/

La stratégie économique commune de Bruxelles et de la Wallonie

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 75 (2009-2010) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 04/05/2010
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Répondant à une question de la presse écrite, le lundi 26 avril dernier, quant au maintien d'un lien entre Bruxelles et la Wallonie, Monsieur le Ministre-Président déclara qu'il convenait « d'affiner une stratégie économique commune ».

    Monsieur le Ministre-Président peut-il clarifier et expliciter son propos? Quel est l'objectif concrètement fixé? Quel est le déficit dont les relations entre Bruxelles et la Wallonie souffrent actuellement? Comment entend-il remédier à cette situation? Quelle stratégie considère-t-il devoir développer? Des solutions structurelles sont-elles à l'étude? Lesquelles?

    Pourquoi ce rapprochement envisagé n'a-t-il pas été entrepris plus tôt? La situation institutionnelle actuelle impose-t-elle une forme d'urgence?

    Monsieur le Ministre-Président et le Gouvernement wallon ont-ils débattu d'un programme commun avec leurs homologues bruxellois? Lequel et quand?
  • Réponse du 19/05/2010
    • de DEMOTTE Rudy

    L'honorable Membre évoque certains de mes propos repris, la semaine dernière, dans Sud Presse. Il aurait pu les trouver dans d'autres de mes interventions. Car la crise institutionnelle fédérale n'a, en la matière, rien révélé au Gouvernement wallon. Elle nous fait simplement réaffirmer les grands principes qui guident notre action.

    Je dis qu'il faut participer au redéploiement de la Wallonie, qu'il faut continuer à mettre en œuvre la stratégie qui a replacé notre Région sur la voie de l'investissement et de la croissance économique durable.

    Et cela, je ne le dis pas parce qu'une certaine dramatisation fait planer le spectre de l'éclatement du pays mais parce que c'est une nécessité absolue. Il faut mettre la Wallonie en mesure d'assumer son destin, grâce à ses propres forces. Et cette vérité vaut autant dans le cadre de la Belgique actuelle que dans celui d'une Belgique réformée ou même dans l'hypothèse d'un scénario séparatiste.

    Mes propos sur la nécessité d'une stratégie économique commune avec Bruxelles s'inscrivent exactement dans ce cadre. Ce n'est pas la crise qui a fait découvrir au Gouvernement l'importance de cette collaboration forte. J'en veux pour preuves tant la Déclaration de politique régionale (DPR) que les actes concrets que nous avons posés dans ce cadre.

    Que dit la DPR ?

    Elle dit, entre autres choses, que « Les Wallons et les Bruxellois francophones ont tout à gagner à travailler ensemble dans un certain nombre de compétences communes, tant sur base de leurs Régions » que de la Communauté.

    Elle précise que « la collaboration entre nos Régions concourt au même objectif de redressement régional et de mieux-être durable pour les Wallons et les Bruxellois ».

    Et, dans ce cadre, au niveau de la Wallonie et de Bruxelles, la DPR exprime la volonté de :
    - «coordonner davantage les plans économiques régionaux, particulièrement avec Bruxelles;
    - renforcer la cohérence des dispositifs de formation des Régions wallonne et bruxelloise afin d'optimaliser les qualifications de la main-d'œuvre;
    - et de valoriser les synergies entre les dispositifs de promotion internationale des Régions ».


    Et, de manière plus globale, comme je le précisais à l'amie politique de l'honorable Membre, Madame Bertiaux, au début de cette législature, Bruxelles est citée 164 fois dans la Déclaration de politique régionale wallonne. Cela souligne, à mon sens, l'ampleur de la volonté de collaboration entre les deux Régions.

    Ceci précisé - c'est important de le souligner dans le contexte actuel – l'honorable Membre notera également que cette volonté de collaboration s'inscrit dans un esprit de mieux-être partagé et non dans une logique de front ou d'opposition communautaire.

    Ainsi, la DPR précise que « les trois Régions gagnent à amplifier leur coopération dans les matières régionales, en particulier lorsqu'une politique efficace exige de dépasser les frontières linguistiques (mobilité, emploi ... ). Le Gouvernement continuera à encourager de telles collaborations qui, au-delà de l'exigence d'efficacité, participent aussi à une dynamique d'ouverture à l'autre, profitable à chacun. En particulier en matière économique, les premiers partenaires de la Wallonie sont Bruxelles et la Flandre. Une coordination des politiques économiques menées par les trois Régions pourrait renforcer l'impact des actions publiques ».

    Ceci rappelle que la Wallonie est inscrite dans une logique forte d'ouverture et de partenariat à tous les niveaux. Qui inclut la Flandre, qui met l'accent sur les relations transfrontalières et qui nous place dans un rapport d'échange constant avec l'Europe et le monde.

    En l'occurrence, pour ce qui nous occupe directement ici, la DPR montre que le principe de la collaboration avec Bruxelles est consacré clairement dans le programme de Gouvernement de la majorité « Olivier ».

    Et, en neuf mois, nous sommes déjà passés des déclarations aux actes.

