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Les récents propos de l'Union wallonne des entreprises (UWE)

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 243 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 04/05/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports
    Dans une publication récente de l'Union Wallonne des Entreprises (UWE), un article se terminant avec la question « qui donc a dit qu’il n’y avait pas d’emplois ? » a retenu toute mon attention. En effet, cet article contraste assez fort avec le message des syndicats qui – à mon sens à juste titre – accusent les autorités d'organiser une chasse au chômeur responsabilisant le demandeur d'emploi sur sa situation alors qu’il y a un manque flagrant d’emplois disponibles. Je souhaite donc connaître votre réaction par rapport aux propos de l’UWE.

    En effet, l’argumentaire est le suivant :

    en 2009, 450.000 personnes seraient passées au FOREM;
    seulement 90.000 d’entre elles sont restées dans le statut de demandeur d’emploi;
    donc 360.000 autres ont connu – je cite – « au moins un épisode de mise à l’emploi »;
    et si ces 360.000 ont connu une mise à l’emploi, c’est parce que des entreprises les ont recrutées.

    Permettez-moi de ne pas partager tel quel un raisonnement qui ressemble trop à un raccourci. Et je n’ai confiance qu’aux statistiques que j’ai falsifiées moi-même – pour reprendre des propos d’une personnalité célèbre.

    S’il est vrai que les entreprises créent de l’emploi, il est vrai aussi que – et je le dis sans l’évaluer - de nombreux emplois dans les entreprises disparaissent. Monsieur le Ministre, quel est, en termes de bilan, le solde entre les emplois créés et les emplois perdus ? Assiste-t-on, malgré la crise, à une augmentation du volume d’emplois, comme le suggère implicitement l’UWE ?

    Rappelons, Monsieur le Ministre, que l’UWE décrit l’intérim comme le véritable baromètre de l’emploi. Dès que l’économie reprend, le secteur intérim commence à recruter. Cela ressemble, à mes yeux, à un message cynique. Car la reprise économique se traduit par une multiplication d’emplois précaires ; par une multiplication de travailleurs qu’on peut aujourd’hui embaucher et licencier demain. Entendons-nous bien, un statut intérim est parfois mieux que de ne pas avoir de statut du tout. Mais attention, toute embellie statistique basée sur une multiplication d’emplois précaires n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux parce qu’elle contient déjà en elle-même les germes d’une nouvelle crise sur le marché de l’emploi.

    Monsieur le Ministre, je me permets donc d'insister pour que le Gouvernement wallon soit attentif à cette dimension, afin que la reprise se traduise non pas seulement par un nombre plus important d’emplois précaires mais par de vrais emplois donnant de vraies perspectives aux travailleurs.

    Par ailleurs, en ce qui concerne la création d’emplois, l’article cite une série d’exemples. Et en y regardant de plus près, l'on s’aperçoit qu’il s’agit essentiellement d’entreprises de service (banques, assurances ou autres) et nettement moins des entreprises de production qui créent de l’activité.

    Aussi, Monsieur le Ministre, puis-je vous demander de nous faire part de vos analyses en la matière ? Sommes-nous en train de réussir la conversion d’une économie plutôt traditionnelle (ayant besoin d’un certain type d’emplois) vers une économie compétitive (avec des profils d’emplois qui y correspondent) ?
  • Réponse du 27/05/2010
    • de ANTOINE André

    La question du manque d'emplois disponibles doit être traitée avec prudence. Les volumes de travail ont considérablement évolué depuis les années 90 ainsi que le niveau de compétence attendu des personnes recrutées (tertiarisation du marché du travail) qui élève la barre des pré-requis pour entrer à l'emploi.

    Enfin, en Wallonie presque un emploi sur deux relève plus ou moins directement du public et donc - en grande partie - d'établissements autres que des entreprises privées, au sens propre.

    450.000 personnes sont « passées par le Forem » en 2009 (entrées et sorties). Le Forem traite 95.000 bénéficiaires en constance.

    On ne peut pas pour autant en déduire que 360.000 bénéficiaires, qui sont entrés ou sortis du Forem, sont à l'emploi.

