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Le bilan du projet Gazenbois à Tournai

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 336 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 13/04/2010
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Le projet Gazenbois de la Ville de Tournai avait bénéficié d’importants subsides. La Région wallonne était ainsi intervenue à hauteur de 1.197.063 euros et le Feder à hauteur de 798.042 euros.

    Pour rappel, ce projet devait permettre, notamment, d’utiliser les déchets issus de la gestion des jardins communaux en vue d’assurer le chauffage de la piscine communale.

    Le projet Gazenbois a été lancé il y a plusieurs années mais sa mise en route concrète a, à plusieurs reprises, été retardée.

    Monsieur le Ministre peut-il me communiquer un premier bilan concernant la mise en route effective du projet Gazenbois par la Ville de Tournai ? Peut-on considérer que le projet Gazenbois est un succès, une réussite ou, au contraire, comme certains le laissent présupposer, que le résultat est mitigé ?

    Qu’en est-il concernant la rentabilité d’un tel projet, notamment lorsque l’on connaît l’augmentation du coût des diverses énergies et qu’il apparaîtrait d’ailleurs que les réserves en déchets de la Ville de Tournai seraient largement insuffisantes et que, pour tourner à plein rendement, la ville de Tournai devrait acheter du bois à d’autres communes environnantes en vue de faire fonctionner le projet Gazenbois ?
  • Réponse du 06/05/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Dans le cadre du Plan Bois-Energie et Développement Rural (PBE&DR), approuvé par le Gouvernement wallon fin 2001, une dizaine de projets de chaufferies publiques au bois­énergie ont été initiés à cette époque, notamment à Tenneville, Hotton, ou Philippeville pour ne citer que ces exemples. Tous ces projets sont aujourd'hui parfaitement fonctionnels, comme d'ailleurs une vingtaine d'autres projets publics venus depuis s'ajouter à la liste. Ces projets appliquent des technologies « classiques » de chaudières à alimentation automatique utilisant des plaquettes de bois ou des granulés de bois (pellets), pour produire uniquement de la chaleur et souvent pour alimenter un réseau de chaleur de plusieurs bâtiments publics.

    Dans le cadre des Fonds structurels programmation 2000-2006, la Région a toutefois voulu favoriser, au titre de projet-pilote, la création de deux projets plus particuliers à Gedinne et à Tournai, basés sur une technologie de cogénération par gazéification de bois pour produire de la chaleur et de l'électricité. L'objet de cette tentative était de valider, en situation de terrain, l'application de cette « nouvelle » technologie développée en Wallonie.

    Sur le plan technique, l'unité de cogénération par gazéification de bois placée en premier lieu à Gedinne a très vite montré quelques signes de faiblesse liés à une technologie moins mâture que les solutions des chaudières « classiques au bois », et a dû faire l'objet d'améliorations indispensables qui ont pris du temps. Etant donné le décalage dans le démarrage des projets, le projet de Tournai a pu bénéficier de celles-ci.
    Le projet Gazenbois a nécessité un investissement s'élevant à 3.312.203,81 euros réparti de la manière suivante :

    FEDER 1.266.063,00 euros
    RW 844.042,00 euros
    INFRASPORT 239.640,00 euros
    Ville de Tournai 962.458,81 euros

    L'année 2009 a été consacrée au démarrage, aux essais et à la fiabilisation de la centrale. Depuis janvier 2010, la centrale a commencé son fonctionnement en continu. Après un peu plus de 1.000 heures de fonctionnement, la centrale a déjà produit environ 110 MWh d'électricité pour la majeure partie consommée par la piscine communale. La chaleur a, dans un premier temps, principalement été utilisée pour sécher le bois, surtout depuis début 2010 avec l'arrivée de la récolte de taillis de saule afin d'éviter toute réaction de dégradation du combustible ou de compostage.

    Afin de développer la biomasse disponible dans un rayon proche de la centrale, la ville de Tournai et des agriculteurs locaux (liés par une convention de partenariat), ont décidé de planter des parcelles de taillis de saules à très courte rotation (TtCR). Des conventions ont été établies entre la commune et les agriculteurs afin de garantir un prix de rachat attractif de la récolte (environ tous les trois ans) ainsi que la pérennisation de la culture dans la durée. Une vingtaine d'hectares de TtCR ont été plantés dans la région de Tournai en 2006-2007 et la première grande récolte a eu lieu en deux phases en janvier et mars 2010.

    Schématiquement, un tiers de l'alimentation en plaquettes de bois provient de l'entretien du patrimoine arboré de la ville du Tournai, un tiers provient de la récolte des parcelles de taillis de saule, et le dernier tiers sont des plaquettes de bois achetées dans des plates­formes bois ou des scieries. Il n'a jamais été question d'acheter du bois à d'autres communes environnantes en vue de faire fonctionner le projet Gazenbois, mais bien de développer des partenariats avec le CPAS, la province, le SPW (ex-MET), l'intercommunale de propreté publique IPALLE, et pourquoi pas des communes voisines, afin de développer de nouvelles filières de valorisation de la biomasse ligneuse.

    Après moins d'une année de fonctionnement effectif, il est encore un peu tôt pour dresser le bilan de rentabilité. Cependant, et d'après les estimations effectuées dans l'étude de faisabilité initiale, l'investissement devrait être rentabilisé en huit à dix années de fonctionnement. Enfin, cela dépend surtout du prix de revente des certificats verts, du prix de l'électricité et de la valorisation de la chaleur ainsi que du prix du combustible bois face aux combustibles fossiles.