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L'analphabétisation en Région wallonne comme frein à l'emploi

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 150 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 18/03/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    En Belgique, près d’un million de personnes ont du mal à lire et à écrire. D’où des difficultés pour trouver un emploi, lire un mode d’emploi, aider les enfants, …

    Pour ce qui concerne les données disponibles pour la Région wallonne, un état des lieux est publié chaque année. Début 2009, un troisième état des lieux était en cours de finalisation. Selon les données de l'enquête socio-économique générale de 2001, 3,4 % des personnes de 18 à 64 ans déclarent ne pas avoir suivi d'enseignement et 9% des adultes d'âge actif déclarent avoir au maximum leur Certificat d’enseignement de base. Il convient aussi de souligner que certaines de ces personnes, qui ne maîtrisent pas ou plus les compétences correspondant au CEB, sont potentiellement concernées par les actions d'alphabétisation. On peut donc estimer à environ 300.000, le nombre de personnes concernées en Wallonie. Monsieur le Ministre confirme-t-il les données pour la Région wallonne ?

    Peut-il nous expliquer aussi comment il est possible que dans notre pays, autant de gens éprouvent de sérieuses difficultés en lecture et en écriture ? Il s’agit de gens qui ont suivi l’enseignement primaire et secondaire. Comment est-il possible que des gens reçoivent un diplôme de fin d’études alors qu’ils sont plutôt analphabètes ?

    Une évaluation des inégalités sociales dans l'enseignement en Belgique a été réalisée sur base de l'indice économique, social et culturel issu de l'enquête PlSA. Celle-ci met en évidence que les retards scolaires sont étroitement liés à l'origine sociale des élèves: 65 % des élèves issus de la population la plus pauvre sont en retard scolaire à l'âge de 15 ans contre 18% seulement parmi les élèves issus de la population la plus aisée. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes et cette situation s'amplifie encore dans l'enseignement supérieur et universitaire. En termes d'inclusion sociale, ces résultats imposent des conclusions politiques à traduire en stratégies politiques tendant à réduire, autant que possible, les inégalités sociales en matière d'enseignement ou la reproduction des inégalités sociales. Quels sont les enseignements que Monsieur le Ministre tire de cette analyse quant aux politiques croisées entre la Région wallonne et la Communauté franaçise ?

    Et quels sont les moyens mis en œuvre pour lutter contre l’inoccupation qui résulte de l’analphabétisme ? Quelle est leur employabilité ? Les candidats peuvent-ils être formés au sein du FOREM ou devront-ils d’abord bénéficier d’une formation préqualifiante ? Quels en sont les coûts ? Je suis au courant que le FOREM participe aux travaux du Comité de pilotage qui est le fruit d’un accord conclu en 2005 entre la Région wallonne, la Communauté française et la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale. Quels sont les résultats de cet accord ? Peut-on déjà tirer des conclusions ?




  • Réponse du 11/10/2010
    • de ANTOINE André

    L'honorable Membre me demande de confirmer des données relatives à l'analphabétisme en Région wallonne, mais je ne suis pas en mesure de le faire. En effet, il est « communément admis », sans que cette donnée n'ait été vérifiée scientifiquement que cette évaluation est correcte. Il ne sera pas non plus de mon propos de donner une quelconque évaluation des élèves qui, au sortir de l'enseignement, n'ont pas atteints les savoirs de base en matière de compréhension, de lecture et d'écriture en langue française.

    Par contre, comme il l'évoque, et suite au Gouvernement conjoint « solidarité » du 11 mars, la question de l'alphabétisation des publics adultes fait partie de mes priorités. Avec les représentants des Ministres de l'éducation permanente, de l'enseignement de promotion sociale, de l'action sociale et du Ministre Président de la région wallonne et de la Communauté française, nous avons entamé un travail d'objectivation des moyens alloués à cette problématique et d'analyse de leur impact sur l'analphabétisme en Région wallonne. Ces travaux sont en cours et des communications sur leur évolution et leurs résultats ne manqueront pas de lui être communiqués.

    Cela dit, en ce qui concerne les demandeurs d'emploi, la situation est la suivante. En 2009, 65.062 personnes inscrites comme demandeuses d'emploi inoccupées ne possédaient, au maximum, que le niveau d'études primaires, certificat obtenu ou non.

    II est vraisemblable que parmi ces 65.000 personnes une proportion importante ait besoin soit d'un programme d'alphabétisation, soit d'une remise à niveau des connaissances de base.

    Je consacre aujourd'hui un budget d'environ 8.000.000 euros à l'organisation de formations d'alphabétisation en faveur des demandeurs d'emploi.

    En outre, 245.000 euros sont consacrés à la sensibilisation des entreprises à l'analphabétisme et à la formation de travailleurs.

    Il y a aujourd'hui 19 asbl en région wallonne agréées comme OISP qui organisent des actions d'alphabétisation. Le réseau des centres « Lire et Ecrire » fait partie de ces asbl. Ensemble, en 2009, elles ont assuré la formation d'environ 2.700 demandeurs d'emploi et de 275 travailleurs

    Le public concerné par ces formations sont pour 46% belges, 54% des étrangers qui dans leur pays d'origine n'ont pas effectué plus de six années de scolarité.

    Sans préjuger des résultats des travaux du groupe technique créé à l'initiative du Gouvernement conjoint il faut savoir que j'ai déjà pris l'initiative de proposer au Forem et au réseau « Lire et Ecrire » de mettre en œuvre dès cette année une expérience pilote de détection des problèmes d'analphabétisme chez les demandeurs d'emploi jeunes qui font l'objet d'un accompagnement individualisé.

    Mais la connaissance « suffisante » du français ne suffit souvent pas à résoudre les difficultés d'intégration professionnelle. Dès lors je vise aujourd'hui à rendre possible l'intégration, par la coopération entre différents organismes, de formations associant, au cours de la même période, des objectifs d'alphabétisation et de formation technique. Il m'importe aussi de ne pas exclure de ces dispositifs d'alphabétisation les publics bénéficiaires des dispositifs d'insertion mis en place par les CPAS.