/

Le noyau dur du chômage

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 244 (2009-2010) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 04/05/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports
    Selon l'Union wallonne des entreprises (UWE), sur les 450.000 personnes passées au Forem en 2009, 90.000 personnes sont restées dans le statut de demandeur d’emploi.

    Tout d'abord, Monsieur le Ministre confirme-t-il cette information ? Ensuite, comment faut-il interpréter ces propos ? Les 90.000 personnes qui n'ont pas connu « au moins un épisode de mise à l'emploi » doivent-elle être considérées comme faisant partie du noyau dur du chômage ?

    Aussi, quel est, selon Monsieur le Ministre le nombre de personnes qui constituent ce noyau dur du chômage ? Et quel en est leur profil ? Quels sont les obstacles qui détériorent leur employabilité ?

    Je suppose que parmi ceux-ci figurent des éléments hélas classiques, tels que l’âge du demandeur d’emploi, sa santé et sa disponibilité, son niveau de qualification et l’adéquation de celle-ci aux offres d'emploi disponibles etc.

    Si je pose cette question, c’est pour faire un lien avec le secteur de l’économie sociale car j’imagine que certaines de ces personnes auront plus de chances d’être au travail dans un contexte d’économie sociale plutôt que dans les filières classiques.

    Or, c’est précisément la question. Disposons-nous d’emplois en suffisance dans les secteurs de l'économie sociale qui offrent une chance à un maximum de personnes issues de ce noyau dur du chômage ? Combien d’emplois de ce type devrait-on envisager de créer à court, moyen et long terme afin d'atteindre l’objectif de mise au travail de ces personnes ?

    Enfin, l’étude PISA nous informe qu’environ 1 jeune sur 5 a de réelles difficultés en lecture. Et il en est de même pour les mathématiques et les sciences. Et souvent, les difficultés se concentrent chez les mêmes jeunes. Et je crains fort que ce seront ces jeunes qui constitueront le noyau dur du chômage de demain. Aussi, ne devons-nous pas dans notre domaine de compétence, mettre en œuvre des filières de qualification et de formation qui évitent que ces jeunes soient directement menés dans l’impasse et qu’ils y restent pour longtemps ?
  • Réponse du 27/05/2010
    • de ANTOINE André

    L'honorable Membre s'interroge sur le noyau dur du chômage en me posant diverses questions sur le nombre de personnes que cela concerne, leurs profils, les obstacles qu'elles rencontrent.

    Son interrogation trouvera une réponse documentée très bientôt dans une publication du Forem sur le sujet. L'Office a, en effet, pris l'initiative en 2009 d'entamer une vaste étude sur les publics éloignés de l'emploi, qui s'étalera sur plusieurs années. Elle se mène en coopération avec les CSEF et l'IWEPS ; ce qui est à mon sens la voie à suivre qui permet de mutualiser les moyens et expertise dans une logique de bonne gouvernance.

    Je puis évidemment déjà dire que le nombre de demandeurs d'emploi qui sont enlisés dans le chômage de longue durée est de quasi 100.000 personnes si l'on prend le critère d'être au chômage depuis plus de 2 ans. Une majorité d'entre elles sont des personnes peu qualifiées.

    Je peux également présenter les enseignements majeurs retirés de la phase exploratoire de l'étude qui a eu lieu en 2009 et qui a surtout impliqué les opérateurs par une approche qualitative :

    - l'éloignement de l'emploi est défini par une multiplicité de caractéristiques qui dépassent les critères habituellement utilisés tels la durée d'inoccupation ou le dernier diplôme obtenu. Pour expliquer la tension qui peut exister entre ces opportunités et le profil des personnes, les opérateurs mettent en avant une série de freins tantôt liés à la personne (parcours de vie, compétences et habilités sociales, mobilité, etc.), tantôt liés au poste de travail ou à l'entreprise (conditions du travail, stigmatisation du public). Dès lors, les opérateurs mettent en place des actions telles le coaching personnalisé, la formation, ou le stage pour lever ces obstacles;

    - des opportunités pour les personnes éloignées de l'emploi existent bel et bien.
    Une première liste de métiers cités comme accessibles pour le public éloigné de l'emploi a pu être esquissée. Le concept de « métier » semble donc avoir du sens tant pour définir les opportunités d'emploi que les projets professionnels des personnes. D'où notamment l'importance d'avoir un vocabulaire partagé autour dans cette notion, ce qui constitue un des objectifs du SFMQ;

    - enfin, il s'avère que les canaux et méthodes de détection des opportunités d'emploi sont multiples. Parfois en aval du processus d'insertion, dans ce cas souvent sur base du profil du candidat et/ou en réponse à ses besoins; tantôt en amont, où la détection vise alors à répondre aux besoins du marché, quitte à le faire émerger s'il n'est pas visible a priori (par un travail de réseaux, des contacts personnels, ... ).


    L'honorable Membre souhaite également faire le lien entre ce public et l'économie sociale. Au regard des éléments cités ci-dessus, j'attire son attention sur le fait que ce secteur n'est pas du tout le seul à pouvoir offrir des opportunités aux demandeurs d'emploi éloignés du marché du travail. Il faut savoir par ailleurs que les décrets relatifs à l'agrément et au subventionnement des Entreprises d'insertion et des lDESS prévoient la signature d'une convention avec le Forem dont un des élément est la transmission au FOREM des postes accessibles en son sein pour des personnes moins qualifiées, qu'il s'agisse d'offres de stage ou d'offres d'emploi à durée déterminée ou indéterminée, mais aussi un suivi des formations ainsi qu'un soutien vers l'emploi.

    Enfin, pour ce qui concerne les jeunes qui sont en rupture scolaire ou qui n'ont pas acquis les compétences de base, nous finançons des actions d'alphabétisation et de formation pré-qualifiante et qu'une convention lie la Région, le Forem et les CPAS dont une des finalités est d'insérer les jeunes peu qualifiés dans des emplois durables. Par ailleurs, le Plan Marshall 2.vert finance l'action « Emploi des jeunes dans les villes wallonnes, au départ des quartiers en difficultés », qui concerne 22 quartiers et 440 bénéficiaires chaque année. Il s'agit de rassembler les opérateurs et acteurs présents dans le « quartier » afin de « doper » l'emploi des moins de 25 ans, démobilisés, habitant des villes caractérisées par un taux d'inactivité élevé et souvent concentrés dans des quartiers précarisés.

    Pour compléter le tableau, je ne peux passer sous silence le projet En-Train Jeunes, qui met en place un nouveau dispositif de transition professionnelle permettant de passer au plus vite d'une scolarité non achevée vers l'emploi via un système d'alternance entre des périodes d'intérim et d'ajustements formatifs si nécessaire et qui est un exemple de collaboration entre le secteur public et le secteur privé.