/

La capacité du réseau d'absorber l'électricité produite au départ du photovoltaïque

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 365 (2009-2010) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/05/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    S’il est vrai que le soutien au photovoltaïque au résidentiel répond à une volonté des autorités publiques de permettre à une série d’installateurs et de producteurs de se lancer dans cette philosophie, de constituer une certaine expertise et de développer un produit à maturité, donc de développer une vraie filière économique, il me semble tout aussi vrai que le pas à franchir vers le secteur des entreprises doit être fait maintenant.

    En tant qu’autorité publique, nous avons le devoir d’œuvrer dans le sens aussi bien d’une simplification des démarches (procédures de permis, conditions d’octroi de certificats verts) que d’un investissement dans ce qu’on appelle le réseau intelligent, capable d’accueillir l’électricité produite au départ d’installations autrement dimensionnées que les installations résidentielles.

    C’est d’autant plus urgent de procéder de cette sorte dans l’équipement des ZAE qu’on y trouve une concentration d’entreprises qui peuvent être intéressées par cette technologie, soit chacune toute seule ou mieux encore en coopération avec les voisins immédiats.

    Quelles sont les réflexions et les projets de Monsieur le Ministre en la matière ? La Région wallonne va-t-elle se préoccuper de la capacité du réseau d’absorber l’électricité ainsi produite ? De préférence dans le cadre d’une consommation immédiate au sein d’une même ZAE ?
  • Réponse du 01/06/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Même s'il est vrai qu'une très grosse partie des installations photovoltaïques a été réalisée chez des particuliers, les entreprises wallonnes ont également accès à des aides à l'investissement, à des avantages fiscaux et aux certificats verts pour l'installation de systèmes de production d'électricité solaire.

    L'honorable Membre a raison d'évoquer le tournant dans lequel la Wallonie se situe actuellement. Mais il n'y a pas que le photovoltaïque qui se situe à un tournant; c'est l'ensemble de la filière renouvelable qui est dans ce cas, depuis la directive de 2009 sur la promotion des sources renouvelables dans la consommation finale d'énergie par laquelle la Belgique s'est engagée à augmenter drastiquement sa production d'énergies renouvelables.

    Il est vrai que les installations solaires de plus grande capacité, permettant de fournir une partie de l'électricité à usage industriel, constituent une belle technologie dont il s'agit de suivre attentivement les évolutions. Dans un souci de développer une expertise locale qui sera capable, à l'avenir, de répondre à la demande croissante tant en terme du nombre d'installations que de leurs tailles, il est important de ne pas brûler les étapes. Avant d'éventuellement s'engager dans cette voie en Région wallonne, il s'agit de considérer si elle constitue la solution la plus adaptée à notre territoire, si elle peut être portée par le tissu industriel wallon (par exemple à travers le 6ème pôle de compétitivité) et enfin si le rapport coût-efficacité de ce type de centrales est raisonnable par rapport aux autres filières renouvelables.

    En matière de certificats verts, une évaluation du système actuel est en cours afin d'en améliorer l'efficacité et l'équité. Une étude, menée par l'ICEDD, vient d'être lancée afin de dégager des recommandations qui concerneront l'ensemble des filières d'électricité verte. Le photovoltaïque fera partie de cette évaluation, et l'évolution éventuelle vers un régime mieux adapté aux installations de plus grande capacité sera envisagée.

    Concernant la problématique des zones d'activité économique (ZAE), le réseau électrique actuel peut accepter des installations photovoltaïques de plus grandes tailles, comme cela se fait déjà en matière d'éolien. Mais comme je l'ai précédemment précisé dans la réponse à une question de l'honorable membre, il faut prévoir dès à présent des cas plus problématiques qui pourraient se présenter à l'avenir. Au même titre qu'un quartier à forte implantation d'installations photovoltaïques, une ZAE où tous les systèmes injecteraient en même temps en été pourrait potentiellement engendrer une situation problématique. En effet, les conditions seraient propices à une surtension majeure pouvant conduire à un risque de dommage à tous les appareillages tant pour le producteur concerné que pour les autres utilisateurs du réseau.

    Pour encadrer cette problématique, il existe déjà divers dispositifs légaux comme l'article 235.01.d) du RGIE (Règlement Général sur les installations électriques), les prescriptions du règlement technique de distribution réglementant la production décentralisée ou encore la norme EN 50160 définissant la qualité de la tension qui est imposée aux gestionnaires de réseau.

    Il est également important de rappeler que le gestionnaire du réseau de transport et les GRD ont pour mission prioritaire d'adapter leurs réseaux et que tout producteur ayant des problèmes peut donc interpeller son GRD afin que celui-ci procède aux travaux nécessaires. Le processus d'évolution du réseau électrique aux sources décentralisées s'engage ainsi peu à peu sous la pression des contraintes techniques et de sécurité.

    En vue d'accompagner au mieux cette évolution et l'intégration croissante mais soutenable des énergies renouvelables au réseau électrique, les missions des gestionnaires des réseaux de transport et de distribution et les différentes normes et prescriptions réglementant la production sont actuellement en cours d'étude ou de révision.

    Les enjeux énergétiques des ZAE seront d'ailleurs abordés lors de la journée d'étude du 10 Juin: « Zoning durable énergétiquement » organisée par ICEDD et Econotec pour le compte du Service Public de Wallonie.

    Notons enfin le plan Marshall 2.vert, action V.5.a. « renforcer la recherche verte », opération « Adopter un programme de recherche en matière de technologies intelligentes pour la gestion du réseau électrique et développer la maîtrise de ces technologies par les gestionnaires de réseaux », qui est dotée d'un budget de 6.800.000 euros sur la législature. Ce programme permettra de s'orienter vers un réseau électrique intelligent.