    Ne revenons pas sur la composition même du Gouvernement de la Communauté qui assure la mise en présence hebdomadaire de ministres wallons et bruxellois; « pur sucre communauté » mais aussi émanant directement du Gouvernement de la Région bruxelloise.

    Ne parlons pas, non plus, de la solidarité budgétaire dont a fait montre la Wallonie, non seulement vers la Communauté française qui profite aux deux populations mais aussi vis-à-vis de la Cocof.

    Par contre je souhaiterais attirer l'attention sur la collaboration qui s'incarne, désormais, de manière structurelle dans les rencontres périodiques des gouvernements francophones : celui de la Wallonie, celui de la Communauté française et celui des Bruxellois francophones (collège de la Cocof). Celle du 21 janvier dernier, par exemple, a approuvé la liste des thèmes nécessitant une collaboration ou une communication particulière avec Bruxelles. Pour les compétences de la Cocof mais aussi pour celles relevant de la Région de Bruxelles capitale. La volonté est donc bien de tendre vers une collaboration maximale qui dépasse les limites qu'impose parfois le facteur linguistique. Des thèmes essentiels sont couverts et ils doivent vous parler :
    - l'adéquation emploi-formation-enseignement;
    - les défis liés à l'essor démographique en matière de petite enfance, d'enseignement, de jeunesse et de sport;
    - l'action sociale et la santé;
    - les personnes handicapées;
    - la culture;
    - la recherche et développement;
    - la Gouvernance;
    - le tourisme;
    - et les relations internationales.


    Dans tous ces domaines, nous avons identifié les collaborations mutuellement profitables, en cours ou qui pourraient être développées.

    Pour illustrer cette réponse, je mettrai deux thèmes en avant que je trouve particulièrement évocateurs :
    D'une part, le renforcement des synergies dans le cadre des pôles de compétitivité et, de l'autre, la thématique des bassins de vie et des pôles de formation.



    Concernant les pôles de compétitivité.

    Nous avons décidé de prendre toute disposition nécessaire pour permettre la participation effective des entreprises et autres opérateurs bruxellois, aux projets labélisés dans le cadre des pôles de compétitivité wallons. Ce qui implique, pour les deux Gouvernements régionaux, de procéder aux adaptations réglementaires éventuellement requises. Et ce, avec pour échéance précise le 30 avril 2010, date de clôture du 6ème appel à projet, auquel les entreprises bruxelloises ont été admises à participer. Dans cet esprit, nous avons mis en place un groupe de travail réunissant les pôles et les administrations concernées des deux Régions, justement pour systématiser les concertations. Avec, notamment, pour mission d'étudier la question de la portabilité des aides afin d'éviter les délocalisations purement opportunistes. Mais aussi de définir la manière dont les universités et les entreprises des deux Régions pourraient être associées à la mise en place des plates-formes stratégiques de la Région bruxelloise.

    Dans ce domaine essentiel des pôles, nous avançons donc résolument, avec les premiers résultats à la clef et encore bien des perspectives concrètes d'amplification de la collaboration.



    Sur les bassins de vie et les pôles de formation.

    Il s'agit de traduire un axe fort de la Déclaration de politique communautaire, largement concerté avec les Régions, visant à renforcer l'efficacité de l'enseignement et de la formation au sens large. Et ce, sur base d'un véritable partenariat local entre les établissements scolaires de tous les niveaux, les opérateurs de formation, les fonds sectoriels des entreprises et les partenaires sociaux.

    L'honorable Membre connaît et je sais qu'il partage la philosophie de cette démarche qui vise à décloisonner les réseaux mais aussi les mondes académique et socio-économique. Mais aussi à assurer entre l'école, les centres de formation et l'emploi, un dialogue permanent au niveau des bassins de vie, d'enseignement et d'emploi.

    C'est un objectif essentiel car il vise, à la fois, à rapprocher une compétence communautaire des réalités régionales. Et à conjuguer une cohérence d'ensemble gage de mobilité et une adéquation aux réalités de terrain, source d'efficacité économique et sociale.

    Cette évolution déterminante - qui valorise les spécificités de chaque Région - nous l'envisageons de manière concertée avec le partenaire bruxellois. C'est encore un signe de maturité de nos rapports qui permettent de rechercher les bénéfices communs en prenant en compte les différences de nos réalités.

    Deux exemples donc, qui pourraient être multipliés, qui montrent que la collaboration - notamment économique - entre la Wallonie et Bruxelles existe, tant au niveau de la volonté que des réalisations concrètes. Et cela, indépendamment de tout contexte de crise, ce qui, selon moi, est très positif. Car les grandes déclarations faites dans l'angoisse des grandes crises, s'oublient souvent avec leur apaisement.

    Et qu'il existe, au contraire, dans le chef du Gouvernement, une volonté durable de collaborer avec nos premiers partenaires, car antérieure aux crispations communautaires et indépendante de celles-ci.

    Tout comme il existe dans le chef du Gouvernement une volonté puissante de pérenniser le redressement à l'œuvre en Wallonie parce que c'est une fin en soi, pour garantir le bien-être des Wallonnes et des Wallons ...

    Et non pas uniquement parce que l'avenir institutionnel est actuellement frappé d'incertitudes.