à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine
En Wallonie, on peut se réjouir de la bonne santé de nos forêts. La consommation de bois semble également bien se porter. Celle-ci est deux fois et demi supérieure à ce que nous produisons dans notre pays. Autrement dit, la Belgique n'est pas autosuffisante et l'importation s'avère donc nécessaire.
Aujourd'hui, on recourt de plus en plus au bois dans le secteur de la construction. Nombreux sont les Wallons qui le préfèrent à d'autres matériaux. Il est vrai qu'en comparaison, le bois est quinze fois plus isolant que le béton et six fois plus que la brique. Les économies d'énergie ne sont donc pas négligeables et on comprend facilement l'intérêt qu'il suscite.
Monsieur le Ministre peut-il , dans un premier temps, m'indiquer précisément comment se porte le secteur du bois en Wallonie, notamment dans le domaine de la construction ? Ces dernières années, comment évolue la vente de bois pour la construction et l'habitation ?
L'intérêt grandissant doit logiquement s'accompagner d'une augmentation des importations. Parmi ces importations figurent un grand nombre de bois exotiques dont la qualité leur confère des avantages pour une utilisation extérieure. Mais cela pose une série de problèmes, dont celui de la traçabilité.
En Région wallonne, la traçabilité du bois commercialisé pour la construction est-elle systématiquement assurée ? Les certifications écologiques sont-elles garanties pour tout le bois que l'on trouve en magasin ? En France par exemple, 40 % du bois échangé seraient issus d'exploitations illégales, essentiellement à l'étranger. Qu'en est-il chez nous ? Monsieur le Ministre dispose-t-il d'une estimation ?
La promotion du bois dans le secteur de la construction figure dans la Déclaration de politique régionale. Monsieur le Ministre peut-il me dire ce qui est entrepris pour promouvoir du bois certifié?
Il est vrai que certaines variétés de bois des forêts wallonnes, dont des épicéas, des pins sylvestres ou des peupliers, ont une longévité plus réduite que les bois exotiques lorsqu'ils sont utilisés à l'extérieur. Mais aujourd'hui, il existe des procédés de traitement du bois indigène, qui lui confèrent des qualités reconnues aux bois exotiques. Il me revient par exemple qu'une Spin off de l'UCL avait mis au point une technique pour conférer à nos bois une qualité exceptionnelle tout à fait adaptée pour un usage extérieur.
Quel est le potentiel wallon à cet égard ?
Réponse du 06/04/2010
de LUTGEN Benoît
L’engouement observé pour le bois – 2% des permis de bâtir pour de nouvelles constructions en 1999 et 15% en 2009 – est en partie un effet des mesures entreprises depuis plusieurs années : soutien au Salon Bois et Habitat, à un troisième cycle de formation pour les architectes sur l’utilisation du bois en construction, les « Rencontres filière bois » et la promotion de mesures sylvicoles visant la production de bois de qualité.
Les secteurs du bois et de la construction ont aussi subi l’influence de la crise économique ; on observe cependant une reprise de la demande, en tout cas en bois résineux.
L’engouement pour le bois dans la construction profite en partie à la filière wallonne, mais dans une proportion difficile à chiffrer en l’absence de statistiques. Cette lacune devrait être comblée par les missions de l’Office économique du bois. A la source, on peut estimer que les prélèvements de bois en Région wallonne fournissent annuellement un potentiel de 1,2 million de m³ de produits sciés, dont 80% en résineux aptes aux usages dans la construction. Un potentiel de plus de 2,3 millions de m³ s’y ajoute en bois de trituration.
En Région wallonne, pratiquement la moitié de la forêt est certifiée PEFC. Le potentiel de bois certifié correspond donc à la moitié des volumes. Mais, pour trouver du bois certifié PEFC sur les marchés, il faut également que les entreprises de transformation du bois valorisent cette certification et soient elles-mêmes certifiées PEFC, ce qui est le cas d’une majorité des entreprises de sciages et de panneaux. En pratique, un acheteur de produits PEFC ne peut pas connaître l’origine géographique du produit mais il faut noter que la plupart des pays limitrophes ont également opté pour la certification PEFC, et que les importations de la Belgique sont très majoritairement d’origine européenne.
Le Gouvernement wallon soutient activement la certification, puisque 95% des forêts publiques wallonnes sont certifiées. Je finance la promotion de la certification en forêt privée, et l’administration wallonne a contribué dès l’origine à la mise en place de la certification PEFC en Wallonie.
En ce qui concerne le commerce de bois issu de coupes illégales, notamment de bois tropicaux, beaucoup de chiffres circulent sans qu’il soit possible de les vérifier. Pour lutter contre ce commerce, et en attendant que les dispositions européennes en cours de discussion entrent en vigueur, recourir à des bois indigènes ou à du bois importé certifié reste la seule garantie.
Les procédés de traitement du bois que l'honorable Membre évoque, oléothermie et rétification, peuvent effectivement permettre d’utiliser nos bois à des usages auparavant réservés à certaines espèces naturellement résistantes et provenant en majorité des zones tropicales.
La Région wallonne a déjà financé quelques essais en la matière. Le développement de ces techniques relève cependant de la recherche et du développement économique.