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L'évolution de la biodiversité

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 291 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 19/04/2010
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Régulièrement, différentes associations, telles que la Ligue ornithologique belge, font appel aux volontaires pour référencer et répertorier les animaux et la flore de nos campagnes et de nos jardins. Au fil des années, de nombreuses espèces ont, en effet, déserté nos régions, sont devenues plus rares et certaines ont même tout simplement disparu.

    D’importants efforts ont néanmoins été consentis pour aboutir progressivement à une agriculture dite plus respectueuse de l’environnement. Les particuliers ont également été invités à utiliser moins de produits chimiques, etc.

    Cumulées, ces différentes actions ont permis, en certains endroits, une amélioration de la biodiversité. C’est ainsi que des espèces disparues, parfois depuis de très nombreuses générations, ont peu à peu regagné du terrain.

    Actuellement, en Région wallonne, Monsieur le Ministre peut-il me dire quelles sont les espèces qui sont considérées comme étant en voie d’extinction ? Quelles sont les espèces qui sont considérées comme ayant disparu au cours de ces dernières années ? Au contraire, quelles sont les espèces qui ont pu réapparaître grâce aux efforts consentis ?

    En général, quel bilan Monsieur le Ministre dresse-t-il de l’évolution de la biodiversité en Région wallonne au cours de ces trente dernières années ? Constate-t-on une amélioration de cette biodiversité, une détérioration de celle-ci ou une stabilisation ?

    Enfin, la Région wallonne entend-elle apporter une attention toute particulière à la conservation de certains biotopes particuliers, endémiques de nos régions ? Si oui, quels sont-ils ?
  • Réponse du 17/05/2010
    • de LUTGEN Benoît

    En préalable, il est important de souligner la complexité du problème. La biodiversité est la diversité du monde vivant à tous les niveaux : diversité des écosystèmes, diversité des espèces et diversité génétique au sein d’une même espèce.

    L’érosion de la biodiversité résulte de la combinaison de nombreux facteurs tels que la perte, l’artificialisation, la fragmentation, l’altération, la simplification et l’uniformisation des habitats, l’incidence des pesticides, de l’eutrophisation et des autres pollutions de l’air, de l’eau et des sols, les changements météorologiques, la compétition avec les espèces exotiques introduites…

    Face à l’ampleur d’une telle question, il est difficile de dresser une réponse exhaustive et de dégager une tendance générale sans perdre la nuance nécessaire. En effet, chaque espèce évolue de façon différente face à un ensemble complexe de facteurs. Certaines voient leurs populations augmenter, d’autres régresser. Par ailleurs, il faut signaler que les inventaires, même s’ils tentent de présenter un aperçu global de l’évolution des espèces, sont tributaires d’un certain nombre de biais analytiques.

    En ce qui concerne les espèces considérées en voie d’extinction, disparues ou qui ont fait leur réapparition au cours de ces dernières années en Région wallonne, des listes rouges sont établies pour les différents groupes d’espèces. Une synthèse se trouve dans « l’Etat de l’Environnement Wallon » publié en 2009 (fig FFH 1-1).

    Plus particulièrement, en ce qui concerne l’avifaune, une nouvelle liste rouge (2009) des oiseaux nicheurs de Wallonie a été dressée récemment dans le cadre de la réalisation d’un atlas (en préparation) : sur 149 espèces ayant fait l’objet d’une évaluation, 106 espèces sont considérées comme non menacées, 39 comme menacées et 4 comme éteintes à l’échelle régionale (Huppe fasciée, Cochevis huppé, Traquet motteux et Bruant zizi). La situation s’est donc améliorée pour au moins huit espèces.

    Au niveau du bilan à dresser sur l’évolution de la biodiversité en Wallonie au cours de ces trente dernières années, il n’est pas évident de répondre à cette question. Les processus méthodologiques des inventaires ont en effet évolué entre les années ’80 et actuellement.

    Des progrès sont enregistrés : certaines espèces tirent profit des efforts entrepris pour la conservation et la restauration des milieux naturels (p. ex. redéploiement de nombreuses populations de papillons au niveau local, voire l’extension de quelques espèces rares telles que Melitaea cinxia et Lycaena dispar). Toutefois, de nombreuses espèces restent sur le déclin. En ce qui concerne l’avifaune par exemple, un programme de surveillance réalise des relevés annuels pour les espèces les plus communes. Leurs effectifs sont globalement en diminution.

    A noter également un phénomène qui se rencontre notamment chez les papillons de jour. L’analyse des populations témoigne d’une banalisation de ce pan de la faune : la plupart des espèces en extension marquée sont des espèces très communes, ubiquistes ou flexibles. Au contraire, de très nombreuses espèces rares à très rares et aux exigences écologiques strictes sont en régression, plus ou moins forte selon les cas.

    Parallèlement, les espèces exotiques envahissantes, introduites par l’homme en dehors de leur aire naturelle de distribution, se développent quant à elles de plus en plus dans notre environnement. Près de 300 espèces de plantes ornementales et 30 espèces de vertébrés d’origine exotique sont aujourd’hui naturalisées en Wallonie. Certaines de ces espèces exotiques sont susceptibles de menacer les espèces indigènes et d’altérer le fonctionnement des écosystèmes.

    En ce qui concerne le plan d’actions de la Région wallonne, pour la majorité des espèces, le moyen de conservation le plus efficace est la préservation voire la restauration des milieux. En Wallonie, ces interventions s’effectuent dans différents cadres : la gestion des sites naturels protégés (réserves naturelles domaniales et agréées, réserves forestières, zones humides d’intérêt biologique et cavités souterraines d’intérêt scientifique), la mise en œuvre du réseau Natura 2000 incluant les zones de protection spéciale (habitats et espèces d’intérêt communautaire) et les zones spéciales de conservation (oiseaux). De nombreux projets LIFE Nature cofinancés par l’Europe et la Wallonie ont permis la restauration d’habitats naturels particuliers : milieux ouverts tels que les landes à bruyères, les pelouses calcaires et sèches, ou les milieux rupicoles, et milieux humides tels que les tourbières, les roselières, les prairies marécageuses, les bas-marais alcalins ou les nardaies.

    Si, la protection, la restauration et la gestion des sites de grand intérêt biologique ont une importance majeure, en particulier pour les espèces rares, l’avenir de la biodiversité passe aussi par une restauration du potentiel d’accueil de la vie sauvage sur l’ensemble du territoire. Les actions menées dans ce cadre sont également nombreuses : mise en œuvre d’opérations thématiques (fauchage tardif des bords de routes, aménagement des combles et clochers, octroi de subventions pour plantation de haies et vergers, …), création et gestion de parcs naturels, élaboration de plans communaux de développement de la nature, contrats de rivières, application des mesures agri-environnementales, intégration de mesures relatives à la biodiversité dans le code forestier, …

    Afin d’orienter au mieux les actions, un suivi de l’évolution de la biodiversité est coordonné par le Département de l’étude du milieu naturel et agricole, en collaboration avec les Départements gestionnaires et les associations naturalistes. Les résultats sont publiés régulièrement, en particulier dans les rapports sur l’état de l’environnement wallon.