    L'analyse des flux entrées-sorties fait apparaître qu'en 2009 :

    a) + de 90.000 Demandeurs d'Emploi Indemnisés sont sortis
    52% pour emploi direct,
    12% pour formation,
    36% pour d'autres motifs (maladie, pause carrière, ... ).

    Ces 90.000 demandeurs d'emploi ne se sont pas réinscrits au FOREM et l'on suppose donc qu'à terme, ils ont à leur tour intégré un emploi durable.

    Nous ne disposons en effet pas encore des données ONSS 2009 et ne pouvons donc pas, pour l'instant, vérifier cette hypothèse.


    b) + de 50.000 D.E.I ont connu au moins une sortie du FOREM, mais étaient à nouveau D.E.I. à la fin de l'année.

    Les motifs étaient
    40% pour emploi
    20% pour formation
    40% pour autres motifs


    c) + de 100.000 personnes sont devenues D.E.I. durant l'année et l'étaient toujours à la fin de l'année.


    d) + de 100.000 personnes ont été « en transit », c'est-à-dire qu'elles sont entrées pour chômage et sont ressorties de la demande pour emploi.
    68% pour emploi direct
    11% pour formation
    21% pour « autres» motifs.
    Aucune ne s'est réinscrite et donc l'on peut supposer que toutes ont retrouvé à terme un emploi durable.


    e) Seules, 94 242 personnes sont restées D.E.I. durant toute l'année écoulée.

    La demande d'emploi apparaît, à l'aide de cette nouvelle statistique des flux, plus dynamique que ..... l'image figée présentant la moyenne mensuelle « d'un demandeur d'emploi wallon sur deux, inoccupé depuis plus de deux années ».

    L'étude MIDES montre que chaque mois, et même en période de crise, quelque 20 à 30.000 personnes trouvent un emploi, tant dans des entreprises que dans des établissements publics ou assimilés.




    Disparition des emplois dans les entreprises

    Il est encore trop tôt pour chiffrer précisément les pertes/créations d'emploi liées à la crise. La statistique de l'ONSS relative à l'emploi intérieur n'est pas encore disponible.

    L'analyse réalisée sur ces vingt dernières années (jusque 2007) montre que l'économie wallonne a créé plus de postes de travail qu'elle n'en a perdu.

    Une évolution quant à la nature des emplois relativise toutefois ce constat, car à notre époque, l'emploi est plus intérimaire, plus à temps partiel qu'au lendemain des années 80 ou 90.

    Pour décrire l'évolution de l'emploi en 2009, l'ONSS vient juste de sortir une rapide analyse de « l'emploi résident (l'emploi des travailleurs résidents en Wallonie mais travaillant partout en et hors Belgique) et le non emploi intérieur (l'emploi des non-wallons dans les entreprises wallonnes) ». Cette analyse met en avant le fait que les entreprises ont commencé par diminuer le nombre d'heures prestées, avant de licencier leur personnel ..... et ont massivement déclaré la perte d'emploi à la fin du 4ème trimestre 2009. Enfin, les employeurs ont eu recours massivement au chômage temporaire.

    Selon ces paramètres, il est raisonnable de penser qu'actuellement maximum 10.000 personnes auraient perdu leur emploi. On ne dispose toutefois pas précisément des créations de postes pour l'instant.




    Emploi intérimaire

    Les analystes du marché de l'emploi considèrent habituellement le travail intérimaire comme un baromètre. Depuis fin 2009, l'effondrement de l'indicateur de Federgon est stoppé et des signes de reprise apparaissent.

    Pour les « jeunes travailleurs », l'intérim est une voie d'insertion utile permettant l'acquisition d'expérience, facteur clé d'insertion à l'emploi durable.
    Selon Federgon, le travail intérimaire permet aussi aux personnes plus âgées de retrouver rapidement un emploi; les entreprises utilisant l'intérim comme modalité de recrutement.

    Le marché de l'emploi évolue vers plus de flexibilité et génère donc plus de flux de travailleurs.