique pour celui qui doit payer sa consommation une réduction de facture.

    Cependant, qu'un outil pour lequel un producteur d'énergie a investi soit utilisé à 70 % de sa capacité ou à 98 % n'implique pas que le prix de revient du kilowatt électrique produit soit équivalent car le prix du kilowatt dépend bien entendu de la hauteur de l'investissement. A fortiori, s'il y a moins de production d'énergie, chaque kilowatt produit coûtera plus cher, compte tenu de la hauteur des investissements réalisés, quelque soit le type d'énergie.

    D'autre part, des études de référence auxquelles fait allusion Monsieur le Ministre sont-elles disponibles et est-il possible d'en obtenir la communication?

    Dans la page 3 de la réponse à ma question n° 166, Monsieur le Ministre valide l'opportunité de la politique qu'il propose avec le Gouvernement wallon sur des simulations réalisées par les bureaux précités et les études qu'ils ont pu réaliser.

    Très sincèrement, et sans vouloir le contredire, il me parait que s'il est important sur le plan d'une gestion publique de tenir compte de prévisions, aucune personne qui exerce un pouvoir de décision sur le plan de la puissance publique ne peut être sûre que les prévisions faites par les bureaux d'études seront justes. Il est en effet à terme de 20 ans, c'est-à-dire à l'horizon 2030, très difficile de pouvoir définir ce que sera le spectre des besoins en énergie d'une part, des entreprises, des particuliers ou des collectivités et les capacités de la production à ce moment de façon à pouvoir répondre aux besoins.

    C'est dire que le prix final que paiera demain le consommateur pour l'énergie dont il a besoin risque d'être beaucoup plus élevé dans certains pays que d'autres en fonction des politiques décidées en 2010,

    En clair, les politiques décidées par le Gouvernement wallon en 2010 pour sauver la planète, à supposer qu'elle soit à ce point menacée, pourraient parfaitement créer en 2030 pour la Wallonie une situation inextricable tant pour ses entreprises que pour les ménages.

    D'autre part, quelle est la position de Monsieur le Ministre vis-à-vis du débat qui fait rage dans tous les autres pays du monde, sauf en Belgique et en Wallonie, sur la réalité du réchauffement climatique et d'autre part, sur les causes de celui-ci?

    «Le Figaro» dans son édition de mardi 23 février 2010 situait l'enjeu en résumant fort bien la contestation qui fait rage en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Asie et dans les autres pays européens.

    En Wallonie, il y a pour les politiques comme pour les médias une sorte de pensée unique qui veut qu'il y ait réchauffement climatique, ce que je peux admettre, et que l'homme en est responsable au travers des émissions de C02, ce qui est contesté partout ailleurs par de nombreux scientifiques.

    Monsieur le Ministre peut-il admettre que l'on puisse mettre en présence sur ce sujet tellement essentiel, qui guide notre politique pour des dizaines d'années, pour que le Parlement puisse avoir une information objective et contradictoire, M. Van Ypersele, vice-Président du GIEC, Professeur à l'UCL, le Professeur Jouzel qui en France est une référence ou M. Le Treut avec en face l'expression des opinions de M. Vincent Cortillot, Président de l'Institut du Globe à Paris et Mr Claude Allegre, ancien Ministre français de l'Education et qui vient de publier un livre au titre explosif « L'imposture climatique »,
  • Réponse du 02/04/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Tant en Finlande qu'en France, la construction du réacteur EPR accuse un retard important et des dépassements budgétaires qui le sont tout autant. Les informations sur le sujet sont difficiles à obtenir vu l'opacité du secteur. Mes sources incluent les publications des autorités nationales de sécurité nucléaire (l'ASN en France, STUK en Finlande), les communiqués des entreprises Areva et EDF, les publications spécialisées en matière d'énergie, et d'énergie nucléaire en particulier, ainsi que les informations en provenance de syndicats comme la CGT.

    En ce qui concerne les gaz à effet de serre, l'affirmation que le nucléaire ne produit pas de CO2 peut sembler plausible à certains, parce que le réacteur lui-même n'émet pas de dioxyde de carbone. Mais s'arrêter à cette constatation serait trahir la vérité. Le nucléaire recèle en effet d'importants coûts énergétiques cachés et les émissions de CO2 de l'ensemble de la filière, en amont et en aval de la centrale, sont loin d'être négligeables. Ces coûts énergétiques se réfèrent à l'exploitation, le raffinage et l'enrichissement du combustible (l'uranium-235); la fabrication des assemblages combustibles; la construction, le fonctionnement et le démantèlement des centrales; le conditionnement et le stockage des déchets. L'énergie nécessaire à ces opérations est en grande partie obtenue à partir de sources d'énergie fossiles. Un chercheur à l'université de Singapour s'est penché sur l'ensemble des études publiées sur le cycle de vie de l'atome à ce jour. Ses recherches laissent apparaître que le secteur émet en moyenne 66 grammes de CO2 par kilowattheure en raison de l'usage d'énergies fossiles tout au long de la filière.

    Les études de référence auxquelles je faisais allusion dans ma réponse à la question n°166 sont les suivantes :
    - « La politique climatique post 2012 : analyse de scénarios de réductions d'émissions aux horizons 2020 et 2050 », commanditée par le Ministre Tobback et disponible sur : http://www.klimaat.be/IMG/pdf1FR-Final-Post_2012_Horizons_2020_et_2050. pdf;
    - L'étude de la CREG relative à « La sous-capacité de production d'électricité en Belgique », disponible sur: http://www.creg.info/pdf/Etudes/F715FR.pdf;
    - L'étude du Bureau Fédéral du Plan relative à « L'impact du paquet énergie sur le système énergétique belge », disponible sur: http://www.plan.be/admin/uploaded/200901091118420.wp200821.pdf;
    - Le document du SPF Economie relatif à « L'étude sur les perspectives d'approvisionnement en électricité (EPE) », disponible sur: http://statbel.fgov.be/fr/consommateurs/Energie/Securite_des_approvisionnements_en_energie/Etude_prospective_electricite/index.jsp;
    -L'étude Commission Energie 2030 : Commission ENERGY 2030, FINAL REPORT, June 19, 2007, disponible sur : http://www.ce2030.be/public/documents_publ/CE2030%20Report_FINAL. pdf

    Je suis conscient tout autant de l'intérêt des études prospectives pour la prise de décision politique que de leurs limites.

    En ce qui concerne les changements climatiques, je renvoie l'honorable Membre à la présentation faite par le Professeur van Ypersele au Parlement wallon le 10 novembre 2009, dans laquelle ce dernier faisait le point sur le contexte, les enjeux et les perspectives en la matière.